Ne retenez pas seulement « en fait, c’était une prostituée » ; ni même « en fait, selon le New York Post, c’était une prostituée », mais mobilisez vos neurones pour retenir la proposition entière :
« En fait, selon des détectives employés par la défense de DSK, et dont le New York Post prétend qu’ils lui ont parlé, c’était une prostituée. »
La seule chose certaine dans l’histoire, enfin disons moins incertaine que le reste, c’est la bataille de com menée par ceux qui sont encore en état de la mener, au premier rang desquels, justement, le camp DSK, qui fonce dans la brèche depuis vendredi.
Du personnage de Nafissatou dépend l’avenir de DSK
Pourquoi le camp DSK en rajoute-t-il ? Pourquoi, sur le front de la menteuse tardivement et piteusement découverte par le procureur Vance, rajoute-t-il le tatouage de la putain ? Parce que Nafissatou D. doit être une putain. Non seulement, à New York, pour écraser Vance, et le laisser pantelant, face contre terre, mais aussi pour le public français, que l’on n’oublie pas.
Si elle avait seulement menti dans ses entretiens d’immigration, si elle avait seulement menti à propos de l’heure suivant les faits, si elle avait seulement menti sur ses ressources et sur sa déclaration d’impôts, il se trouverait encore, en France, des âmes sensibles pour considérer qu’il n’est pas forcément autorisé, même au directeur général du FMI, de violer une menteuse.
Des contours du personnage de la plaignante dépend rien moins que le retour en France du héros, et la suite de sa carrière. Nafissatou D. simple menteuse maintient encore l’image de DSK sous la ligne de flottaison. Nafissatou D. putain, c’est le moindre mal. Ce n’est pas très glorieux, mais c’est la moins mauvaise solution.
Rien que de la supputation
Restera à expliquer la passe, une heure avant d’aller déjeuner avec la fille, et avant de reprendre l’avion pour retrouver l’épouse, mais on retombe là dans l’ordinaire. La France est bonne fille. Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : Nafissatou D. est peut-être en effet une putain. Je n’en sais rien, vous non plus, et tous ceux qui en parlent, ou l’écrivent, n’en savent rien non plus. Tout ce que l’on peut faire, c’est tenter de déchiffrer la signature des rédacteurs de scénarios, et supputer leurs mobiles. On ne fait rien de plus, ici, depuis six semaines.
Un qui va avoir besoin d’un bon conseiller en com, si le personnage « Nafissatou putain » prend corps, c’est le groupe Accor, propriétaire de l’hôtel Sofitel de New York. Parce que ce personnage ouvre une voie royale aux mille scénarios du piège, ou du complot, ou de ce que vous voudrez. Si Diallo se prostitue, ses collègues qui la couvrent d’éloges, la direction de l’hôtel itou, peuvent-ils l’ignorer ? Et voilà qu’apparaît l’ombre de la DGSE.
On bascule là dans un tout autre scénario, dont les rapports avec le réel – c’est à craindre – resteront tout aussi inconnus que lors de la saison 1. Restera la maigre consolation d’analyser les scénarios, et de supputer les mobiles de leurs auteurs.
Source: rue89