Elle salue les appels du CNT au respect du droit international et espère qu’il veillera davantage à ce que « ses combattants ne maltraitent pas les détenus, en particulier les plus vulnérables d’entre eux ».
Amnesty International craint que « des hommes soupçonnés d’avoir combattu pour Mouammar Kadhafi, en particulier des Libyens noirs et des personnes originaires d’Afrique subsaharienne » ne fassent « l’objet d’abus » aux mains des forces de l’insurrection.
Ces craintes ont été exprimées par AI dans une déclaration datée du 30 août 2011 et publiée sur son site web. Elles sont d’autant plus vives qu’elle a vu des Libyens noirs être pris pour cible dans la capitale libyenne, le 29 août dernier : « Une délégation d’Amnesty International en visite à l’hôpital central de Tripoli a vu trois révolutionnaires (…) traîner un patient noir originaire de la ville de Tawargha (ouest du pays) hors de son lit et l’arrêter. Ces hommes étaient vêtus en civil. (Ils) ont déclaré qu’(il) serait emmené à Misratah pour y être interrogé, ajoutant que les interrogateurs de Tripoli « laissent les tueurs en liberté ».
Les Subsahariens particulièrement exposés
La déclaration d’AI souligne d’autres faits de représailles : deux Libyens noirs recevant des soins à l’hôpital pour des blessures par balles se sont vu prévenir par les rebelles que « leur tour allait venir » et un homme frappé par « un groupe de thuwwar » qui criait : « Je ne suis pas membre de la cinquième colonne » (nom donné par les insurgés aux Libyens fidèles au colonel Kadhafi).
AI rappelle avoir constaté, lors de visites dans des centres de détention à al Zawiya et Tripoli mardi 30 août, que « les personnes originaires d’Afrique subsaharienne » constituent entre un tiers et la moitié des détenus et que « nombre d’entre elles risquent de faire l’objet de représailles du fait des allégations selon lesquelles les forces pro-Kadhafi ont recouru à des ‘’mercenaires africains’’ pour commettre de nombreuses violations durant le conflit ».
Devant ce genre de faits, « on ne peut qu’être inquiet de ce qui est susceptible d’arriver aux détenus loin du regard d’observateurs indépendants », a estimé Claudio Cordone, directeur général d’AI, cité dans la déclaration.
Les appels du CNT au « respect du droit » salués
Tout en exprimant ses craintes de la poursuite des violations des droits humains en Libye, Claudio Cordone a salué l’appel lancé par le Conseil national de transition (CNT) à agir conformément au droit international, à traiter les captifs avec dignité et à s’abstenir de mener des attaques en représailles.
Le directeur général d’AI a toutefois jugé que le Conseil devait « (..) en faire davantage pour veiller à ce que ses combattants ne maltraitent pas les détenus, en particulier les plus vulnérables tels que les Libyens noirs et les personnes originaires d’Afrique subsaharienne ». Il a appelé à ce que « les combattants se livrant à des violations » soient « immédiatement suspendus de leurs fonctions dans l’attente d’une enquête « 3.
Source : Maghreb Emergent le 31/08/2011
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