Si dans toutes ces villes, la répression policière a encore été à l’œuvre, les autorités semblent tout de même disposées à un début de dialogue.
Un début de dialogue?- Une vingtaine de personnes arrêtées à Kaédi, et quelques blessés graves. C’est le bilan en fin de matinée de la première manifestation de la journée en Mauritanie, du collectif contre le recensement. «Il y avait non seulement la police, mais cette fois-ci même des éléments de la garde» rapporte par téléphone, joint à Kaédi, Bakary Bathily, un jeune manifestant. Les manifestants ont répliqué par des jets de pierres face au coups de matraque et au gaz lacrymogène. C’est la seule ville où des échauffourées ont été notées.
A Rosso, la manifestation a été bien plus calme. «Il y a eu des intimidations, mais on a pu manifester une petite heure avant d’être dispersés par la police» rapporte Abdourahmane Dia, un des organisateurs de la manifestation à Rosso.
Comme il l’a promis il y a un mois, le collectif entend mener hebdomadairement des manifestations jusqu’à «entamer un dialogue réel et sérieux avec l’exécutif sur le recensement» et «revoir l’exécution de ce projet de ségrégation» disait déjà Abdoulaye Birane Wane, président du collectif.
«Nous avons le temps avec nous, et de semaine en semaine, comme vous le voyez, nos rangs grossissent, malgré les répressions violentes et aveugles. C’est un mortier qui renforce notre détermination.» affirme Wane aujourd’hui, en tête de ligne d’une foule de plus de 500 personnes au point de départ de la manifestation à Nouakchott, au comptoir américain.
À Nouakchott, il n’y a pas eu de répression. Le préfet est venu trouver les cadres du collectif pour former une délégation qui sera reçue par le gouverneur de Nouakchott, assisté du directeur de la sûreté nationale. «Nous leur avons bien dit que si la moindre grenade était envoyée, ce serait le signe qu’il n’y a pas à nos yeux de velléités de dialogue» affirme Papis N’Diaye, un des cadres du collectif. À l’issue de cette rencontre, le collectif ne démord pas. «Le problème qu’on soulève est un problème national, et le wali n’a des prérogatives que pour la zone de Nouakchott.» explique Abdoulaye Birane Wane, qui a eu la promesse tout de même que leur lettre de revendications serait remise au ministre de l’intérieur et au président de la République en personne.
Un mouvement qui «fait peur»- Il y a quelques mois, Khadafi traitait les rebelles libyens de «terroristes drogués» face à la révolution interne grondante qui commençait à échapper à toute répression. En Mauritanie, le collectif «touches pas ma nationalité» dénonce le même amalgame selon eux «désespéré» fait par l’appareil répressif de l’état. «Ce mouvement est assimilé à une excroissance pilotée et financée par le Mossad, les services secrets israéliens, si on en croit des sources révélées par le site électronique taqadoumy» explique une des figures de FLAM, Kaaw Touré. (…).
«Ce genre de propagande rappelle tristement l’ère de Taya, et la conception du message sécuritaire produit à l’intérieur d’officines placées sous la férule de quelques gradés chauvins,incultes et déconnectés du monde moderne. Le mouvement de protestation qui s’exprime présentement à travers des marches pacifiques qu’autorise la constitution est bel et bien national et d’inspiration exclusivement domestique. Il vaut mieux l’affronter avec courage et sérénité en recevant ses porte-paroles et en leur offrant les garanties nécessaires pour écarter leurs craintes somme toute légitimes.» réagit Kaaw Touré. «C’est la preuve que le régime répressif a peur» acquiesce un des manifestants de ce jour, à Nouakchott.
Mamoudou Lamine Kane
Source : Noor Info le 24/09/2011
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