Nouvelles d’ailleurs : Nos Oulémas se trompent de combat

Le Pape Benoît XVI aux Journées Mondiales de la Jeunesse en Espagne et voilà le problème des mariages forcés revenus en force sur le devant de la scène.

Rappel de l’histoire : en 2007, une famille originaire de l’Assaba et résidant en Espagne rentre au pays pour des vacances et en profite pour marier leur fille de 14 ans à son cousin de 40 ans.
La jeune mariée porte plainte en Espagne pour mariage forcé et ses parents, ainsi que son mari, sont condamnés à de la prison.
Depuis, c’est une guerre d’usure et d’incompréhension entre l’Espagne, la Mauritanie et la famille.
Nos Oulémas ont même profité de la présence de Benoît XVI en Espagne pour lui adresser, via l’Evêque de Nouakchott, une lettre lui demandant d’intervenir en faveur de la libération du père, de la mère et du mari !
Depuis ce mariage forcé, pas un jour où l’on n’entende des hommes et des femmes nous expliquer d’un ton docte qu’il faut que l’Espagne libère les parents et le mari, que nos « traditions » doivent être prises en compte, que le mariage forcé fait partie de nos « coutumes », qu’il serait bon que nous défendions ce qui, en Europe, est considéré comme un crime et chez nous comme « permis », etc….
C’est au tour de nos Oulémas d’enfourcher le cheval de bataille et de demander l’élargissement des parents de la jeune mariée. Allant jusqu’à manier de façon subtile, comme seuls savent le faire des érudits et des spécialistes de l’argutie, le chantage et la menace sous jacente : « La résolution de ce problème permettra de rapprocher encore davantage chrétiens et musulmans et contribuera au dialogue entre ces religions » (Hamden Ould Tah, président du Club de la Pensée Islamique et du Dialogue des Civilisations, 20 Août 2011).
En quoi un dialogue entre les 2 grandes religions du Livre se verrait-il enrichi par la libération d’hommes et de femme qui ont forcé une petite fille de 14 ans à se marier avec un cousin de 26 ans son aîné?
En quoi défendre le non consentement et sa juste punition devrait-il être une sorte de pont entre les 2 religions?
Et en quoi, un mariage forcé est-il admis?
Car la seule et unique question est bien celle ci : le mariage sans consentement ou mariage forcé est-il permis par l’Islam?
La réponse ne souffre d’aucune contestation : en Islam, le mariage forcé est interdit.
« La vierge ne doit pas être épousée avant d’avoir cherché son consentement. Ils dirent : Oh Messager d’Allah! Quel est son consentement? Il a répondu « Son silence ». »
Ce mariage forcé est aussi interdit dans notre pays depuis le Code du Statut Personnel de 2001 où l’âge minimum du mariage a été porté à 18 ans, où le consentement de la femme à un mariage est devenu obligatoire et où une femme peut poser des conditions à son union.
Alors que viennent faire nos Oulémas dans cette triste affaire de mariage forcé?
La parole religieuse devrait-elle être seule, exclusive, sans partage?
Où étaient ces mêmes Oulémas quand la jeune mariée a porté plainte contre ce mariage forcé ?
Où étaient ces mêmes Oulémas quand, tous les jours dans notre pays, des jeunes filles se voient contraintes à des unions sans que personne ne pipe mot?
J’aurais aimé que ces mêmes défenseurs de notre islam « indigène » (car c’est bien ainsi que je comprends la lettre des Oulémas : la défense d’une sorte de « spécificité religieuse » toute mauritanienne) se lèvent pour condamner les parents de l’adolescente forcée à partager le lit d’un cousin de 40 ans avec la bénédiction des autorités religieuses et familiales.
En quoi le fait de punir des parents qui, par ignorance et aussi par amour (car ces mariages forcés sont comme l’excision, non seulement des actes abominables, mais des actes perpétrés par amour, quelle ironie!) peut-il être perçu comme intolérable par ces mêmes personnages?
Les parents ont marié leur fille de force. Ont marié leur fille de force à un « vieux » cousin.
Ont jeté une petite fille dans les bras d’un homme mûr sans lui demander si elle était d’accord.
Et un acte sexuel sans consentement (nuit de noce) est un acte de viol.
Alors ça ne me choque pas que les parents et le mari soient en prison en Espagne.
Pour lutter contre cette interprétation biaisée de l’Islam que sont les mariages forcés, il faut des actes forts. Et ces actes doivent passer par la Justice.
Il est malheureux que ce soit la justice d’un pays européen qui fasse appliquer le droit; et le droit de notre pays qui interdit ce genre de pratique plus courante qu’on le pense.
Il est aussi indigne que nos oulémas, si prompts à s’élever quand une femme devient Ministre des Affaires Etrangères, ne se lèvent pas d’une même voix pour dénoncer la pratique et la famille qui forcent une petite fille à épouser un homme dont elle ne veut pas.
Nos Oulémas ont raté tant de coches : l’esclavage, l’excision, l’exclusion sociale (système de castes et autres), la tolérance, les femmes, etc. etc…
Oui, nos oulémas se trompent de combat dans cette affaire! Ils perpétuent, par cet appel à la clémence, la vision pervertie d’un Islam de souffrance et de sang, et non pas d’un Islam qui protège les plus faibles et, en particulier, les femmes. Ils oublient que notre Prophète (PSL), est mort dans les bras d’une femme et a murmuré, dans son agonie : « Protégez les femmes ».
Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  lecalame.info le 06/09/2011{jcomments on}

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