Pouvoir : Un changement de gouvernement pour sauver le dialogue ?

 » L’échec du dialogue en cours est la pire des perspectives que les deux parties en discussion puissent envisager « . C’est l’avis de nombre d’observateurs qui pensent que le dialogue engagé aujourd’hui par le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz avec quatre partis d’opposition (APP, Al Wiam, Hamam, Sawab) a peu de chance de réussir.

En dehors même de l’absence de 10 formations politiques d’opposition, dont certaines peuvent compter dans le règlement de la crise en Mauritanie, il y a que les sujets débattus au Palais des Congrès depuis plusieurs jours ne font pas l’unanimité.

Des changements en profondeur pour ramener l’espoir et relancer la vie politique, voire économique du pays ? Certainement… Ce qui est sûr, pour l’instant, c’est la nécessité pour les deux parties engagées dans ce que ‘“l’on appelle “le dialogue national” de tomber d’accord sur les moyens et la date d’organisation des élections municipales et législatives. Une telle obligation fait dire à certains que, même en cas d’échec total ou partiel du dialogue en cours, le pouvoir a toujours la possibilité de trouver une sorte de consensus par la nomination d’un nouveau gouvernement dans lequel les formations politiques qui ont pris part au dialogue seront représentées. Un peu à l’image de ce qui a été pensé à la suite de l’Accord de Dakar, en juin 2009, et qui a permis l’organisation de l’élection présidentielle de juillet et la Sacre du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce que l’accord  » imparfait «  de Dakar a permis en 2009, comme sortie de crise, peut aussi être obtenu par la même manœuvre pour tirer le pouvoir du bourbier dans lequel il se trouve aujourd’hui. Ce n’est nullement la crise politique qui constitue la grande menace pour le président Aziz, mais bien les problèmes économiques et sociaux face auxquels le gouvernement du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf – qui a réussi à trois fois à sauver sa tête – a montré ses limites. La constitution d’un gouvernement comprenant les partis d’opposition qui ont pris part au dialogue peut aussi être perçue comme la bonne réponse à donner à deux impératifs majeurs : être suffisamment bien outillé (politiquement parlant) pour mener à bien ce scrutin d’importance et répondre à une demande de l’opposition dont une partie pourrait bien se lancer dans la course, à condition toutefois qu’on lui donne le temps de se préparer. On éloignerait aussi le spectre de la crainte qu’une élection sans au moins deux ou trois partis de la COD ne renvoie l’image des scrutins de l’époque Taya. Surtout que le rapport des forces actuel ne présente pas de risques majeurs pour la majorité, à cause d’une multiplication des candidatures indépendantes. Et d’aucuns d’évoquer, à ce sujet, une première alerte avec le report du renouvellement partiel du tiers du Sénat qui, selon plusieurs observateurs de la scène politique mauritanienne, allait se solder par un fiasco politique pour l’Union pour la République (UPR) dont les concurrents les plus sérieux se trouvaient être les  » indépendants «  issus de ses côtes !

La méthode du fusible

Concernant le remaniement en perspective, l’on pense que, outre la nécessité d’impliquer une partie de l’opposition dans la gestion d’un scrutin à enjeux majeurs, il sera surtout destiné à aligner une nouvelle équipe qui ne pourra pas être rendue responsable, à la veille des élections, des mauvaises performances du gouvernement. Le changement répondrait donc à la vieille tactique du fusible qui saute et n’aurait rien à voir avec les rééquilibrages opérés jusque-là par Ould Abdel Aziz et qui ne visaient, à chaque fois, qu’à donner l’impression de prendre en compte le jugement de la rue. Maintenant, notent ceux qui parlent de remaniement après le dialogue, Ould Abdel Aziz doit éviter toute réadaptation qui ne correspondrait pas, véritablement, à la volonté de concilier l’action du gouvernement au discours du président.

Encore faudrait-il que la nouvelle équipe puisse répondre aux critères de sélectivité liée uniquement aux prédispositions de performance pour éviter que revienne la question souvent posée lors des précédentes retouches : Les ministres  » sortis  » étaient-ils réellement les moins performants du gouvernement Laghdaf I et II ou avaient-ils seulement joué de malchance ? Difficile de répondre à une telle question puisque, de toutes les façons, rien ne permet aujourd’hui de dire réellement pourquoi certains ministres restent indéfiniment à leur poste – s’il n’y a pas de changement de PM – alors que d’autres ont compris, trop tard, qu’ils étaient assis sur des sièges éjectables ? Toujours est-il qu’aujourd’hui le gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf est perçu, de plus en plus, comme un véritable boulet au pied du président Aziz. Avoir ordonné aux ministres de profiter de leurs  » vacances d’hivernage «  pour aller rencontrer les populations de l’intérieur ne change rien à la chose.

Paradoxalement, les critiques dont on accable l’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir, qui essaie de reprendre la main, après avoir été  » marginalisé «  sur la question du dialogue par les rencontres entre Aziz et Messaoud, puis par la désignation du ministre d’Etat Ahmed Ould Bahiya comme représentant du Raïs et co-président avec Boidiel Ould Houmeid, doivent aller plutôt au  » gouvernement par défaut «  dont l’action, sur près de deux ans manque de visibilité.

Sneiba Mohamed

Source  :  L’Authentique le 27/09/2011

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