Editorial du Calame : Droit de veto

Le droit de veto, ça en a des formes. Par exemple, comment ouvrir les médias, en Mauritanie, en exerçant un droit de veto tout à fait contraire à l’esprit de démocratisation à tout-crin qu’on prétend promouvoir?

Réponse : en glissant, dans le texte de loi ordonnant cette ouverture, un montant exorbitant pour obtenir une licence d’exploitation: dix millions d’ouguiyas, pour une simple radio! Les professionnels de la presse libre attendaient, depuis vingt ans, une ouverture des médias qui place, enfin, notre pays au même rang que les pays de la sous-région. Dans les colloques, nos voisins se gaussaient gentiment: «alors, la Mauritanie, toujours à la traîne? Au moins, vous vous distinguez des autres…» Dix millions d’ouguiyas. Autant dire: les pros de la presse libre, dehors du marché! Ou, alors, passez par les fourches caudines de nos forces d’argent, banquiers, hommes d’affaires et consorts! Si, si, je suis sûr qu’ils vont aimer ce genre de mécénat!
Par quel tour de passe-passe, Obama, notre défenseur afro-européen américanisé des droits de l’Homme, va-t-il, lui, justifier de son droit de veto, au conseil de sécurité des Nations-Unies, pour contrer la saisine de Mahmoud Abbas, pour la fondation, enfin, de l’Etat de Palestine, condition inséparable de celle de l’Etat d’Israël, lors de la résolution 181 du 29 novembre 1947? Soixante-cinq ans que cette résolution est piétinée, et que la comédie perdure, avec la seule fondation de la Sionie, caricature de ce que devrait être un Etat juif. Soixante-cinq ans que les Sionistes bafouent toutes les résolutions des Nations-Unies, guerroyant ici, invoquant, là, des feuilles de route, des plans de paix, des accords d’Oslo ou de Madrid, appuyés par des quintettes, des quartettes, et autres trompettes à musique variable, mais colonisant, toujours, à tout-va. Les négociations sont rompues, les «gens des territoires» n’ont pas accepté nos conditions préalables. Hé, Palestiniens, reprenez les négociations, sans poser, vous, de conditions! Seulement, voilà: en usant de son droit de veto pour la défense d’une situation inacceptable, Obama rejoint la triste cohorte des marionnettes des droits de l’Homme et des peuples, révélant les grosses ficelles qui l’animent; au même niveau qu’un ex-général subsaharien, moins président des pauvres, on s’en doutait déjà, que pantin des forces d’argent…

Ahmed ould Cheikh

Source  :  lecalame.info le 27/09/2011

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