Editorial du Calame : A la recherche du temps perdu…

Le dialogue politique entre la majorité et l’opposition, est, désormais, lancé. Depuis samedi dernier, très exactement, au Palais des Congrès, en présence du président de la République qui a même prononcé un discours, pour ajouter à la solennité du moment.

Son speech, prononcé dans un arabe très approximatif, évoquera, pêle-mêle, un tournant important de l’histoire de notre pays; l’opportunité offerte, aux différents partenaires politiques, d’examiner les voies et moyens nécessaires à la promotion de notre vie démocratique; le dialogue constructif, sur notre situation politique; la gouvernance démocratique; les relations nouvelles, fondées sur la confiance réciproque ; le respect des différences, le pluralisme des positions et la diversité des attitudes. De bien jolis mots qui pourraient faire croire, au premier venu, que nous vivons une démocratie en tous points parfaite, qui n’a jamais connu de coup d’Etat contre un président démocratiquement élu et respecte, à la lettre, ce texte fondamental qu’est la Constitution. En réalité, il y a loin, de la coupe aux lèvres. Mais ne boudons pas notre plaisir. Pour une fois que s’assoient, autour d’une table pour discuter, l’opposition, la majorité et le représentant du président – qui se démarque, ainsi et ouvertement, de ses soutiens pour lesquels il n’a, paraît-il, guère d’estime ; et pour cause: ils ont, déjà, soutenu tous ceux qui ont conquis, précédemment, le palais ocre!
La situation exige cette discussion. S’il avait toutes les cartes en main, Ould Abdel Aziz n’aurait jamais transigé. Il serait allé seul aux élections, laissant l’opposition ruminer sa colère. Mais la donne a évolué, depuis l’élection de 2009. Des révolutions ont balayé plusieurs dictatures, dans le monde arabe; la situation interne est loin d’être reluisante; AQMI frappe à nos portes et la France, principal soutien de notre putschiste légitimé, a bien changé, depuis que Guéant s’occupe de l’Intérieur et non plus de l’Extérieur. Dommage que Robert Bourgi, dans ses révélations, se contente de la période Chirac. Acteur de premier plan, dans le changement d’attitude de la France, vis-à-vis du coup d’Etat d’août 2008, il nous dira, peut-être un jour, en échange de quoi ce revirement a été opéré. Il attend, sans doute, que Sarkozy soit éjecté de son fauteuil, en 2012, pour évoquer d’autres valises, pleines à ras bord. Pour en revenir à notre dialogue au rabais, auquel ne participent, réellement, que deux partis, il y a lieu de se demander ce qu’on peut en attendre. Les médias publics changeront-ils, du jour au lendemain, pour devenir, non plus la voix de leur maître, mais des organes permettant à tout le monde de dire ce qu’il pense? Le pouvoir va-t-il multiplier les concessions, pour que des élections les plus transparentes possibles soient organisées? Une CENI véritablement indépendante sera-t-elle mise en place? Une nouvelle loi électorale sera-t-elle promulguée, pour interdire le nomadisme des élus, d’un parti à l’autre?
Si le dialogue aboutit à l’adoption de tous ces points, nous applaudirons, des deux mains, et nous donnerons raison à ceux qui ont brisé les rangs de l’opposition, pour faire bouger les lignes. Dans le cas contraire, on aura encore perdu du temps et déçu des espoirs. Au risque de s’acheminer vers des lendemains incertains. Qui sera, alors, le grand perdant ?

Ahmed ould Cheikh

Source  :  lecalame.info le 20/09/2011

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