Cri de colère du mouvement « touche pas à ma nationalité » : Ils promettent d’aller jusqu’au bout

touche-pas-a-ma-nationaliteIls avaient promis de battre le pavé et de faire échouer le recensement. Ils, ce sont les jeunes du mouvement « touche pas à ma nationalité ». Pour faire entendre leurs voix, ils s’étaient donné rendez-vous le jeudi 07 juillet devant le centre d’enrôlement d’El Mina1, une semaine après leur dernière manifestation

Ils étaient combien à hurler leur colère devant le centre d’enrôlement d’El Mina? 100, 200 personnes, difficile de donner un chiffre exact. Mais, ils avaient tous le même objectif: faire échouer l’opération d’enrôlement des populations. Sur leurs pancartes, étaient affichés divers slogans « Non au recensement raciste, les mêmes droits pour tous- Nous sommes noirs et mauritaniens- Non à l’exclusion des noirs- Le droit à la nationalité bafoué-Vous avez encore divisé la Mauritanie. ». En ordre serré, ils criaient « Boilil carton rouge. » S’érigeant en juges, ils demandaient aussi la tête du Directeur de l’agence nationale du registre de la population et des titres sécurisés. Au fil des heures, ils ont été rejoints par des femmes, des enfants, des vieux, ainsi que des jeunes du « mouvement du 25 février. ». Ils étaient venus eux aussi prêter mains fortes aux manifestants. Notre reporter a recueillis les témoignages de quelques manifestants :

AbdelAziz Kane « un recensement faux, inégal et illégitime »
« Ce mouvement s’explique par les nombreuses discriminations dont les négro-africains sont sujets depuis le début du recensement. Avec toutes les déceptions des années précédentes, ils sont entrain d’empirer les choses encore par un recensement faux, inégal et illégitime. Avec des questions qui servent à disqualifier les négro-africains. Nous demandons à ce que toutes ces choses illégitimes cessent. C’est notre deuxième rencontre et on est prêt à aller jusqu’au bout. »

Abdoul Birane Wane « Il ne faut pas qu’on cherche à créer deux catégories de populations »
« Ce mouvement a été crée par la jeunesse après le démarrage de l’opération d’enrôlement. Les autorités mauritaniennes ont recruté de manière injuste, des agents issus d’uns seule race pour exclure les noirs. Voyant le mutisme des leaders politiques négro-mauritaniens, la jeunesse a décidé de prendre la responsabilité et le destin de leur communauté. Nous sommes là pour dénoncer ce caractère raciste dont les autorités font preuves.
Nous demandons à ce que tous les citoyens mauritaniens soient traités au même pied d’égalité. Il ne faut pas qu’on cherche à créer deux catégories de populations. Les maures se recensent sans problèmes, parce qu’à priori on dit qu’ils sont forcément mauritanien, alors qu’ils réservent des traitements humiliants aux noirs.
Nous demandons purement et simplement l’arrêt de cette mascarade. Ces sit-in sont destinés à attirer l’attention des autorités, s’ils ne réagissent pas, nous serons obligés de prendre d’autres formes de lutte. Je profite de l’occasion pour demander au ministre de l’intérieur de prendre ses responsabilités. C’est lui qui endossera cette responsabilité devant l’histoire. Ils passent tout leur temps à parler d’unité nationale, or ce recensement n’est qu’une manière de diviser la Mauritanie. Nous utiliserons tous les moyens possibles pour éviter qu’on nous chasse de notre pays. Nous reviendrons aussi longtemps que durera cette injustice. »

Tah Ould Habib « Nous demandons l’égalité et la justice sociale pour tous les mauritaniens.»
« Je suis membre du mouvement du 25 février. Nous sommes là aujourd’hui pour soutenir le mouvement contre ce recensement injuste et qui humilie des mauritaniens dans leur pays. Nous sommes là pour dire que nous n’accepterons pas ca et que ce recensement ne passera pas. C’est inacceptable qu’ils divisent les mauritaniens pour mieux partager le gâteau entre certains officiers ou avec d’autres corrompus. Nous demandons l’égalité et la justice sociale pour tous les mauritaniens. »

Amy Nguessan « Ils sont obligés d’enrôler tout le monde »
« Je suis opératrice d’état civil, ma mère est mauritanienne, elle est de Rosso. Ils ont enrôlé ma mère, et ils refusent de m’enrôler parce que mon père est ivoirien. Je suis née et j’ai grandi ici. Je leur ai dit que je ne suis pas découragé parce qu’il y a les Oulad Négri, les Oulad Marco, les Oulad Michel, qui sont tous des métisses. Ils sont obligés d’enrôler tout le monde car les maures sont plus métissés que les noires. »

Ba Mamadou Kalidou « nous passerons à la phase supérieur »
« Nous avons constaté depuis le début du recensement que la communauté négro-mauritanien est systématiquement rejeté, vilipendé. Leur nationalité est remise en cause sur toute l’étendue du territoire nationale. Si vous avez un patronyme Ba , Diallo, Traoré, Coulibaly…les commissions s’érigent en juges pour vous soumettre à une interrogation. Le but de se recensement doit être de constituer pour l’ensemble des mauritaniens, des données d’état civil fiables. Cela ne doit pas être une occasion d’exclure la communauté noire et de perpétuer le racisme d’état. On ne peut pas résumer l’existence de la Mauritanie à une seule communauté. Les maures sont mauritaniens, mais les harratines, les peuls les wolofs les soninkés, les bambaras sont mauritaniens. Nous demandons la démission du directeur nationale d’enrôlement par ce qu’il a fait preuve de laxisme et d’incompétence, voir même de racisme. Nous voulons qu’il soit limogé. Nous voulons la suspension de ce recensement. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout, s’ils ne nous entendent pas,. Nous irons faire un sit-in permanent devant la direction nationale des recensements pour exiger l’arrêt et la remise en question de cette mascarade. »
Rappelons que l’opération d’enrôlement des populations est décriée depuis son démarrage par les populations négro-mauritaniens, et une partie de la société civile.
Compte rendu Dialtabé

Source: Le quotidien de Nouakchott

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