«Les viols prennent une ampleur inquiétante»-
Des victimes culpabilisées- «Les victimes ont toujours du mal à en parler» ajoute-t-elle. «Elles sont meurtries sur le plan psychologique, sanitaire et sociale; d’autant qu’elles culpabilisent, pointées du doigt par leur propre famille et n’obtiennent pas justice» continue Zeinabou.
La faute, le drame sont toujours reportés sur la mère de la victime, par le mari ou l’entourage familial. «Si elle s’est faite violer, c’est de sa faute; elle l’aurait mal éduquée, entend-on souvent» se désole Mint Taleb.
Et au-delà du blâme et du regard social, la justice les accable éventuellement une troisième fois, en envoyant en prison certaines des filles violées, accusées de crime d’adultère, où on les retrouve souvent en état de grossesse.
«Une importante tranche des femmes en prison, à Nouakchott, y sont pour une injustice innommable: La plupart d’entre elles ont été violées. Et, pourtant, ce sont elles qui sont retrouvées en prison, accusées de «zina»», explique Lala Aicha Sy, présidente du Comité de Solidarité avec les Victimes de la Répression des Evènements de 1989 (CSVRE). «A chaque fois que le problème est posé au niveau de la justice, on rappelle aux parents que ce serait eux qui auraient failli à leur devoir éducatif», s’indigne-t-elle. «Mais ce n’est guère étonnant au demeurant» selon, car comme elle le rappelle, «on ne trouve pas une définition du viol dans le code pénal».
Les vols reprennent- «Depuis quelques mois, il ne se passe pas une semaine sans que les mosquées de quartier n’annoncent la disparition d’un enfant» explique Zeinabou Mint Taleb Moussa.
Ibrahim est un charretier d’eau dans le quartier périphérique de Basra. Il y a un mois, Son fils de quatre ans, accompagné de son cousin du même âge, ont échappé de justesse à un kidnapping en plein début d’après-midi. «Sans les cris des enfants, et la sortie de la bonne du voisin, qui a fait réagir le boutiquier du coin, l’homme ne se serait pas affolé, et se serait enfui avec les enfants dans la Mercedes 190 blanche qui l’attendait à une trentaine de mètres» témoigne-t-il.
Ce cas qui n’est pas isolé, remet au goût du jour depuis quelques mois à Nouakchott,ces kidnappings d’enfants, qui semblaient avoir disparu depuis une vingtaine d’années dans la capitale . «Les enfants étaient volés, très jeunes, en général entre 2 et 5 ans, et envoyés à l’intérieur du pays, principalement dans les régions désertiques à l’est, où on ne les retrouvait jamais, transformés en esclaves» explique Kadiata Touré, nouvelliste, qui a eu à enquêter sur le sujet, pour sa nouvelle Les damnés du désert. «L’histoire de l’esclavage en Mauritanie tire ses origines des pratiques de vols des enfants dans le sud et dans les autres localités voisines, frontalières avec la Mauritanie auxquels se livraient à l’époque des reugeïbad; une redoutable tribu de «pirates des déserts». Ces enfants volés en bas âge étaient amenés dans le grand nord pour y être revendus». Extrait de la nouvelle de Kadiata Touré, Les damnés du désert. Selon elle, cela «résume bien l’origine de ce mal social, qui n’est qu’une forme de razzia moderne».
A la brigade des mineures, on relativise la portée de ce phénomène. « Il y a beaucoup de fugues parmi ces cas aussi, d’enfants qui reviennent. Mais il est vrai que beaucoup une part relativement importante, on reste sans nouvelles » explique une inspectrice de la brigade.
Ndeye Sow et MLK
Source : Noor Info le 14/08/2011
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Depuis 2007, les viols prennent une tournure inquiétante, selon les acteurs travaillant sur ce sujet, notamment l’association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (AMSME). Sa présidente, Zeinabou Mint Taleb Moussa, se désole de cette situation. «Depuis quatre ans, nous comptons en moyenne, un cas de viol tous les deux jours; mais depuis trois mois maintenant, nous en sommes à un viol par jour!» affirme-t-elle écœurée. Rien que pour le mois de juillet passé, 24 cas ont été recensés, et sur ces 24, 18 étaient des filles et six des garçons. «C’est la nouveauté de ces deux dernières années: les viols de jeunes garçons, de quatre, cinq, six ans, parfois plus. Plusieurs de ces cas ont eu lieu chez des boutiquiers et même dans des madrasas!» explique offusquée, la présidente de l’AMSME.
Les profils des violeurs auraient évolué donc. Des violeurs inconnus, opportunistes, abusant d’une situation particulière, on est passé ces dernières années à des «violeurs de proximité», relativement proches du champs d’habitation des victimes. «Nous allons lancer une campagne de sensibilisation auprès des boutiquiers particulièrement, car de plus en plus de viols sont recensés à leur niveau» évoque Zeinabou Mint Taleb.
«Il ne se passe plus une semaine à Nouakchott sans des rapports de viols, dont les principales cibles sont toujours les couches sociales les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes, les enfants», rappelle Aminetou Mint El Moctar, présidente de l’association des femmes chefs de familles (AFCF).