Yémen : Ali Abdallah Saleh blessé lors de combats à Sanaa

ali-abdallah-salehDe violents combats ont repris, vendredi 3 juin, dans la ville de Sanaa, entre les forces gouvernementales et les partisans du chef tribal Sadek Al-Ahmar.

Après une brève accalmie, de violents affrontements à l’arme lourde ont éclaté autour du complexe d’Hassabah, où est retranché le chef de la tribu des Hached Sadek Al-Ahmar, et du palais présidentiel. Il s’agit de la première fois depuis le début de la contestation que le président Saleh est frontalement attaqué. L’Union européenne a annoncé vendredi soir qu’elle allait coordonner l’évacuation de ses ressortissants.

François-Xavier Trégan, correspondant du Monde au Yémen, raconte la tension dans la capitale Sanaa et les combats entre les partisans du président Saleh, légèrement bléssé vendredi, et la confédération tribale des Hached.

Ali Abdallah Saleh et le premier ministre Ali Mohamed Moujawar ont été blessés par des tirs d’obus sur le palais présidentiel. Ce bombardement a fait sept morts et plusieurs blessés, parmi lesquels l’imam de la mosquée du palais.

La télévision officielle yéménite a diffusé vendredi soir un bref message audio du président dans lequel il a affirmé bien se porter et être « en bonne santé ». Il aurait été soigné à l’hôpital du ministère de la défense, selon un responsable du régime. Le président du Parlement ainsi que le gouverneur de Sanaa et le vice-premier ministre ont également été touchés. Les deux derniers se trouvent dans un état critique, selon les services de sécurité.

Un porte-parole du parti présidentiel a accusé le chef tribal Sadek Al-Ahmar d’être responsable de ces tirs. « Les Al-Ahmar ont franchi toutes les lignes rouges », a-t-il lancé. Dans son discours, Saleh a appelé « les forces armées à nettoyer les institutions de l’Etat de ces gangs ». « C’est une initiative pour déclencher une guerre civile dans le pays », a rétorqué le chef de tribu, qui a démenti être à l’origine de l’attaque.

Cette attaque a été condamnée, vendredi soir, par la Maison Blanche.

>> Voir notre portfolio sonore expliquant les raisons de l’attaque de la tribu des Hached

  • Bombardements lourds, les habitants fuient Sanaa

Dans le même temps, les combats s’étendaient à toute la ville. La garde républicaine, corps d’élite de l’armée yéménite, ont bombardé intensément la résidence de Sadek Al-Ahmar et celle d’un autre dignitaire tribal, cheikh Hamid Al-Ahmar, dans le quartier de Hassabah.

Selon un contact sur place, joint par Le Monde.fr, les accès à la ville sont bloqués par les militaires pro-Saleh afin d’empêcher tout renfort pour les troupes de l’opposition. Il précise que les combats sont localisés autour des camps de base du président Saleh et d’autre part à Hassabah, quartier général du clan Hached. Le reste de la ville est plus calme. Les habitants de Sanaa tentent de quitter la ville, selon ce contact, fuyant notamment des pénuries d’essence, de gaz et d’électricité.

 

Une foule se masse dans les rues de Sanaa, vendredi 3 juin.

Une foule se masse dans les rues de Sanaa, vendredi 3 juin.REUTERS/AMMAR AWAD

  • Manifestations sous haute tension

Après le démenti des Al-Ahmar, les soupçons se portent sur un autre ancien allié du président, le général Ali Mohsen, qui a fait défection en avril et dont les troupes protègent à Sanaa les manifestations pacifiques de l’opposition. Des blindés de sa 1re division ont été déployés aux entrées de la place centrale de Sanaa. Des positions de la 1re division blindée ont été également visées par des obus, ont indiqué les mêmes sources. Les forces du général Ahmar sont restées jusqu’ici à l’écart de la bataille entre les forces gouvernementales et les combattants tribaux.

Une manifestation des partisans du président Saleh était prévue, vendredi à Sanaa. Pour leur part, les protestataires, dont le nombre a considérablement baissé au cours des derniers jours en raison des violences à Sanaa, ont appelé à une manifestation de « fidélité à Taëz », grande ville du sud-ouest du pays, où un sit-in permanent a été dispersé lundi par les forces de l’ordre au prix d’une cinquantaine de morts.

Source : LeMonde.fr

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