Les fissures au sein du Front Polisario continuent de plus belle. Après, Khatt Echahid, qui s’est totalement démarqué de la gestion népotique de leur «cause » par la vieille garde de Rabouni, c’est autour d’une nouvelle mouvance, lancée par des sahraouis établis en Espagne et dénommée la coordination générale des opposants au front polisario, de rompre les rangs.
Enième coup dur pour le Polisario à la veille de la reprise des négociations informelles de Manhasett (5 au 7 juin 2011). Une nouvelle dissidence se révèle en Espagne pour se démarquer de l’organisation. La mise en place de cette coordination générale des opposants au Front Polisario, installée en Espagne, sera encore officialisée, nous a confirmé l’un de ses initiateurs, joint samedi par téléphone, à l’issue d’une conférence de presse qui sera organisée le 6 juin courant dans la province de Valencia.
La coupe est pleine
Dans un premier communiqué, en tout cas, les nouveaux dissidents inscrivent leur action dans une sorte de consensus auprès de « toutes les franges sahraouies ». Les tractations pour mettre sur pied cette nouvelle organisation remontent, selon ce communiqué, au 27 mai dernier lorsqu’un «groupe de cadres sahraouis résidants à l’étranger a tenu sa première réunion (…) sur le sol espagnol, puisant sa légitimité de la base constituée de jeunes, d’anciens et d’actuels cadres du Front Polisario ainsi qu’une frange considérable de la population des camps des réfugiés de Tindouf». Les initiateurs de cette dissidence politique expliquent leur entreprise par deux faits importants à savoir dont les révoltes arabes ont constitué le déclic. Il s’agit d’abord dublocage enregistré dans le règlement du conflit du Sahara » et ensuite de « l’incapacité du commandement du Polisario à faire avancer le dossier, et sa préoccupation par ses propres intérêts personnels ainsi que l’exploitation des conditions de souffrance de nos familles dans les camps des réfugiés de Tindouf». Une accusation souvent réitérée contre les dirigeants du Front « notamment par le détournement des aides et la consolidation de la politique de clientélisme et d’héritage dans les institutions publiques… » alors que la Coordination enregistre que dans les camps de réfugiés « les conditions détériorées, inhumaines et lamentables de nos familles » sont le «résultat de la mauvaise gestion des affaires publiques ».
Ce serait donc fort de ce constat que ce groupe a décidé de créer Déclare la Coordination Générale des Opposants au Front Polisario et a ainsi décrété sa «dissidence contre l’organisation du Front Polisario et son engagement dans une opposition pacifique structurée, comprenant toutes les franges de la société sahraouie ».
Divergences sur le fonds
Alors que cette nouvelle dissidence «assure que le rôle joué par les jeunes et les autres personnalités nationales ainsi que les moyens et hauts cadres constitue la base et le fondement de l’organisation » dont le but est se présenter comme un autre interlocuteur crédible des populations sahraouies offrant une nouvelle perspective que celle des actuels dirigeants du Polisario. La Coordination entend, selon son communiqué, livrer bataille sur le terrain avec la vieille garde du Polisario s’arrogeant ainsi le droit «à la liberté de mouvement et de circulation, dans toutes les régions peuplées par les sahraouis, dans l’objectif de les mobiliser et les encadrer » y compris donc à Tindouf. Cependant, la Coordination se montre plus démocratique en déclarant son le respect du « principe de divergence des opinions, et son attachement profond aux principes démocratiques, aux droits de l’Homme et à l’alternance politique du pouvoir d’une manière pacifique ». Un registre sur lequel elle marque certainement des points face à l’unilatéralisme érigée en règle par le Polisario comme en témoigne l’affaire Salma Sidi Mawloud. La Coordination, qui se dit ouverte aux autres opposants, annonce encore qu’elle a mis en place un directoire « pour prendre toutes les dispositions nécessaires à l’établissement de relations dans le but de faire connaître la coordination et obtenir sa reconnaissance internationale ».
Elle a enfin exhorté « la communauté internationale, en particulier l’Organisation des Nations Unies en la personne de son Secrétaire Général et son envoyé personnel, d’œuvrer pour son association au processus de négociations » en cours pour une issue pacifique du conflit.
Jedna DEIDA
Le quotidien de Nouakchott Avec communiqué CGOFP
