au de-là même de ses frontières, l’opposition choisit le terrain du dialogue en proposant une feuille de route maintes fois formulée depuis les accords de Dakar en 2009 . Pour les observateurs, l’opposition attend tellement ce moment depuis le quinquennat du nouveau locataire du palais de Nouakchott pour décrisper la situation politique et être plus crédible vis-à-vis de ses électeurs.
De retour du pays de Mandela, l’Afrique du Sud où il vient de mener une médiation de l’UA sur la crise libyenne, Ould Aziz s’est tout de suite replongé sur la politique intérieure en recevant le bureau de la coalition des partis de la majorité pour donner suite à la feuille de route proposée cette semaine par la Coordination de l’opposition sur le dialogue inclusif.
Auparavant il avait préparé le terrain en recevant Ould Boulkhair, président de l’assemblée nationale et le chef de l’APP qui traverse une zone turbulence au sein de son parti et de l’opposition. Mais il a pris le temps de clarifier sa position à ses militants de base dans le cadre d’un périple à l’intérieur du pays sur le dialogue avec le pouvoir. Et Ould Houmeid le
chef du parti El Wiam qui continue d’engranger des ralliements de la majorité présidentielle et même de l’APP en l’occurrence Oumar Ould Yali sans compter des cadres de la Moughataa de Kobéri. Ce qui semble accélérer cette retrouvaille autour de la table de négociation c’est bien entendu la crise sociale et économique que traverse le pays avec en toile de fonds des
manifestations par toutes les couches de la société relayées par les syndicats. Mais aussi l’organisation des élections législatives et municipales d’octobre prochain sur la base des listes électorales des présidentielles de 2009. Un processus électoral que l’opposition qualifie
non consensuel non transparent et dangereux pour la stabilité politique du pays .En réponse à cette situation devant le fait accompli trois partis de la Coordination le RFD de Ould Daddah, El Wiam de Boiediel et TAWASSOUL de Jamel ont décidé de boycotter le scrutin s’ils ne sont pas entendus. Apparemment Ould Aziz semble revenir sur de meilleurs auspices en consultant d’abord sa famille politique. Mais rien n’est moins sûr. Selon des sources bien informées le président aurait rejeté trois points de cette plate forme à savoir la référence sur les accords de Dakar, la constitution d’une commission conjointe et le recours à la médiation internationale.
C’est clair. C’est bien le retour à la case de départ. Pas question de rappeler à l’ancien général son coup d’Etat d’août 2008 encore moins l’empêcher de tourner en rond à quelques mois des législatives du 1eroctobre .La ligne élaborée avec la coalition des partis de la majorité consistera en fait pour le chef de l’Etat mauritanien à mener une politique de l’offre calquée sur son désir de gagner confortablement le scrutin prochain pour poursuivre les réformes déjà engagées. En réalité l’opposition ne l’inquiète plus du fait de son émiettement partiel même si
elle la redoute secrètement. Histoire de jouer avec le temps. Et il ne changera pas d’un iota sa façon de gouverner quelles que soient les critiques de mal gouvernance de l’opposition agacée par la crise économique et sociale qui pèse sur les populations les plus démunies et l’engagement du régime dans une guerre inéluctable contre l’AQMI qu’elle condamne fermement.
En rejetant les fondamentaux du dialogue au moment où le pays vit sur le plan intérieur l’une des plus grandes supercheries de son histoire désignée sous le vocable de l’enrôlement des populations et titres sécurisés, « le président des pauvres » fait preuve de manque de vision pour l’avenir de la Mauritanie. Et par la même occasion il détourne encore une fois une seconde chance pour les mauritaniens de rêver à une Mauritanie nouvelle à l’aune des
crises qui secouent en ce moment la monnaie nationale l’ouguiya très capricieuse. L’explication de tout ça c’est que Ould Aziz veut faire démarrer le compteur du dialogue à partir de son élection en juillet 2009 sans aucune référence au passé. C’est plus facile à défendre pour lui que de lâcher une partie du gouvernail .La démocratie pourrait contre vents et marées se retourner contre lui au moment surtout où il a besoin de gouverner le navire sans tempête pour faire face notamment au défi des extrémistes islamistes d’Al Qaïda qui lui tient à coeur. Après l’espoir suscité par la feuille de route de l’opposition se redirige t-on vers un autre dialogue des sourds ? Il va falloir plus d’une dose homéopathique pour que les deux
parties dépassent le « complexe d’Œdipe » symbolisé par les accords de Dakar. Pour l’instant c’est impossible. Et si dans les jours qui viennent les choses ne bougent pas alors il faudra s’attendre à un été chaud mauritanien.
Baba Kane