« s’il vous, ne pourriez-vous pas nous laisser quelques vaches laitières pour nous nourrir et donner du lait aux bébés ? ». Les pillards ne disent mot et s’en vont même avec les veaux. Quelques jeunes, révoltés et n’en pouvant plus, se mettent aux trousses des pillards. Et là, nos guerriers défaitistes prétendent qu’ils ont été les premiers à protester et à signifier leur désaccord, bien avant les jeunes révoltés. C’est vrai : les guerriers avaient gentiment demandé quelques vaches laitières.
Ibrahima Moctar Sarr est un militant politique engagé qui fit ses premières classes comme homme de culture avec un succès certain. Il est l’auteur de poèmes célèbres et très engagés qui ont été repris par de nombreux musiciens hapoularen dont le grand Baaba Maal. A force, Ibrahima Moctar Sarr était devenu comme une icône pour la communauté poular bien au delà des frontières de la Mauritanie. C’est peut-être cette aura qui lui a donné l’idée de se lancer en politique en prolongement de son engagement culturel. Lors de l’élection présidentielle de 2007, il créa la surprise en devançant l’UFP de Ould Mowloud que beaucoup de personnes considéraient comme le parti le plus important dans la défense de l’égalité entre les mauritaniens. Ibrahima Moctar Sarr gagna la confiance et la sympathie de beaucoup de mauritaniens plus particulièrement les noirs qui voyaient en lui un meilleur défenseur de leurs droits que l’UFP.
Mais voilà qu’Ibrahima Sarr rejoint la majorité présidentielle en précisant que cet acte ne signifiait pas qu’il allait renoncer à ses convictions ou qu’il allait cesser de dénoncer ce qui n’allait pas. C’est un acte politique qui est justifiable, défendable et respectable. Là n’est pas le problème. Depuis, il a été, dit-on, associé à la gestion du dossier des réfugiés qui n’en finit pas de ne pas finir. C’est dans ce contexte que surgit un problème important qui risque de prolonger les dénis de droits et les crimes perpétrés justement pendant la période qui enfanta le dossier des réfugiés dont s’occupe, dit-on, Ibrahima Moctar Sarr. Une grande dame, véritable exemple de l’élu consciencieux et responsable, prit le problème à bras-le-corps. En effet, avec un courage digne des plus grands guerriers dont l’histoire retient le nom, Kadiata Malick Diallo démontra par le menu le caractère injuste du recensement qui se déroule actuellement en Mauritanie. En interpellant le ministre de l’intérieur à l’Assemblée Nationale, en participant à des débats et à des conférences… Kadiata Malick Diallo fait un travail d’utilité publique et tient le citoyen informé de ses droits. Ko A debbo mo tuuba gorko (littéralement, une femme avec un pantalon d’homme).
Poullori propose un petit échantillon de ce qu’a dit Birame Ould Dah sur radio kassataya : « Je ne peux pas dénoncer un recensement et aller me recenser alors que les autres [citoyens], on leur dénie le droit de se recenser, alors que ce sont des gens que je suis censé défendre… J’appellerai dès mon arrivé à Nouakchott au boycott de ce recensement et je ne me recenserai pas. Et je considère que c’est une incohérence que d’aller se recenser, c’est raser les murs, ce n’est pas correct, ce n’est pas cohérent. Il faut payer le prix de ce combat… L’Etat mauritanien n’est pas invincible, surtout sous Ould Abdel Aziz qui est un tigre de papier… Il faut que les gens descendent dans les rues… Il faut une mobilisation populaire. Il faut un rapport de force dans les rues, dans les medias, devant la communauté internationale ». Sans commentaires. On attend d’un lion qu’il rugisse, pas qu’il miaule. Miauler c’est pour le chat, pas pour le lion. A moins que le lion ne se soit mis à boire du karaw (bouillie de riz, même pas du fondé, bouillie de mil, plus consistant). Neddo daroo wi ina wattami baagal mami salo (Quand quelqu’un essaie de se servir de moi, je refuserai, extrait d’un poème de…Ibrahima Moctar Sarr ( ?) rendu célèbre par une chanson de Baaba Maal).
L’histoire jugera. Il sera retenu que pendant que certains jouent avec la citoyenneté et la nationalité en Mauritanie en essayant de réduire les droits d’une partie de leurs compatriotes, Ibrahima Moctar Sarr n’a pas pris le risque de… gêner ses nouveaux alliés. Poullori a bien relevé la petite tentative de communication de l’AJD/MR. Si vraiment c’est ce genre de réactions qu’entend produire l’AJD/MR autant demander à tous ceux qui ont placé leurs espoirs en eux d’aller voir ailleurs si Kadiata Malick Diallo ou Biram Ould Dah y sont.
C’est vraiment regrettable, c’est vraiment dommage, c’est vraiment triste. Les intérêts de toute une communauté, l’avenir de tout un pays contre quoi au juste ? Poullori espère que c’est juste un silence pour méditer et préparer une réaction vigoureuse et appropriée ; à la hauteur de la mascarade et du manque de respect que montre ce recensement raciste. Tout le monde écoute Ibrahima Moctar Sarr et les oreilles des citoyens qui croient ou ont cru en lui sifflent et éprouvent de plus en plus de difficultés à supporter le bruit du silence de Ibrahima Moctar Sarr. Quand un fusil chargé éternue c’est pour prononcer une parole dont tout le monde tiendra compte, comme on dit en…Poullorie. Le peuple attend le coup de semonce d’Ibrahima Moctar Sarr. Quant à Kane Hamidou Baaba… Heureusement que quelques militants courageux qui accompagnent Ibrahima Sarr et Hamidou Baba Kane ont pris leurs responsabilités en dénonçant publiquement cet enrôlement raciste. Ceux-là se sont acquittés de leur devoir. Poullori imagine le mal qui les ronge et le doute qui les envahit, tiraillés qu’ils sont entre la discipline de parti et l’obligation de dénoncer une injustice qui met en péril le destin de tout un peuple.
Les citoyens de la société civile eux, à travers le mouvement touche pas à ma nationalité, occupent le terrain d’une si belle manière ! Merci ! Merci ! Merci ! Ils ont donné une belle leçon aux hommes politiques et aux organisations virtuelles spécialisées dans la lutte sur le net et qui sont désespérément absentes sur le terrain. Deux de perdus, des milliers d’autres retrouvés !
Poullori Galo