Lutte contre l’excision : Les pratiques régressent selon Mme Seydi Camara

La lutte contre l’excision s’organise de plus en plus, aussi bien à Nouakchott qu’à l’intérieur du pays.Mme Seydi Camara, sage-femme, qui se trouve à la tête d’une ONG engagée dans la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), parle du cas de Kiffa.

 

 

 

Le Rénovateur Quotidien : La lutte contre les MGF est-elle une réalité à Kiffa?
Mme Seydi Camara : C’est bien une réalité.

Le Rénovateur Quotidien : Quelles sont les personnes et organisations qui sont à la pointe de la lutte contre l’excision?
S.C : Les structures de la société civile, l’état, les partenaires, les religieux et les élus.

Le Rénovateur Quotidien : Leur engagement a-t-il permis de réduire la pratique des MGF ?
S.C : Il n’y a pas eu encore une enquête depuis la mise en place du projet de lutte pour la promotion de l’abandon volontaire des MGF qui est dans sa première année. Vous savez que le changement de comportement est lent. En tant que prestataire de santé, je constate une diminution, parce que les complications immédiates liées à la pratique qu’on recevait ont diminué et le suivi du projet a permis de constater quelques exciseuses qui ont déclaré l’abandon de la pratique.

Propos recueillis par Samba Camara

Point de vue religieux sur les MGF

Trente quatre imams et oulémas mauritaniens avaient signé début 2010 à Nouakchott, une fatwa interdisant la pratique de l’excision dans le pays. En vertu de cette nouvelle donne, il est depuis possible d’évoquer cette interdiction dans les discours de prêche à l’intérieur comme en dehors des mosquées, qui évitaient toujours de parler de cette question, malgré les nombreux maux qu’elle cause aux citoyens parallèlement aux autres suscitant l’intérêt des imams. A propos de cette fatwa, rappelons qu’elle stipule que les excisions se sont avérées néfastes, selon l’avis des experts et donc interdites au vu des dommages qu’elles entraînent. Selon les auteurs de la fatwa, il n y a pas dans le Coran des textes très clairs qui demandent l’excision, soulignant que les MGF n’ont pas de lien avec la religion, contrairement à ce que de nombreuses familles tendent à faire croire. Certains oulémas et imams sont même allés jusqu’à dire que l’excision est une pratique anti-islamique, la religion condamnant tout acte ayant des répercussions négatives sur la santé. Sur le plan des statistiques, d’après des chiffres fournis par le gouvernement et l’UNICEF, l’excision touche près de 72% des Mauritaniennes. Officiellement, elle est prohibée depuis que le pays a ratifié la Convention Internationale des Droits des Enfants, en 1989. Cependant, cette prohibition formelle n’a pas mis fin à l’activité des exciseuses. Nombre de fillettes de quelques jours sont toujours conduites par leurs proches chez la chirurgienne traditionnelle du village. Les enfants des ethnies soninkés et peuls étant les plus fréquemment victimes de cette pratique.

MOML

Source  :  Le Rénovateur le 06/07/2011

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