Le Mali autorise désormais la Mauritanie à pénétrer à l’intérieur de ses frontières notamment pour frapper les barbus de l’Aqmi dans les régions de l’Est du pays. Les chefs de la diplomatie des deux pays entendent ainsi préparer les populations au danger que représente la pieuvre d’Aqmi dans cette bande de sable. Cependant les observateurs s’interrogent sur cet accord qui pourrait servir d’alibi pour les terroristes islamistes de futurs combats féroces.
La rencontre de deux jours dans la capitale mauritanienne entre le ministre des affaires étrangères Hamadi Ould Hamadi et son homologue malien Boubèye Maïga est avant tout une réponse à l’initiative malienne d’avoir organisé en mai dernier à Bamako un congrés ministériel sur la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière.
Le rendez-vous de Nouakchott a permis aux chefs de la diplomatie des deux pays d’accorder enfin leurs violons et de tracer les contours d’une nouvelle coopération basée sur le respect des deux partenaires pour mieux lutter contre l’ennemi commun les barbus d’Al Qaïda. Considéré jusqu’ici comme le maillon faible le plus attentiste contre les visées du terrorisme islamiste, le Mali au coeur de la zone d’activité de la nébuleuse rectifie le tir et décide d’agir pour de bon pour mutualiser les forces humaines et militaires afin de pourchasser partout dans les régions de l’Est du pays les hordes de l’Aqmi.
Ainsi le gouvernement malien ne sera plus en porte à faux aux yeux de sa population qui voyaient là une violation flagrante et délibérée de l’espace malien par la Mauritanie. Avec cet accord il s’agira pour les deux parties de mieux préparer la société civile à accepter cette autre guerre des sables dont les premiers bilans font en tout cas peur. On se souvient que l’attaque d’Al Qaïda le 5 juillet dernier contre la base mauritanienne de Bassikounou avait fait 12 tués dans le camp des assaillants et près d’une quinzaine de prisonniers pour se venger du raid mauritanien dans la forêt de Wagadu au Mali qui avait causé la mort de 15 combattants terroristes islamistes.
Pour les observateurs ces jihadistes ont été délogés manu militari de leur bastion mais la pieuvre demeure toujours maîtresse de cette bande sahélo-saharienne avec ses tentacules partout dans les sables. Et en plus avec une parfaite connaissance du terrain on peut penser qu’il s’agit là d’un repli stratégique pour mieux sauter d’autant plus qu’ils détiendraient selon des sources des armes sophistiquées des missiles récupérés du conflit libyen. Cet éventuel réarmement laisse penser que la guerre ne fait que commencer et que les jours à venir pourraient être décisifs sur le terrain des combats.
En acceptant l’ouverture de la frontière entre les deux pays, Bamako traduit dans les faits le pacte militaire scellé à Alger par outre le mali et la Mauritanie, le Niger et l’Algérie. Raison pour laquelle ces pays se sont appropriés cette lutte sans merci pour venir à bout des terroristes islamistes qui continuent de recruter au sein de la population jeune des quartiers pauvres mauritaniens surtout. Le Mali pourra continuer à prêter son territoire à d’autres pays comme le Niger et l’Algérie s’ils le lui
demandent bien entendu. Mais cette générosité n’est pas suffisante pour éradiquer le terrorisme d’ Al Qaïda qui entend monnayer ses prises d’otages notamment français dont quatre sont actuellement détenus dans le Ténéré du Niger pour se faire entendre et pour mieux en tirer profit au plan marchandage.
Bamako et Nouakchott ne sont pas dupes .Les deux capitales savent que la réussite collective dépend aussi si les occidentaux en particulier la France s’impliquent davantage et de manière concrète dans ce conflit. Par exemple fournir la logistique et des instructeurs, des renseignements pour capter ces invisibles du désert et peut-être participer aux combats. Ce que n’acceptera jamais l’Algérie, le plus grand maillon et le plus expérimenté en matière de terrorisme. Alger n’apprécie guère la
présence française sur le terrain au début des escalades surtout quand il s’agissait de vouloir libérer ses otages en utilisant les sols maliens et mauritaniens. Cette allégeance est perçue comme une néo colonisation.
Ce n’est pas un hasard si les autorités algériennes ont réussi à convaincre Nouakchott et Bamako autour d’une coordination des chefs d’état major de l’armée à Tamanrasset. L’accord de Nouakchott est un prélude à d’autres accords qui devront engagés tous les Etats concernés à revoir leurs législations en matière de sécurité afin d’impliquer les citoyens à débusquer parmi eux les éléments d’Aqmi et à faire de la fracture sociale la priorité des priorités pour barrer la route aux recruteurs d’Al Qaïda.
C’est un défi à relever par tous les chefs d’Etat de la bande sahélo-saharienne.
Sinon demain personne ne pourra vivre tranquillement ni dans les villes ni dans les campagnes.
Bakala Kane
(Contribution reçue à Kassataya le 02/08/2011)
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