Aziz dans la ligne de mire de Chavii ?

aziz4La dernière sortie (virulente) dans les colonnes de la presse locale de Moustapha Ould Limam Chavii contre le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a alimenté,

toute la semaine écoulée, les discussions des états-majors politiques, et probablement celles (muettes) de certaines chancelleries.

Tant il est vrai qu’Ould Chavii n’est pas n’importe qui. Personnage assez intriguant, promenant sa silhouette dans plusieurs foyers de tension dans la zone sahélo-saharienne, murmurant dans les oreilles des puissants chefs d’Aqmi, et celles des services de renseignements occidentaux, il est itinérant dans les capitales ouest-africaines et maghrébines où il est très écouté, prenant résidence à Ougadougou.

La capitale du Burkina Faso, devenue ces dernières années le pivot central de la présence française… et américaine dans la zone du Sahel avec la nomination, septembre dernier du Général Emmanuel Beth, Ambassadeur de France au Burkina et les manœuvres des forces de l’US Africom avaient pris Ouaga pour QG.

Faut-il rappeler qu’Ould Chavii n’est pas à sa première sortie contre Aziz. Hostile au coup d’Etat de ce dernier, il livrait en février 2009, quelques mois avant l’élection présidentielle de juillet, une interview à des journaux locaux, dans laquelle il ne cachait pas son opposition farouche au putsch et au chef de la junte.

D’ailleurs, les deux hommes se connaissent et avaient même, de façon interposée, croisé les armes, le 8 juin 2003, lorsqu’un groupe d’officiers avaient occupé le Palais de la Présidentiel, gardé ce jour par le lieutenant-colonel, Mohamed Ould Abdel Aziz, commandant du Basep (bataillon de la sécurité présidentielle) assurant la sécurité d’Ould Taya.

C’est Oud Chavii qui donna refuge et appui militaire aux mutins (devenus Cavaliers du Changement) qui tentèrent une seconde tentative (avortée aussi) en 2004.

C’est dire qu’en quelque sorte, c’est Ould Chavii qui, en ébranlant le système sécuritaire très verrouillé Ould Taya, ouvrit la porte au coup d’Etat d’Ould Abdel Aziz et ses compagnons du Cmjd, le 3 aout 2005.

Ayant toujours soutenu que c’est Kadhafi qui avait imposé Aziz, Ould Chavii a-t-il choisi sa sortie au moment où le dictateur libyen compte ses derniers jours pour montrer qu’Aziz est désormais en période de sursis ?

En tous cas, ses propos le laissent entendre quand il dit : « Tout au plus, pourra-t-il négocier des périodes de répit, plus ou moins brèves, qui ne sauraient permettre la moindre perspective ni d’ailleurs cette nécessaire projection au-delà de 6 mois sans quoi toute politique dérive dans le bricolage ».

Sa richesse matérielle, son ancrage social dans la société mauritanienne (il est issu des Tejekanet, tribu fortement présente dans le Charg et avec des prolongements dans le Sahel), ses relations dans les hautes sphères des pouvoirs africains et occidentaux, ses rapports étroits avec plusieurs mouvements de rébellion, sa position de négociateur principal dans les prises d’otages, ses bons rapports avec les partis d’opposition en Mauritanie, font d’Ould Chavii un facteur de déstabilisation monumental.

Autant le dire tout de suite, la disponibilité, la gentillesse, l’amabilité (il sourit toujours), le sens de l’amitié du personnage, ne doivent pas faire oublier que ce n’est surtout pas un enfant de chœur.

Comme le disait quelqu’un : « Un Général averti en vaut deux ».

Source : Journal La Presse (Mauritanie) via canalrim

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page