Après la demande du procureur, la liberté de DSK n’est plus qu’une question d’heures

Sauf coup de théâtre, l’abandon des charges devrait être accepté, mardi, par le juge Michael Obus. DSK pourra alors rentrer immédiatement en France.

 

 

 

Est-ce la fin de trois mois d’une extraordinaire saga politico-judiciaire ? Depuis lundi 22 août, tout semble l’indiquer. Lors d’une audience express, le procureur de Manhattan a en effet demandé au juge d’abandonner toutes les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn. (L’audience de lundi en direct, c’est à retrouver par ici)

Si la décision est acceptée par le juge Michael Obus lors de l’audience prévue mardi 23 août à 11h30 (15h30 GMT) au tribunal, comme tous les experts le pensent, DSK, sous le coup de sept chefs d’accusation, sera libre de rentrer immédiatement en France.

Des mensonges déterminants

Dans un document de 25 pages adressé au juge, le procureur Cyrus Vance a expliqué que Nafissatou Diallo avait menti de manière répétée aux enquêteurs, et que si les éléments matériels prouvaient qu’elle avait eu « une relation sexuelle hâtive » avec l’ancien patron du FMI, il n’était pas possible de certifier qu’elle lui avait été imposée.

Les mensonges de la femme de chambre ont « sérieusement entamé sa crédibilité de témoin dans cette affaire », a-t-il ajouté, expliquant qu’elle avait menti « dans presque tous les entretiens avec les procureurs, en dépit des invitations à dire la vérité.

Le procureur, à l’origine de la spectaculaire arrestation de Dominique Strauss-Kahn le 14 mai, avait fin juin émis des doutes sur la crédibilité de son accusatrice, et sa capacité à convaincre un jury. Il avait expliqué qu’elle avait menti à plusieurs reprises sur son passé et sur ce qui s’était passé tout de suite après les faits présumés. Elle avait également longtemps refusé d’admettre une conversation téléphonique – enregistrée – où elle aurait évoqué le 15 mai avec un ami emprisonné la fortune de Dominique Strauss-Kahn.

Fin juillet, Nafissatou Diallo avait elle-même reconnu des erreurs dans une interview télévisée. Mais elle avait assuré qu’elle disait la vérité, en racontant les larmes aux yeux et avec force détails son agression alors qu’elle venait faire le ménage dans la suite qu’elle pensait vide.

« Déni de justice »

Si les avocats de DSK, qui ont parlé d’une relation consentie et décrit une femme uniquement intéressée par l’argent, ont fait part de la reconnaissance de leur client, l’avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth Thompson, a lui immédiatement dénoncé un déni de justice.

D’une voix basse, lors d’une conférence de presse improvisée sur un trottoir, il a vivement critiqué le procureur qui « a refusé le droit d’une femme à obtenir justice dans une affaire de viol ». « Il n’a pas seulement tourné le dos à une victime innocente mais aussi aux preuves matérielles dans cette affaire. Si le procureur de Manhattan, qui est élu pour protéger nos mères, nos filles, nos soeurs, nos femmes et tous ceux que nous aimons, ne les défend pas quand elles sont violées ou sexuellement agressées, qui le fera ? », s’est interrogé Kenneth Thompson.

Pas encore l’épilogue

La fin probable de la procédure pénale ne mettra cependant pas un point final à l’affaire aux Etats-Unis. Les avocats de Nafissatou Diallo ont en effet lancé au début du mois une procédure civile devant un tribunal du Bronx pour obtenir des dommages et intérêts après l’agression « violente et sadique » contre leur cliente.

Lundi, l’avocat de Mme Diallo a encore essayé d’empêcher l’abandon des poursuites, en demandant à un juge de dessaisir le procureur Vance et de nommer un procureur spécial pour s’occuper de l’affaire. Mais aucun expert n’y a accordé la moindre importance.

De l’autre côté de l’Atlantique, Me Thibault de Montbrial, représentant en France de Me Thompson, a indiqué que Nafissatou Diallo allait déposer plainte mardi pour tentative de subornation de témoin contre un adjoint au maire de Sarcelles, ville dont DSK avait lui même été l’édile.

Source  :  Le Nouvel Observateur avec l’AFP le 23/08/2011

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