Les mendiants à Nouakchott : contraints ou opportunistes ?

Des gens de tout genre, de tout âge, valides, handicapés, fous, profitards, tel est le monde des mendiants plein d’histoires diverses. Noorinfo s’est penché sur le phénomène de la mendicité à Nouakchott et retrace la vie quotidienne des mendiants.

Chaque jour que Dieu fait les groupes de mendiants de Nouakchott commencent leur longue marche vers leurs ‘’places’’ où ils pourront ‘’chasser’’ les bonnes personnes ou les donateurs qui leur octroient de l’argent. Un pèlerinage quotidien qui débute dès l’aube pour se terminer tard dans la nuit.

Les mendiants se retrouvent quotidiennement devant toutes les places où ils peuvent  quémander les gens et gagner leur sympathie. Ils se trouvent généralement devant les hôpitaux, les mosquées, à proximité des feux de signalisation, devant les épiceries…
Nous avons rencontré Fatimetou Mint Sidi, l’une de ces femmes vivant de la mendicité, vers 9 heures du matin devant la mosquée saoudienne,  elle était seule. A la question de savoir où sont ses autres collègues ? Elle répond  qu’à cette heure-ci (9 :00),  ils font habituellement ‘’un saut’’ dans d’autres sites de  mendicité avant de venir au site principal (Mosquée saoudienne) vers 14 :00, pendant la prière de la sieste

Fatimetou n’a observé aucune réserve en parlant avec nous  de son histoire avec la mendicité. Elle ne nous a même pas demandé qui nous étions. Une gentillesse provoquée, peut être, chez par le billet de 100 ouguiyas que je lui ai glissé au début de notre entretien.
Elle parait bien portante, en tous cas pas de handicap apparent. Elle explique ‘’ce que je gagne de la mendicité dépasse de loin ce que je trouvais de mes anciens  métiers de vendeuse de légumes et de bonne’’. Ensuite, elle nous raconte sa vie privée en disant : ‘’mon mari m’a divorcé et m’a laissé avec  nos quatre filles en charge,  j’étais ainsi contrainte d’être ici  pour subvenir à leurs besoins avec ma vielle mère. Mais j’espère pour mes file qu’elles auront un avenir meilleur’’.

Fatimetou ajoute : ‘’Je suis ici avec des mendiants handicapés  mais ils gagnent de loin plus que ce que je collecte, moi. Le meilleur moment pour pratiquer notre métier de mendiant est le  vendredi et le mois de ramadan ; en ces moments-là, nous bénéficions d’une plus grande sympathie des hommes du bien’’.

A la question de savoir quel est le plus grand montant qu’un mendiant peut avoir d’un seul coup, elle répond : ‘’ je ne connais que ma propre expérience,  j’ ai reçu il ya quelques jours la somme de 5.000 UM  d’un monsieur qui en adistribué à tous les mendiants ici présents qui devenaient fous de joie’’.

 

Ali Ould Brahim: »Mendier pour survivre »

Ali Ould Brahim est un autre mendiant qui habite ‘’Mellah’’ mais il s’est habitué à la mendicité  au carrefour ‘’Bana blanc’’. C’est un handicapé moteur  et il pratique la mendicité depuis onze ans, mais il exprime toujours ‘’la nécessité de mendier pour survivre’’. Il nous dit : ‘’Comme tu vois, je suis handicapé mais ce qui m’a poussé à la mendicité c’est  mes petits-enfants et ma famille  qui doivent pouvoir survivre. N’eut été cela,  je ne serais pas ici’’.

Il poursuit ‘’j’ai honte de quémander les gens surtout en ces temps difficiles, la preuve en est que
j’étais parmi les premiers  à accepter le salaire de 22.000 UM  que l’Etat versait aux mendiants, bien que cela constitue un montant dérisoire qui ne règle aucun de nos problèmes ; pire, ce salaire accusait plusieurs retards avant d’être suspendu,  ce qui nous a poussé à regagner la rue’’.

Il ajoute :’’moi je cohabite avec la mendicité et je ne te cache pas que des fois  ça rapporte : mon revenu journalier varie entre  3000 à 8000 UM’’.

 


Histoires de mendiants

Entre l’histoire de Fatimetou qui vendait les légumes et Ali qui pratique malgré lui la mendicité, il y a des milliers d’autres histoires que les gens se racontent sur la mendicité. Parmi ces histoires celle du mendiant qui louait  sa place : l’un des mendiants handicapés était habitué des années durant à exercer son job dans une place ‘’stratégique’’ à la porte d’une mosquée et à proximité de la maison d’une famille aisée.

 Ce mendiant était très connu des habitants du quartier, il gagne des fois près de 500.000 UM  / mois. Il a voulu voyager au village, alors il  amène un parent à lui mendiant aussi qu’il présente à tous ses ‘’clients’’ et lui loue la place à un prix qui équivaut au loyer d’une belle villa de Nouakchott.

Une autre histoire est celle de la fille qui se déguise en mendiante devant une station-service, ce qui a attiré l’attention d’un pompiste qui l’a suivie à la fin de la journée où elle file dans une ruelle à côté où elle avait garé sa voiture ‘’Carina’’. Elle s’y change, se maquille, allume son téléphone portable et jette au pompiste qu’elle vient de remarquer les pièces de monnaie qu’elle avait dans la main avant de démarrer et partir.

Les retombées financières de la mendicité ont fait que beaucoup de personnes en profitent pour se faire de l’argent. Ils en ont fait  un métier qui leur permet de gagner énormément d’argent dépassant même des fois les salaires de fonctionnaires  et employés du public et du privé.

 

Taleb O Brahim / Traduct. Med Brahim

 

Source  :   Noor Info le 29/08/2011

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Quitter la version mobile