Négociations pour un accord de pêche entre la Mauritanie et l’Union européenne

Les pêcheurs mauritaniens s’inquiètent du fait qu’un nouvel accord de pêche passé avec l’Union européenne puisse les priver de leur travail.

Les Mauritaniens travaillant dans le secteur de la pêche demandent qu’un nouvel accord passé avec l’Union européenne (UE) puisse leur offrir de plus grandes opportunités d’emploi.

Des responsables mauritaniens et européens se sont rencontrés à Nouakchott du 13 au 15 septembre afin d’évoquer les détails de cet accord, qui devrait expirer au mois de juin 2012.

« Les deux parties sont parvenues à un ensemble d’accords, notamment en ce qui concerne le débarquement des prises des navires de fonds européens, en plus du pélagique au port de Nouadhibou », a déclaré Cheikh Ould Ahmed, conseiller technique du ministre mauritanien de la Pêche et de l’Economie maritime.

Ould Ahmed a ajouté que « l’accord qui sera conclu permettra un accroissement appréciable du commerce mauritanien à bord des navires européens, ce qui engendrera de nouvelles recettes de devises pour le pays. »

Pour sa part, Alexandro Constantine, président de l’unité de pêche du Marché européen, a indiqué que « les négociateurs des deux pays sont convenus que la partie européenne se chargera de l’amélioration des systèmes de communication maritime et de contrôle. »

« Les divergences de vue sur la définition des positions des navires par le recours à des systèmes technologiques surviennent partout dans le monde. La partie européenne oeuvre à combler les lacunes existantes à travers l’amélioration des systèmes de contrôle », a expliqué Deby Stéphane, directeur-général des accords de pêche sur le Marché européen.

« Aux termes de cet accord, des licences seront attribuées à près de 200 bateaux européens pour pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes », selon l’économiste Sidati Ould Ahmed.

« En contre-partie de ces licences, la partie européenne a versé à la partie mauritanienne respectivement 86 millions d’euros, 76 millions euros et 73 millions d’euros au cours de la première, de la deuxième et de la troisième année de l’accord. Elle doit aussi verser 70 millions d’euros pour la présente année », indique-t-il.

El Hadj Ould Yeslem, employé sur un bateau, déclare que « le problème avec ces accords avec l’Union européenne, c’est qu’ils n’offrent pas assez d’emplois aux marins mauritaniens sur les navires européens opérant dans les eaux nationales. »

« Je ne vois pas à quoi servent tous ces accords. Les Européens envoient des centaines de gros bateaux chez nous pour pêcher, mais malgré tout, le taux de chômage reste très élevé, surtout à Nouadhibou », déplore Moktar Ould Heiba, marin au chômage.

En revanche, le professeur Cheikh Touré affirme que « l’accord de pêche avec l’Europe constitue un grand atout pour la Mauritanie, car il permet de générer des ressources très importantes en devises. Cela permet de soutenir la croissance. »

En novembre dernier, une délégation de parlementaires européens s’était rendue en Mauritanie dans le cadre du renouvellement de cet accord. Ces parlementaires militent pour « un accord de pêche équitable ».

Carmen Fraga Estevez, qui dirigeait cette délégation, avait annoncé que l’objectif des parlementaires était « d’améliorer les conditions des accords de pêche avec la Mauritanie pour les rendre plus équitables ».

A l’occasion d’un discours en séance plénière du parlement européen, Maria Damanaki, la commissaire en charge de la pêche et des affaires maritimes, a souligné que l’UE souhaitait, au travers du prochain accord de pêche avec la Mauritanie, « remédier aux déficiences », précisant que « un nouveau [compte fiduciaire], le CAS… avait été mis en place. L’instauration de ce nouveau compte spécial contribuera de manière substantielle à assurer que l’allocation des fonds ira directement au soutien sectoriel. »

La commissaire a également rappelé que  » les investissements du secteur européen de la pêche seront fait conformément au plan d’action mauritanien, visant notamment à faciliter la création d’entreprises privées européennes et d’entreprises mixtes entre des opérateurs mauritaniens. »

Abordant la question des emplois sur les bateaux européens, Dia Mohamed, opérateur dans le secteur, assure que « cette question est prise en compte par la partie mauritanienne. Et le prochain accord permettra d’embaucher un quota plus élevé de personnel mauritanien ».

Bakari Guèye

Source  :  Magharebia le 22/09/2011

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