ITIE en Mauritanie : Où en est- on avec la Validation ?

La Mauritanie a adhéré à l’Initiative sur la Transparence des Industries Extractives depuis octobre 2005.Malgré cette volonté plusieurs fois exprimée et renouvelée des pouvoirs publics, ce processus semble battre de l’aile.

 

 

A ce jour, sur les 5 rapports prévus seuls deux ont été produits (2005 et 2006).L’initiative sur la Transparence exige de chaque pays adhérant la mise en place d’un comité national, l’élaboration d‘un plan d’action et la disponibilisation de moyens humains et financiers nécessaires à l’exécution d’un processus qui devait durer 5 ans.

Au bout de cet exercice le pays candidat sera alors soumis à un test de validation pour être déclaré « pays conforme » aux principes de l’ITIE ou non». Durant cette période de mise en œuvre, le comité est tenu de produire chaque année un rapport sur la situation des flux de revenus entre les compagnies et l’Etat. Ces rapports sont sensés divulguer les montants que les compagnies déclarent payer à l’Etat comparés à ceux dont l’Etat déclare avoir reçu des compagnies.
Selon certains responsables, ce retard est justifié par la situation politique qu’a connu la Mauritanie durant ces dernières années; mais ils semblent oublier que c’est dans ce même contexte particulier, où la Mauritanie vivait sous le poids des sanctions économiques, que les pouvoirs publics ont décidé d’assainir le secteur des industries extractives.
L’épreuve de validation de la Mauritanie devait donc avoir lieu en Mars 2010 mais sur la base des justificatifs fournis par les services en charge du dossier, le comité International ITIE basé à Berlin a alors accordé à notre pays un délai supplémentaire de six mois, c’est-à-dire jusqu’au 9 septembre 2010. Le Comité national avait alors rassuré que le consultant chargé de la production des rapports manquant a été recruté et que les rapports préliminaires seront disponibles avant le 7 juin 2010. D’après nos dernières informations les rapports sont toujours en souffrance et le processus de validation dont certains points devaient être revus et améliorés semble être mis en berne. Six ans après le démarrage du processus d’adhésion, la Mauritanie, à défaut de bénéficier d’un arrangement spécial doit reprendre le processus de mise en œuvre au point zéro. Il est important de noter que toute complaisance dans la mise en œuvre de ce processus se fera aux dépens des intérêts de notre pays dont les indicateurs économiques seraient considérés peu fiables par les grandes institutions internationales qui en réalité prêtent leur argent aux compagnies. Un silence inquiétant entoure ce processus pourtant particulièrement déterminant pour un pays dont les ressources minières, pétrolières et gazières deviennent de plus en plus convoitées :

– La Snim exploite le fer depuis plus de 50 ans et produit environ 12 millions de tonnes de fer, contribue à hauteur de 15% du PIB et emploie quelques 5000 personnes.
– La compagnie Kinross qui a racheté Tasiast à hauteur 7,1 milliards de dollars, compte dans un futur proche devenir l’un des plus grands producteurs d’or en Afrique avec un objectif de 3,9 million d’onces en 2015 et employer plus 3000 travailleurs supplémentaires.
– Le pétrole Mauritanien est exploité depuis 2006. Cette manne est actuellement entre les mains de Petronas, réputée être l’une des compagnies les plus obscures au monde.

L’Initiative sur la transparence des industries extractives est un cadre qui permet aux pays pauvres mais riches en ressources extractives de disposer d’un environnement économique transparent et sûr qui favorise un développement humain durable profitable à toutes les parties prenantes loin des fraudes, de la corruption des coups d’Etats et des guerres civiles.
Par conséquent, nous exhortons nos pouvoirs publics à travers les services compétents à s’investir davantage afin de faire profiter la Mauritanie de tous les avantages qu’offre ce processus non seulement pour l’Etat et les compagnies mais surtout pour les travailleurs ainsi que l’ensemble des communautés de notre pays.

Baliou Coulibaly

Journaliste Free lance
Spécialiste des questions extractives

Source  :  Le Rénovateur le 08/08/2011

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