Manifestations dans le Gorgol: Calme précaire, tension palpable

La moitié des quarante détenus incarcérés depuis samedi à Kaédi ont été libérés mardi soir. Et Lamine Mangane a été enterré ce mercredi 28 septembre. Au lendemain des tragiques évènements de Maghama et Kaédi, un calme précaire semble s’être installé dans le Gorgol, mais une certaine tension «reste palpable» selon les élus locaux.

Au lendemain du décès de Lamine Mangane, et de la libération de vingt manifestants, le calme est revenu à Maghama et Kaédi, dans le Gorgol. «Les autorités ont promis de libérer les vingt manifestants détenus restant si le calme règne dans la journée d’aujourd’hui» explique Moussa Sow, dit Tchombé, maire de la commune de Kaédi.
«On espère vraiment que les autorités tiendront leur parole de libérer le reste des détenus aujourd’hui. Il ne tient qu’à eux d’envenimer ou pas la situation.» murmure d’une voix fatiguée, au téléphone, Mamoudou Coumba Ali, jeune manifestant de Kaédi.

À Maghama, le temps est au deuil avec l’enterrement du jeune Mangane. Même si des heurts «légers» selon l’adjoint au maire de la ville, Abdoul Dia, ont eu lieu entre les manifestants qui ouvraient le cortège funèbre et des forces policières, «indésirables sur le trajet du cimetière». et qu’une maison a été incendiée, par on ne sait qui encore, à l’heure où ces lignes sont écrites.

«Dans l’ensemble, la situation est relativement apaisée ce mercredi. On est descendu hier soir avec le député de la zone. Le hakem nous a entendus et a convoqué les imams, deux représentants de la famille de Lamine Mangane, des notables, des représentants politiques, de la société civile. Au total nous étions bien une quarantaine pour débattre de la situation et tenter coûte que coûte d’apaiser la situation» témoigne Alhusseinou Moussa Wade, maire de Maghama, qui espère notamment sensibiliser sur la nécessité de décrisper les cœurs avec l’aide des imams.

Mais il ne dédouane pas les forces de l’ordre, qui ont un «rôle de maintien de l’ordre». «Nous avons mis en garde la gendarmerie, qui a commis des bavures. Cette forme de violence ne doit pas venir du côté des forces de maintien de l’ordre. J’ai été choqué de lire sur les ordres d’évacuation des six blessés la cause des blessures: «balles réelles». » raconte le maire.
«Ça aurait pu être bien pire. On doit tous prendre conscience de cela au moment de discuter de tout cela, pour trouver une issue durable à la crise liée au recensement» soupire-t-il.

Tension palpable

A l’annonce d’un discours officiel dans la soirée du mardi, suite aux événements du discours, certains élus locaux du Gorgol, et des militants du mouvement «touches pas à ma nationalité» ont été «déçus d’entendre un discours qui flirte avec la provocation» du ministre de l’intérieur Mohamed Ould Boilil, «chien de garde du président Aziz» selon un jeune militant du collectif.

«Ils n’ont pas suivi les épisodes des printemps arabes… la violence appelle la violence, pourtant nous ne désirons que parler et réparer ce que nous considérons une injustice.» réagit le coordinateur national du collectif contre le recensement, Abdoulaye Birane Wane.

C’est fort de ce constat du déclic des autorités qui n’a pas eu lieu, que l’AJD/MR d’Ibrahim Sarr a décidé de geler ses activités au sein du mouvement de la majorité présidentielle.
«Devant la tournure des événements et le discours va-t-en-guerre du Ministre de l’intérieur qui persiste dans la voie de la répression éloignant du dialogue avec les manifestants, l’AJD/MR gèle à compter de ce jour ses activités au sein de la CPM, nous dressons un bilan positif de notre participation à la majorité qui de l’avis même de certains partenaires est un épisode de progrès et de respect de tous les acteurs politiques; l’AJD/MR exige le jugement rapide et la condamnation sévère des auteurs de tirs contre les manifestants ainsi que leurs donneurs d’ordre ainsi que la libération des jeunes emprisonnés» affirme le parti dans une déclaration remise à la presse.

«Ce jour 27 septembre 2011 à Maghama, l’irréparable a été commis : le jeune Lamine Mangane est tué par les balles des forces de l’ordre venues réprimer la manifestation organisée pour protester contre l’enrôlement. En effet, en restant sourd à toutes les protestations et revendications des populations exigeant que cette opération soit arrêtée pour être repensée dans de meilleures conditions, le gouvernement a laissé la violence occuper le terrain et se généraliser» continue la déclaration.

Des manifestations sont prévues ce jeudi 29 septembre à Nouakchott, au moins.

Mamoudou Lamine Kane

Source  :  Noor Info le 28/09/2011

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