En effet, les Mauritaniens encore paresseux pour cultiver leur 100.000 hectares de terres arables ou de développer de bons projets d’élevage domestiques, continuent de manger du poulet importé du Brésil, du riz made in Taïwan, de l’oignon des Pays-Bas, des légumes et fruits du Maroc. L’autosuffisance alimentaire en Mauritanie reste ainsi un vœu pieux qui a encore de longues décennies avant de devenir une réalité.
La Mauritanie continue ainsi d’importer du riz de l’extérieur, face à la qualité peu concurrentielle du riz local et l’incapacité des autorités nationales à investir dans des cultures autres que la culture de rente.Il faut dire que le maraichage qui a connu de belles années en Mauritanie, procurant des subsides non négligeables à plusieurs dizaines de foyers en Mauritanie et alimentant le marché national a été tué par l’effort de guerre que l’Etat mauritanien a mis pour détruire les jardins maraîchers de Nouakchott, convoités par les spéculateurs.
Certes beaucoup d’efforts on été déployés pour développer la riziculture dans la Vallée. Mais habitués aux délicieux riz de Richard Toll au Sénégal, violemment combattu par la douane, et le riz made in Taïwan, les Mauritaniens ont du mal à s’adapter au riz de la Chamama mal finie par les usines du Trarza et du Brakna. Ainsi à l’heure où les Mauritaniens se laissent gagner par les délices du moindre effort, des pays de la sous-région exploitent leur paresse pour faire de leur pays un prolongement de leurs marchés locaux. Le Mali, le Sénégal et le Maroc inondent en effet le marché mauritanien de leurs surplus agricoles et maraîchers, en créant chez eux des emplois et des richesses, alors que la Mauritanie croule sous le poids du chômage (32%) et de la pauvreté.
L’enjeu actuel est l’entrée pressentie de capitaux étrangers dans l’agriculture nationale. On parle ainsi des Saoudiens qui comptent exploiter de grands domaines dans le Sud au détriment des autochtones. Le problème dans ce cadre, est que les investisseurs étrangers ne s’aligneront pas sur les priorités de l’Etat mauritanien. Même l’aide coordonnée au développement, initiée par les partenaires au développement et la communauté internationale à Accra puis à Paris pour accroître l’efficacité de l’aide en s’alignant mieux et s’alignant plus, est jugée aujourd’hui dérisoire et peu efficient.
D’où l’engagement pris par Oxfam pour lancer une campagne dénommée « Cultivons » pour essayer de « s’attaquer à l’insécurité alimentaire dans le monde où toutes les ressources sont de plus en plus limitées ». « L’objectif de cette campagne en Afrique de l’Ouest est « de s’assurer qu’on puisse avoir des politiques agricoles et de sécurité alimentaire qui sont mises en place et que ces politiques ne soient pas seulement discutées et négociées, mais qu’elles soient vraiment mise en œuvre au niveau national ».
Seulement, les efforts pour une autosuffisance alimentaire pourront être compromis par la confiscation des terres agricoles si récurrentes dans la Vallée. Il est en effet prouvé que « si vous investissez dans l’agriculture sans sécuriser les moyens de production, tel l’accès à la terre et à l’eau, il est difficile de produire plus et de réduire l’insécurité alimentaire « . Un autre aspect de la campagne internationale prônée par Oxfam, la mise en place de systèmes de prévention des crises et des mécanismes de réponse et d’alerte. Ainsi, si la population en Afrique de l’Ouest d’une manière générale, et en Mauritanie d’une manière particulière, a du mal à se nourrir au quotidien, ce n’est pas parce que la nourriture fait défaut, mais c’est parce qu’elle est devenue moins accessible et plus chère. Et si la nourriture coûte plus chère, « c’est parce qu’on produit de moins en moins bien ou de moins en moins tout court » selon Eric Hazard, représentant d’Oxfam à Dakar.
JOB
Source : L’Authentique le 14/09/2011
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