BCM: Une vente pas comme les autres…

La Bacim Bank connue pour ses nombreux déboires de gestion calamiteuse continue de susciter de nombreuses interrogations et pour cause ! Près de trois années après sa vente par la BCM, vente contestée par l’ancien PDG, Ahmed Ould Mogueyya, la banque est toujours en difficulté.

Et pour ajouter au flou artistique qui continue d’entourer la cession de la Bacim, un actionnaire resté sur les carreaux dans des conditions à élucider, le suisse Global Invest, chercherait aujourd’hui à récupérer ou retirer sa prise de participation du capital social de cette institution au parcours rocambolesque

Une évolution tumultueuse
Douze directeurs généraux, deux mises sous tutelle publique, après 13 années d’existence, la situation financière de la Bacim-Bank n’est toujours pas enviable. L’exploitation de l’établissement relève aujourd’hui de la gageure. La Banque traverse, en effet, d’énormes difficultés que les différentes parties se rejettent les unes sur les autres. Et pour en rajouter, l’affaire liée à la cession par la BCM à des fonds américains est portée devant les juridictions commerciales des tribunaux mauritaniens par l’ancien PDG qui continue à souhaiter récupérer sa banque. Preuve que la confiance ne règne plus dans cet établissement, vivant au gré des changements de directoires aussi inefficaces les uns que les autres.

Une banque tirelire?
Son baptême de feu inauguré en 2001 a vite laissé place à l’incertitude et l’aventurisme managérial. Des réalités qui ont emmené très tôt sa tutelle, la Banque centrale de Mauritanie, à la mettre successivement sous administration en 2004 et en 2007. Mais ce remède avait peu d’effet sur la santé de l’entreprise et sur un hypothétique assainissement de ses comptes pour diverses raisons dont en premier l’incurie des fonctionnaires chargés d’avoir l’œil sur son fonctionnement au sein de la Banque Centrale.
Au mois de février 2006, l’homme d’affaires Ahmed Ould Mogueya annonce dans un communiqué de presse avoir acheté 85% du capital social de la Banque détenus par les principaux actionnaires, à savoir Mohamed Mahmoud Ould Deih (52%) et Hamada Ould Derwich (33%). L’espoir suscité par cette reprise sera de courte durée. Un an après l’annonce du rachat par Ould Mogueya de 85% de l’établissement, les signes de banqueroute dictent à Zein Ould Zeidane, ancien gouverneur de la BCM, de mettre la banque sous tutelle mais il quittera ses fonctions sans avoir le temps de le faire, mais sans arrêter pour autant les frais pour la communauté des déposants comme le stipule la réglementation de la BCM. Il lèguera ce lourd fardeau à son successeur Ousmane Kane qui, un moment, tergiverse à administrer la banque avant de céder à la pression et continuer à soutenir en réalité une dégradation en boule de neige de la situation financière de Bacim
Il accorda sans hésitation une pension de près d’un milliards d’ouguiyas au PDG de l’époque, Ahmed Ould Mogueya.. Mais la situation de l’institution ne s’en trouvera pas mieux pour autant. Et au gré de sa gestion calamiteuse, la banque se retrouva, une fois de plus, rapidement en cessation de paiement. Usant de son carnet d’adresses tissées au travers de ses relations internationales, le gouverneur de la BCM, Kane Ousmane, n’eut pas trop de peine à dénicher un acquéreur en la personne de l’investisseur américain ECP qui signe un contrat deal au mois de mars 2008.

Avec quel argent ?
Mais l’homme d’affaires, Ahmed Ould Mogueya, conteste lui la vente au prétexte que la vente était illégale et qu’elle portait un lourd préjudice à ses intérêts. Les choses ne tournent donc pas comme prévu pour la BCM d’autant qu’ une ordonnance de la Cour Suprême en date du mois de mai 2010 interdit à l’acheteur ECP d’augmenter le capital social ou de changer le nom de la Bacimbank.. Cet arrêt de la Cour Suprême, obtenu sur requête de M. Ahmed Ould Mogueyya appuyé par le très influent avocat et sénateur Maître Yahya Ould Abdel Kahar, continue encore de peser lourdement sur la suite des événements car à ce jour, c’est le flou artistique. De fait la vente au profit des américains se trouve aujourd’hui invalidée alors qu’ils ont payé le prix demandé pour 85% des actions et ont injecté, dans cette dynamique de reprise, un peu plus de 6 milliards d’ouguiyas selon les informations que nous détenons.
Conséquemment, la BCM se trouve déboutée par la justice par rapport à la cession des actions au profit de ECP et risque d’assumer les lourdes conséquences de cette affaire, soit au profit de Mogueyya , soit au profit des américains, soit au profit des deux.

Une banque qui n’appartient à personne ?
Cette affaire devient encore plus rocambolesque avec l’apparition d’un autre larron, Global Invest qui tenterait ces jours-ci à travers les tribunaux mauritaniens de récupérer ses actions auprès de l’ancien PDG Ould Mogueyya ou auprès de la BCM. Une prise d’action d’un million de dollars correspondant à près de 30.000 actions qui ne figureraient pas dans le registre officiel des actionnaires détenu par la Banque Centrale et directement acquises auprès de l’ancien PDG, Mohamed Mahmoud Ould Deih (voir facsimilé du swift). A quelle conséquence prête cette nouvelle tournure?
La BCM se trouve en effet incapable de confirmer sa vente réalisée en 2008 dans des conditions à élucider dans l’intérêt de l’état et en même temps la Bacim aujourd’hui se retrouve dériver sans véritable actionnaire et sans véritable tutelle. Jusqu’à quand ?
Wait and see.
Nous reviendrons plus en détails sur cette affaire qui déchaine des passions

Jedna DEIDA

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 28/09/2011

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