R.M.I Biladi : Edito N° 625

Lancé il y a un peu plus de deux mois, le fameux recensement administratif continue de provoquer bruit, inquiétude et protestation au sein de l’opinion.

 

 

 

Les méthodes brutales et les objectifs inavoués –et inavouables- de cette opération font peser un grand risque sur la paix civile et l’avenir de la cohabitation entre les différentes ethnies qui constituent notre pays.
Certes, on ne peut pas reprocher à un Etat d’aspirer à organiser son registre d’état civil. C’est même une bonne chose dans un pays neuf comme le notre. Mais cette opération ne doit pas sortir de son cadre strictement administratif pour se transformer en tribunal martial qui s’arroge la mission de définir qui est mauritanien et qui ne l’est pas. Cette notion de ‘’mauritanité’’ est dangereuse parce qu’elle sous entend l’exclusion de certaines personnes ou groupes de la nationalité et la ‘’purification’’ du pays des supposés ‘’étrangers’’, des hordes de ‘’nègres’’ qui rêveraient d’appartenir à notre Etat…
Les communautés negro africaines de Mauritanie sont perturbées par cette opération et sentent qu’elle est orientée contre elles. Surtout que leurs ressortissants sont humiliés à longueur de journées dans les centres d’enrôlement où les enquêteurs leurs font subir des interrogatoires souvent humiliants.
Beaucoup d’observateurs et de personnalités redoutent les conséquences néfastes du climat nauséabond né de cette opération et mettent en garde contre l’éventuel retour des démons du passé. Et quoi qu’il en soit, ce recensement n’obéît pas aux normes techniques et de la décence.
D’abord, ceux qui sont les mieux indiqués pour le conduire, l’administration et les mairies…, ont été écartés à la faveur de novices, investis n’importe comment, de l’autorité publique et assermentés. Qui dit qu’ils seront à la hauteur de leur mission, du reste très floue ?
Ensuite, techniquement, il est mal ficelé dans la mesure, par exemple, où il prévoit seulement quatre ethnies. Les métis, les citoyens originaires d’autres ensembles n’ont pas de place dans les registres de ce recensement.
Enfin, il risque d’accentuer la séparation entre les composantes de notre peuple. L’émission passée récemment à la télé où chaque membre de la commission nationale de supervision s’adressait uniquement à sa communauté ne contribuera pas à bâtir l’Etat nation dont rêvaient les fondateurs de la Mauritanie.
Beaucoup d’autres insuffisances caractérisent cette opération ‘’brutale’’ qui, sincèrement, a été lancée sur de fausses bases et qui risque bien de fragiliser l’unité nationale. Alors pourquoi ne pas songer à l’annuler purement et simplement pendant qu’il est temps et avant qu’elle ne fasse plus de dégâts ?

Source  :  RMIBiladi le 01/08/2011

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