mais fait abstraction aux problèmes qui fâchent liés notamment à la baisse des prix des denrées alimentaires, à l’organisation libre et transparente des prochaines élections, au respect des libertés publiques et enfin à l’ouverture des médias publics à l’opposition. Réponse du berger à la bergère, une manifestation dans un ordre dispersé à Nouakchott, le 15 juillet prochain par l’APP, le 17 juillet par Tawassoul , le 21 juillet par le RFD et enfin la coordination en une seule en fin juillet. Pour les observateurs, Ould Aziz entretient cette illusion de la démocratie depuis 2 ans maintenant en mettant en œuvre des élections dont la transparence ne peut être assurée par une administration acquise à sa cause et très inexpérimentée en la matière.
Déjà 2 ans. Ould Aziz a été élu président en juillet 2009 et par la même occasion avait enterré rapidement les accords de Dakar qui prônaient le dialogue inclusif .Aussitôt il met en avant une politique tous azimuts de lutte contre la gabegie et la corruption et parallèlement une politique coûteuse pour lutter contre le terrorisme d’Al Qaïda en réformant notamment l’armée. Le nouveau locataire de la Maison brune s’appuie ainsi sur ces deux chevaux de bataille pour marginaliser l’opposition mais pas pour longtemps puisque cette dernière s’est vite regroupée au sein d’une coordination pour occuper le terrain des manifestations populaires pacifiques qui ne vont pas tarder à porter leurs fruits. La COD qui regroupe aujourd’hui le RFD de Ould Daddah, l’APP de Ould Boulkhair, l’UFP de Ould Maouloud, TAWASSOUL de Ould Mansour, El Wiam de Ould Houmeid et la CDN de Ould Bettah a le vent en poupe et les difficultés économiques et sociales que traversent le pays sont de grands secours pour qu’elle propose une plate-forme de dialogue il y’a une semaine à Ould Aziz. Après deux années d’échec la Mauritanie est au bord de l’implosion sociale caractérisée par les revendications du Mouvement de la Coordination des Jeunes du 15 février nés du printemps arabe, la hausse des prix des denrées alimentaires celle du carburant et du gaz, la grève du personnel de la santé, de l’enseignement secondaire et de l’audiovisuel public, des ouvriers des cités minières…. Quatre autres dossiers menacent la paix et la cohésion sociale. Le retour des réfugiés mauritaniens dont la réinsertion sociale est de plus en plus hypothétique, la résurgence de l’esclavage, le recensement administratif sur fond de crise d’identité nationale et la guerre contre l’AQMI. Face à tous ces impératifs Ould Aziz accepte maintenant de discuter en invitant l’opposition sur son terrain de prédilection à savoir la démocratie, l’unité nationale et les libertés fondamentales. Contournant ainsi les problèmes de fond relatifs à la hausse des prix des denrées de première nécessité, à l’organisation libre et transparente des prochaines législatives et municipales et enfin à l’ouverture des médias publics à l’opposition. Le chef de l’Etat mauritanien entend garder ainsi ses marges de manœuvres à commencer par valider les listes électorales des présidentielles de 2009 sous prétexte de les réviser.
Ce ticket pré gagnant lui permet d’instrumentaliser la procédure électorale pour légitimer son pouvoir actuel sur le plan national et international .Mais il est rattrapé ainsi par la réalité des derniers rebondissements sur le recensement administratif censé moderniser l’état-civil .Si l’accent est mis sur le système biométrique mis en œuvre, il n’en demeure pas moins que les imperfections graves décelées dans le cadre de l’opération de l’enrôlement des populations et non corrigées risquent de conduire le pays à une situation similaire des évènements de 89 où des milliers de négro-africains sont devenus des réfugiés et apatrides. Sur le registre du parti de la majorité l’UPR a réussi sans trop de peine à intégrer d’autres partis comme l’ADIL de l’ex- premier ministre Ould Waghf, l’AJD-MR de Ibrahima Sarr et le MPR de Kane Hamidou Baba .En contrepartie de ces ralliements peut-être des députés et sénateurs au prochain parlement. Fort de ces nouveaux atouts le président des pauvres peut dormir tranquillement sur ses lauriers d’autant plus que 4 partis de la COD ont décidé de boycotter le scrutin du 1er octobre prochain. Sans oublier le mécanisme de la solidarité tribale et du clientélisme dans sa nouvelle version de lobbies d’affaires qu’il connaît très bien et qui lui ont permis de gagner les dernières sénatoriales. Une situation assez confortable qui lui permet actuellement de ne pas miser sur un quelconque bilan sur la gabegie et la corruption encore moins la guerre contre l’AQMI dont le succès sur le terrain est incontestable mais qualifiée de « guerre par procuration des pays occidentaux » par l’opposition dont le forcing est d’inciter Ould Aziz à l’ abandon et de mettre en œuvre une véritable politique sociale en faveur des plus démunis. L’analyse d’un politologue mauritanien sur l’expérience
démocratique est plus que d’actualité quand il conclut que « *la démocratie ne se réduit pas à l’organisation d’élections plus ou moins tronquées d’autant que les conditions matérielles et humaines ne sont pas souvent réunies. Un espace de liberté est vital pour permettre aux intellectuels de jouer leur rôle critique. Il faut aussi que l’opposition soit présente à l’Assemblée nationale et au Sénat, modernisés, pour aborder de manière responsable tous les sujets de préoccupation y compris celui de l’esclavage qui représente une des verrues de la société mauritanienne ».
Baba Kane