Monde rural: Le Cheptel en danger

Le retard des pluies met en péril le cheptel mauritanien qui, du coup, a du mal à trouver des pâturages naturels, particulièrement dans l’est et le sud-est du pays où se concentre la richesse animale du pays.

 

 

 

Les autorités ont mis en place un plan d’urgence destiné à contenir la catastrophe annoncée.

En deux semaines, le ministère du développement rural a envoyé 1500 tonnes de blé et neuf équipes de vétérinaires pour les éleveurs des régions du Tagant, des deux Hodhs, de l’Assaba et du Guidimakha. «Pour faire face à la rareté des pâturages naturels, due au retard des pluies, ce plan d’urgence a été mis en place» explique le docteur Mohamed Salem Ould Sidi Mahmoud, chef du service de la santé animale à la direction de l’élevage, du ministère du développement rural.

«Le cheptel mauritanien est encore aujourd’hui dans une configuration traditionnelle, où la transhumance est tout. Et cette transhumance dépend d’une bonne pluviométrie en Mauritanie, comme au Mali, où nos troupeaux passent quatre mois de l’année. À défaut de pluies, les troupeaux sont condamnés; d’où cette aide de l’Etat dans les cinq wilayas à risque», explique le vétérinaire.

Une distribution gratuite a ainsi été faite aux éleveurs vulnérables définis par la commission régionale de développement (CRD), composée des maires, hakems et les services techniques de ces wilayas. Mais une part importante de l’intervention d’aide des autorités est absorbée par les soins aux animaux aux prises avec une épidémie, selon certaines rumeurs. Ce que le directeur de l’élevage, Baba Doumbia, sur le terrain des wilayas pour superviser l’aide d’urgence, infirme totalement. «Nous sommes rassurés qu’il n’y ait pas de maladie contagieuse dans les cheptels. La faiblesse avancée dans laquelle des milliers de têtes se trouvent, et la mort de centaines d’autres, est due à l’état d’embonpoint au plus bas, à cause des carences nutritionnelles» affirme le directeur. Ils meurent de faim.

«L’état sanitaire du cheptel mauritanien est plus que satisfaisant, et fait l’objet de suivi constant par le Réseau Mauritanien d’Epidémio surveillance des Maladies Animales (REMEMA), qui est l’un des plus performants de la sous-région (1er réseau sur 32 en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2008- ndlr)», continue Baba Doumbia.

Un plan global pour l’avenir

Indépendamment des pâturages naturels, la direction de l’élevage vise à développer les zones de cultures fourragères, partant des observations dans le Trarza. «De Keur Macène à Kaédi, il y a certes aussi un risque de crise alimentaire pour les animaux lié au retard des pluies, mais pour le moment, il a été fortement contenu et retardé du fait de ressources autres que les pâturages naturels», affirme Mohamed Salem Ould Sidi Mahmoud.
La présence d’une vaste et intensive zone agro-pastorale y est pour beaucoup. «Les champs de riz, et les canaux d’irrigation qui les accompagnent permettent au cheptel, en cas de pluviométrie défavorable, de repousser l’échéance d’un déficit de fourrages. Mais si nous avons pu patienter plusieurs semaines de plus que nos collègues de l’est, si les pluies n’arrivent pas dans les jours à venir, nous n’aurons nous aussi plus grand chose à mettre sous les dents de nos troupeaux» prévient Souleymane Sall, éleveur à Keur Macène.

Pour diminuer cette dépendance aux pluies, le ministère du développement rural prévoit des alternances aux pâturages naturels. «Au-delà de l’élargissement des zones agro-pastorales qui favorisent une meilleure alimentation pour les bêtes, la construction d’une usine de «rakal» à Aleg devrait permettre de mieux protéger le cheptel d’une crise alimentaire» selon le vétérinaire Ould Sidi Mahmoud. À ce jour, la Mauritanie importe la quasi-totalité de son «rakal», qui couvre difficilement 5% des besoins des troupeaux.

La génétique aussi comme solution

Produire d’autres sources d’alimentation pour les ruminants. Mais aussi, revoir la carte génétique du cheptel mauritanien, qui peut aider à moins peser sur les ressources naturelles.
«Au vu de nos difficultés récurrentes en la matière, il est évident que le système d’élevage mauritanien doit changer» martèle le directeur de l’élevage Baba Doumbia.

«Un programme d’insémination artificielle a été mis en place cette année, pour permettre d’ici une quinzaine d’années, avoir un cheptel certes moins grand, mais qui pèsera donc beaucoup moins sur les pâturages naturels et aura plus de ressources alimentaires, tout en augmentant sa productivité en lait et en viandes» assure Mohamed Ould Haki, chef du service de la production animale à la direction de l’élevage. C’est dans ce cadre qu’en avril dernier, une ferme d’insémination artificielle de bovins, voyait le jour à Idini, à 55 kilomètres au sud de Nouakchott.

Dans l’immédiat, les pluies timides de ces derniers jours ont laissé un petit répit aux têtes de bétail, et laisse espérer un rattrapage du retard des pluies. «La situation s’est améliorée depuis les pluies de ces derniers jours, mais il faut rester vigilant» reconnaît Baba Doumbia.

Mamoudou Lamine Kane

 

Chiffres-clé sur l’élevage:

ñ 15% du PIB
ñ 1er secteur économique employeur, avec plus de 200 000 salariés, dont 120 000 bergers
ñ 20 millions de têtes: 16 millions de moutons et chèvres, 1 million de vaches, 1,5 million de chameaux, et 1,5 million de poulets

Source  :  Noor Info le 18/08/2011

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