C’était un Ould et c’était sous le régime de Sidioca. Il m’a fallu du temps pour retrouver son nom car les articles qui en parlent sur le net ne disent souvent que « un jeune ». Est-il mort pour rien ? A l’époque, ces manifestations contre la faim surtout le prix du pain avaient touché Néma, Kiffa, Timbédra, Djiguenny, Kobeiny, Kankossa, Rosso, Ayoun et même Nouakchott. Pas de crise identitaire, l’opposition avait appelé à l’apaisement puis le pouvoir avait pris un certain nombre de mesures dont le fameux plan spécial d’intervention qui eut le succès politique que l’on sait…
Hier, c’est un autre jeune de 19 ans, là encore, mais un négro-mauritanien cette fois, qui meurt tué par balle lors de manifestations à caractère ethnique contre l’enrôlement. A part l’UPR et quelques petits partis cartables, l’ensemble des grands partis de l’opposition et de la majorité en appelle à l’arrêt de l’enrôlement afin de repartir d’un meilleur pied.
Cette fois, le ministre de l’intérieur intervient non pas pour calmer les tensions mais pour menacer quiconque voudrait troubler l’ordre public, le tout en annonçant que l’enrôlement continuera comme pour dire « malgré le mort ». Fin de la récréation funèbre, circulez, il n’y a plus rien à voir. Notre Lamine Mangane est-il mort pour rien ? Sa vie perdue n’aura pas même inspiré au ministre de l’intérieur de respecter le deuil pour dire plus tard que l’enrôlement allait continuer tel quel. Ce n’est pas délicat du tout.
Sans mort d’homme, un directeur de la sûreté a été limogé ; avec mort d’homme, un ministre lit une déclaration martiale comme pour annoncer la terreur. Quelque chose ne va pas, quelque chose ne va plus surtout que celui qui vient le dire aux négro-mauritaniens est un hartani, le symbole est fort, la menace est lourde de souvenirs…
Certains se sont félicités de voir enfin le ministre taper du poing sur la table car il y a eu des dégâts, une vraie pagaille dont la mort du jeune n’est qu’un dégât collatéral. Toujours un excès de zèle après un excès d’indifférence.
Je suis un Ould fier de l’être, tellement que j’en veux à Taya de nous avoir retiré le Ould de nos cartes d’identité même si le Ould demeure sur nos passeports mais je peux dire qu’apparemment être négro-mauritanien sur trab-el-beidane c’est quasiment n’être pas mauritanien à part entière. Je le regrette fraternellement comme je regrette que lorsqu’on rappelle ainsi, aux nègres, qui sont les maîtres chez eux, certains intellectuels maures de mes amis s’en félicitent.
Quel plaisir prennent-ils à cela ? Face à eux, tout Ould que je suis, je les sens comme étrangers à ma mauritanité…
La Mauritanie est un pays raciste de racistes. Les noirs n’aiment pas les blancs et les blancs n’aiment pas les noirs car on les a montés les uns contre les autres. Pourtant, quand on va à la plage des pêcheurs le vendredi, on voit le peuple, noirs , blancs, nègres, harratines, maures, mauresques sur la même plage mélangés car le peuple c’est eux, le peuple pauvre, le peuple dominé, le peuple pillé. Les racistes, ces responsables sont et les ânes et leurs maîtres…
A.O.S.A
Source : Noor Info le 28/09/2011
Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com