Ces derniers ont tenu hier un deuxième point de presse pour déplorer avec la dernière énergie, ces mesures restrictives qui les empêchent de travailler depuis 34 jours. Selon eux, ces mesures sont intervenues au moment où ils avaient déjà jeté les filets à l’eau.
Moustapha Dieng, Yane Teuw, Baye Djiby Gueye et autres responsables de la pêche, ont rappelé que ces pêcheurs croupissent dans la misère à Nouadhibou avec leurs familles. Non seulement ils n’arrivent pas à récupérer cet important matériel de pêche mis en place en haute mer, mais on ne leur permet pas de renter au bercail à bord de ces 351 pirogues immobilisées sur les plages de Nouadhibou.
Certains responsables de la pêche domiciliés dans la Langue de Barbarie, ont mis à profit ce point de presse pour demander aux autorités sénégalaises de se concerter avec leurs homologues mauritaniens en vue de trouver ensemble les solutions les plus adéquates à l’ensemble des problèmes auxquels les pêcheurs sénégalais sont confrontés en Mauritanie.
Auparavant, ils ont souligné que le nombre de pirogues arraisonnées à Ndiago par les gardes-côtes mauritaniennes entre 2007 et 2011, est passé de 95 à 105. Ils ont précisé que ce problème d’arraisonnement des pirogues sénégalaises qui opèrent sans licence de pêche, n’a rien à voir avec celui de Nouadhibou qui concerne ces 351 embarcations qui seraient « en règle avec les autorités mauritaniennes ». Selon le responsable régional du service des pêches de Saint-Louis, Ibrahima Lô, ces mesures ont tendance à limiter l’accès dans les eaux mauritaniennes aux pêcheurs étrangers composés pour la majeure partie de Guet-Ndariens. Il s’agit de l’interdiction de pêche au poulpe à tout pêcheur étranger. Il faut être mauritanien pour accéder à cette pêcherie et la seule technique de pêche autorisée est l’utilisation des pots généralement pratiquée par les pêcheurs mauritaniens. Alors que les pêcheurs sénégalais utilisent la turlitte (la ligne) pour capturer ces poulpes.
Limitation de l’accès aux eaux Mauritaniennes
Ces mesures restrictives mauritaniennes concernent aussi la limitation à deux étrangers au plus dans l’équipage de pêche. Pour la pêche à la ligne aux poissons et aux filets dormants, la présence d’étrangers dans l’équipage de la pirogue doit être, au plus, deux pêcheurs et le reste est constitué de nationaux mauritaniens.
Pour la pêche à la senne tournante, la présence d’étrangers dans l’équipage de la pirogue doit être comprise entre 5 à 10 en fonction du nombre des membres de l’équipage de l’embarcation et le reste est constitué de nationaux mauritaniens.
Ces mesures ont entraîné beaucoup de difficultés aux pêcheurs sénégalais installés en Mauritanie. Ces derniers, ne disposant pas de licences de pêche, ne peuvent pas pêcher dans les eaux mauritaniennes à bord de pirogues immatriculées au Sénégal. Ils ont préféré ainsi, à en croire Ibrahima Lô, se rabattre sur des intermédiaires mauritaniens, sous forme de contrats « illégaux », pour ré-immatriculer ces embarcations.
Ces pirogues portant désormais une immatriculation mauritanienne appartiendront du coup au patrimoine mauritanien. M. Lô a souligné que ces contrats n’ont jamais été soumis au service régional des pêches. Et une alerte a été envoyée depuis Saint-Louis à ces pêcheurs sénégalais installés en Mauritanie, sur la gravité de ces actions et les conséquences désastreuses qu’elles allaient à coup sûr engendrer. Cette sorte de « mauritanisation » des pirogues sénégalaises date de très longtemps et plus de la moitié du parc piroguier mauritanien est constitué par ces pirogues sénégalaises.
De l’avis de M. Lô, c’est là où se situe le problème. Du fait de cette situation, les pêcheurs sénégalais sont souvent victimes d’arraisonnements, d’interdictions de pêche, de saisies de matériels et de moteurs, d’amendes. Beaucoup de pêcheurs sont au chômage et vivent difficilement avec l’application de ces mesures restrictives mauritaniennes.
L’objectif visé par la Mauritanie est la création d’emplois pour ses jeunes à travers la pêche et la maîtrise de son parc piroguier artisanal.
Pour Ibrahima Lô, il serait donc nécessaire pour le Sénégal de réagir rapidement face à cette situation délicate et très complexe pour atténuer les dégâts avant qu’une confiscation de ces embarcations sénégalaises soit prononcée par les autorités mauritaniennes.
Mbagnick Kharachi DIAGNE
Source : Le Soleil le 22/07/2011