Coopération Mali/Mauritanie: Des bâtons dans les roues du transport

Un peu plus d’une semaine après la réunion de la douzième commission mixte mauritano-malienne, le Mali, à travers son ambassadeur Souleymane Koné, fait part de la «rupture de charge» dans les transports entre les deux pays,

 

 

qui ne sont pas « dignes des relations séculaires entre les deux pays ».

Jeudi 5 aout à l’ambassade malienne à Nouakchott. Une ambiance détendue entre Sidibé Tounkara, premier conseiller de l’ambassadeur malien, et les quelques journalistes venus à assister à un point de presse autour des «relations séculaires entre le Mali et la Mauritanie». Preuve de ces relations à l’appui avec la convention datant de 1963, signée par les deux pays, et admettant le droit de libre-circulation de personnes et marchandises entre les deux pays, remise à chaque journaliste présent. Le message est clairement annoncé: «La lutte contre le terrorisme à nos frontières respectives ne sont pas le seul volet de nos relations. Elles remontent à beaucoup plus loin et sont uniques dans toute la sous-région!» s’enthousiasme le premier conseiller en agitant la convention d’établissement de 1963. «Près de 60 000 mauritaniens vivent au Mali, et 30 000 maliens sont présents en Mauritanie. Cette convention historique octroie les mêmes droits qu’un malien, à un mauritanien vivant au Mali et vice-versa» continue-t-il.

«Rupture de charge»

Le tableau est planté. Le premier conseiller cède sa place à l’ambassadeur du Mali en Mauritanie, Souleymane Koné, qui enchaîne sur le problème de «rupture de charge», imposée aux transporteurs maliens, lors de la traversée de la frontière, en allant en Mauritanie. «Depuis 2008, il y a un problème de rupture de charge à la frontière, à Koubéni: le client doit changer de véhicule de transport, les transporteurs maliens n’étant plus autorisés à continuer en sol mauritanien. Ce point a été abordé lors de la dernière commission entre les deux pays et le président Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé sa volonté de régler ce problème. Nous escomptons donc dans les semaines un règlement de cette question» rapporte l’ambassadeur.

«La partie mauritanienne justifie cela par des raisons de sécurité» dit le colonel Mamadou Diarra, chargé des questions de défense à l’ambassade malienne. Mais les autres sembleraient toutes autres aux dires d’un des journalistes présents à la conférence, et qui est un familier de l’axe routier Nouakchott-Bamako: «Les syndicats mauritaniens qui se sont particulièrement développés ces quatre dernières années protègent jalousement leurs intérêts» estime-t-il.

Du coup, même si les transporteurs maliens ont trouvé une astuce, qui consiste à faire monter les clients dans un véhicule de la compagnie immatriculée en Mauritanie, de plus en plus il est vrai, les transporteurs mauritaniens réclament leur part de la manne malienne.

 

Faire briller la coopération économique entre les deux pays

«La lutte contre le terrorisme ne doit pas être présentée, comme l’unique volet de nos relations exceptionnelles, même si, malheureusement, et paradoxalement, le problème avec AQMI marque le secteur où la coopération entre les deux pays est la plus efficace» considère Souleymane Koné, soucieux de faire briller les pans entiers de la coopération entre le Mali et la Mauritanie.
«Je déplore personnellement que nos pays soient si proches culturellement et historiquement, et si distants économiquement» se désole l’ambassadeur.
Pourtant le Mali vise, de plus en plus, la diversification de ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures, avec la signature, entre autres, d’un accord portant sur l’importation du pétrole mauritanien vers le Mali, à hauteur de 10 000t/an.
La récente signature d’une convention entre la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture mauritanienne et la chambre de commerce malienne, marque la pose de plans d’action futurs dans le domaine économique.

Sans oublier que «huit mois sur douze, la quasi totalité du cheptel mauritanien, est fixée sur le sol malien, et cela bien avant la colonisation elle-même» assure l’ambassadeur, tout en mettant en ligne de mire la perspective non négligeable pour le Mali de pouvoir bénéficier des avantages d’un port nouakchottois modernisé dans les cinq ans, proche géographiquement de l’Europe et du Mali, facile d’accès, et où il y a «le moins de vols dans toute l’Afrique de l’ouest» continue-t-il.

«Quand on parle de fraternité entre le Mali et la Mauritanie, ce n’est pas un vain mot, car ce lien est consacré par un acte juridique fort, à savoir la convention d’établissement de 1963. et cette situation dans les transports n’est pas digne des relations des deux pays» conclut Souleymane Koné après ce récapitulatif sur les perspectives de coopération économique entre les deux pays, «qui parachèvent une relation séculaire».

MLK

Source  :  Noor Info le 06/08/2011

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