La réunion du Conseil de l’Internationale socialiste s’est tenue à Athènes (Grèce) du 1er au 2 juillet 2011. A l’occasion, Ahmed Ould Daddah, chef de l’Opposition démocratique et président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) a prononcé un discours dans lequel il n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dire à qui veut l’entendre que pour le cas de la Mauritanie « le colonel Kadhafi a, de son propre aveu, réussi à faire habiller le nouveau chef de la junte militaire- qui a accédé au pouvoir par la force- en Président de la République auréolé d’un semblant de légitimité constitutionnelle.
C’est aussi en partie grâce à Mouammar Kaddafi que le même chef de l’Etat mauritanien a été adoubé sur la scène internationale. Ce faisant, le colonel Kadhafi discréditait l’idéal démocratique aux yeux de l’opinion arabe, le réduisant à un simple stratagème. Kaddafi a ainsi fortement contribué à empêcher l’expérience mauritanienne de faire tâche d’huile dans l’espace arabe « prouvant » encore une fois, selon son propre aveu, que la mentalité arabe fait mauvais ménage avec la démocratie. Amusé et cynique, il disait « voyez la Mauritanie, elle est l’exemple de la démocratie que certains réclament à cor et à cri ».
Pour le président du RFD, « la dictature se constitue et se consolide selon un schéma quasi uniforme : au départ, putsch militaire, suivi, dans une première étape, d’une épuration des compagnons d’armes et dans une seconde d’une mainmise rampante , au début partielle et à la fin totale, du clan familial du Chef de l’Etat sur l’Armée, sur les services de sécurité, sur l’appareil d’Etat, sur tous les leviers de l’économie. Souvent avec la bénédiction ou l’onction des puissances étrangères, un simulacre d’élections vient au secours de ce pouvoir de fait et lui confère un masque de légalité constitutionnelle, purement formelle. Exercer le pouvoir sans discontinuité trente années de suite et même au delà a été le fait politique arabe le plus marquant des cinquante dernières années. En Libye, au Yémen, en Egypte et en Syrie, etc…, les régimes arabes ont conceptualisé un modèle institutionnel insolite, celui des « Républiques ou Jamahirya dynastiques », la dévolution du pouvoir se faisant de père en fils. La dictature assure son renouvellement ». Il ajoute : « Pour contenir toute velléité démocratique dans l’espace arabe, pour saper l’évolution démocratique qui s’y amorçait ne serait-ce que timidement, certains de ces dictateurs ont utilisé à volonté leur audience sur la scène internationale et ont déployé les immenses moyens financiers dont ils disposent – les ressources de leurs pays étant considérées comme étant les leurs propres-, pour annihiler l’aspiration démocratique (même en dehors de leurs pays ) en transformant les consultations électorales tenues dans les pays frères en simples parodies . Consolider le pouvoir des jeunes émules était une préoccupation pour ces Guides et Rais. Tel a été le cas en Mauritanie où le colonel Kadhafi a, de son propre aveu, réussi à faire habiller le nouveau chef de la junte militaire- qui a accédé au pouvoir par la force- en Président de la République auréolé d’un semblant de légitimité constitutionnelle. C’est aussi en partie grâce à Mouammar Kaddafi que le même chef de l’Etat mauritanien a été adoubé sur la scène internationale. Ce faisant, le colonel Kadhafi discréditait l’idéal démocratique aux yeux de l’opinion arabe, le réduisant à un simple stratagème. Kaddafi a ainsi fortement contribué à empêcher l’expérience mauritanienne de faire tâche d’huile dans l’espace arabe « prouvant » encore une fois, selon son propre aveu, que la mentalité arabe fait mauvais ménage avec la démocratie. Amusé et cynique, il disait « voyez la Mauritanie, elle est l’exemple de la démocratie que certains réclament à cor et à cri ».
Quelle lecture faire d’un tel discours ?
Que l’animosité politique entre les deux hommes a atteint un point de non retour. Dire que c’est le leader libyen qui a porté au pouvoir Mohamed Ould Abdel Aziz, relève de la politique politicienne. Il a été élu au premier tour par les mauritaniens à l’issue d’une élection supervisée par la communauté internationale. Laquelle d’ailleurs l’a aussitôt reconnue. Certes que les candidats malheureux ont contesté cette victoire accusant concurrent de fraude, mais jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucune preuve palpable n’a été produite pour justifier ces accusations. En vérité l’inconséquence de la stratégie du RFD lui a été fatale tout bonnement. Allié du « mouvement de la rectification » applaudi fortement des pour des raisons liées à leur stratégie d’alors, Ahmed Ould Daddah a dû, dans un second temps, faire marche arrière pour reconnaître huit mois après le putsch du 6 août 2008 contre Sidi Ould Cheikh Abdellahi et de rejoindre le FNDD incarné par Messaoud Ould Boulkheir chantre du retour au pouvoir du président déchu dont il ne voulait pas entendre parler sous aucun prétexte. La menace de boycott de l’élection présidentielle fixé unilatéralement au 6 juin 2009 va diviser les responsables du parti. Kane Hamidou Baba, vice-président et député du parti, militait pour la participation tandis que Ahmed Ould Daddah voulait le contraire. Les positions des uns et des autres étant tranchées et déterminées, Kane Hamidou Baba pris la décision de se présenter aux élections. Dès lors la rupture entre les deux compagnons de longue date était consommée. Ould Daddah le sanctionne d’une suspension dont il n’en a eu cure d’ailleurs, maintenant sa candidature aux élections du 6 juin. « Traître, vendu, corrompus », l’homme a entendu toutes les insultes des anti putsch. Pourtant les accords de Dakar, ayant abouti à fixer la date du 18 juillet pour la tenue de l’élection présidentielle, a jeté dans la bataille Ahmed Ould Daddah. Il l’a perdu faute de préparation suffisante. Il aurait dû être au pouvoir en 2007. Qui a empêché réellement l’alternance qui était à portée de main ? (Suivez mon regard).
Moussa Diop
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 14/07/2011