Mauritanie : Ould Aziz au milieu d’un volcan politique

Des leaders de l'opposition mauritanienne lors d'un meeting à NouakchottAlors que l’opposition mauritanienne demande le report des élections législatives et municipales d’octobre prochain, l’UPR le parti majoritaire est entrain de se vider de ses tenors au profit du parti El WIAM de Bodiel Ould Houmeid profitant ainsi à la COD qui enregistre récemment le ralliement des partis Hatem et Haman.

Pour les observateurs cette recomposition de l’opposition au bénéfice notamment de l’ancien baron du PRDS suscite des interrogations sur le retour in fine de l’ancien régime Ould Taya.

Au lendemain du coup d’Etat d’août 2008 et plus tard  en 2009 avec l’élection du président mauritanien Ould Aziz, le Parti Républicain Démocratique et Social PRDS de l’ancien président Ould Taya s’est complètement désagrégé. Mais c’est sans compter sur la fidélité du baron Ould Houmeid qui n’a pas attendu longtemps avant de créer son propre parti El Wiam pour pouvoir nager dans les eaux de la Coordination de l’Opposition. Un coup d’essai qui s’est vite transformé en coup de maître. En un laps de temps, il a réussi à attirer dans sa nasse de grosses pointures du parti de la majorité l’UPR  dont les plus récentes sont l’ancien ministre Sow Mohamed Deina, le député de Kiffa Mohamed Fadel Ould Teyib en plus de deux adjoints au maire El Boukhary de Vassal  et Ould Abdel Jelil de « l’Initiative pour lendemain meilleur ». En fait il n’a jamais renié les idées de Ould Taya.

D’ailleurs il le dit à qui veut l’attendre qu’il n’existe pas d’esclavage en Mauritanie. Sur le terrain politique,ce qui est entrain de se produire au sein de ce parti ne se réduit pas à une simple recomposition de la COD. C’est en réalité une stratégie d’un ancien fidèle du régime de Ould Taya par la reconquête de l’aura des principaux leaderships de l’opposition désignée Ould Daddah du RFD , Ould Boulkhair de l’APP et Ould Maouloud  de l’UFP.
Depuis des mois le leader de El WIAM s’efforce de crédibiliser son parti en s’alignant avec l’APP pour activer le processus de dialogue avec le pouvoir en panne depuis l’avènement au pouvoir de Ould Aziz et en capitalisant les défections de certains tenors du parti de la majorité. Au fur et à mesure que l’on s’approche des législatives et municipales d’octobre prochain la COD s’enrichit de nouveaux partis dont Hatem et Haman grossissant les rangs de l’opposition mais qui risque de batailler en ordre dispersé. L’APP et le RFD demandent aujourd’hui le report du scrutin pour faire avancer le dialogue. Le premier n’a pas pris la décision de  le boycotter  tandis que le second avec l’UFP et TAWASSOUL l’ont déjà exprimé sauf   impératifs de dernière minute. Cette brèche est bien exploitée par Ould Houmeid qui entend profiter de cette impasse pour s’imposer comme le seul parti capable de faire trembler l’UPR confirmant la nostalgie Taya sur la Mauritanie. Ces relents du passé affectent la gouvernance du pays qui vascille entre la gabégie et l’immobilisme politique des réformes économiques et sociales du gouvernement de Ould Laghdaf. Et l’opportuniste haratin doit une fière chandelle à Ould Aziz  ainsi que ses prédécesseurs d’avoir retardé ou classer les dossiers sur les crimes commis par le régime de Ould Taya facilitant ainsi l’impunité de leurs auteurs. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la lenteur du règlement du passif humanitaire au sein même de l’administration et le premier scandale de l’ère Ould Aziz sous le vocable d’enrôlement des populations et titres sécurisés pour s’apercevoir que l’ombre de Taya est toujours partout présente dans tous les rouages de l’Etat malgré son exil à Qatar. Une situation inconfortable du président mauritanien qui se trouve par la force des choses coincé entre le marteau El WIAM et l’enclume l’UPR  qui semble avoir un peu de plomb dans l’aile. Avec l’ouguiya en mauvaise santé, les jeunes , les ouvriers , les fonctionnaires et les syndicats dans la rue,
les prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui ne cessent d’augmenter, depuis deux ans les mauritaniens vivent dans la tourmente. Le pays se retrouve désormais à la case de départ que Ould Houmeid compte bien mettre à profit pour participer aux prochaines législatives et municipales d’octobre prochain report ou sans report. Une triste réalité qui laisse peut-être un doute que l’opposition peut gagner les prochaines élections à condition quelles soient libres et transparentes. Un défi des principaux leaders de la coordination à relever rapidement pour ne pas laisser El WIAM renaître des cendres de la Tayie  et encore moins laisser s’aggraver les dissensions internes. Ce qui aurait pour effet immédiat de rendre inaudible toute initiative de l’opposition à sortir  le pays de la précarité, du climat social et politique tendu. C’est le sens de la naissance cette semaine  à Nouakchott d’une alliance nationale contre la faim en Mauritanie qui regroupe des organisations de la société civile, des fédérations agricoles, des leaders d’opinion et des religieux pour lutter contre la pauvreté, thème cher à Ould Aziz.

Baba Kane

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