Quelle place pour le secteur privé mauritanien : quelques pistes d’appréciation

Les données disponibles sur le secteur privé mauritanien ainsi que sur sa contribution à l’effort de croissance nationale sont quasi-inexistantes, sinon se limitent à des indicateurs abstraits, puisés essentiellement sur le constat apparent et approximatif de l’état de telle ou telle activité dressé par des d’initiés aux secrets économiques.

 

 

Au cours d’une récente journée parlementaire organisée sur les défis du secteur privé, une approche plus ou moins crédible et mesurable a été cependant présentée sur ce moteur clé de toute économie prospère.

Il s’agit d’un ensemble d’éléments d’appréciation identifiés et rassemblés par le consultant spécialiste en développement du secteur privé Haroune ould Sidatt, dont la pertinence avait permis incontestablement, aux députés, de combler le vide quantitatif et qualitatif d’appréciation de cette seconde mamelle de l’économie mauritanienne, qui suscite un intérêt croissant de la part des autorités pour donner un coup d’accélérateur à la croissance économique nationale. Dans son exposé, le consultant indique que le secteur privé est un partenaire stratégique dans le développement national, qu’il est la source principale de la création d’emplois, de richesse et de valorisation des ressources nationales ainsi qu’un partenaire essentiel au développement de la Mauritanie. En matière économique, le secteur privé est le fer de lance du développement durable, lequel a besoin de l’appui d’une croissance saine des indicateurs macro-économiques. En Mauritanie, le jeune secteur privé national fait face depuis l’indépendance à de nombreux défis structurels, institutionnels et socio culturels. Malgré la position stratégique du pays, les ressources naturelles et les nombreuses potentialités, l’activité demeure relativement faible et le secteur peu compétitif et peu structuré. En effet, l’économie se base sur le système de rente avec une absence de diversification et un focus sur le commerce de base. De nombreuses études ont été réalisées pour évaluer les facteurs internes et externes du développement du secteur privé. Des contraintes majeures ont été relevées dont un environnement des affaires difficile dans l’ensemble causé par la lourdeur administrative, un cadre juridique complexe ainsi qu’à une absence d’infrastructure et de main d’œuvre qualifiée pour ne citer que cela, la lenteur dans l’administration de la justice, une perception non négligeable de son manque de neutralité et une corruption répandue et souvent structurelle, l’instabilité même dans les institutions techniques avec une faible capacité de coordination, de gestion et de décisions et le manque de vision stratégique ou de politique à moyen terme pour le secteur et pour l’investissement, accompagné d’un manque de promotion de l’entreprenariat, de la formalité ou encore de la qualité. En termes d’emplacement dans l’économie mondiale, la Mauritanie peut à la lumière des positionnements suivants mieux refléter le visage de son secteur privé et le rôle dévolu à ce dernier pour hisser davantage la place de la Mauritanie, dans l’économie mondiale, surtout qu’avec une optimisation des intervenants économiques non étatiques dans les secteurs minier, halieutique, énergétique et aurifère la croissance devrait se revigorer et s’engager dans des sentiers de croissance plus prometteurs et plus bénéfiques pour l’avenir du pays. Ainsi, en l’absence d’une bonne visibilité de l’état des lieux du secteur privé, on peut mettre à contribution les positions suivantes de la Mauritanie dans le contexte mondial et sous-régional pour mieux cerner les mesures que les autorités sont appelées à prendre pour engager la locomotive économique nationale sur des bons rails avec le secteur privé comme stimulateur primordial. Dans sa présentation, l’expert Haroune Sidatt estime que l’attractivité de la Mauritanie doit être améliorée pour drainer davantage d’investisseurs, précisant que les classements du pays fournissent une image mitigée : 165éme sur 181 pays selon les indicateurs Doing business 2011 de la banque Mondiale ; catégorie de développement humain faible dans l’indice de Développement humain de UN ; 134éme sur 179pays pour l’indice de liberté Economique de l’Héritage Foundation ; 114éme sur 126 pays pour l’indice de compétitivité Globale du World Economic Forum de Davos. Dans ces exposés, la corruption est présentée comme un problème sérieux avec un coût élevé pour la Mauritanie. En effet, plus de 10% de la valeur des contrats avec l’administration est perdu en paiements informels, avec une perte des firmes de 6,4% de leurs chiffres d’affaires en raison de ces problèmes. Selon l’enquête Ica 2006, les principaux facteurs bloquants sont la lourdeur des procédures administratives, le système fiscal contraignant, le coût et disponibilité de facteurs de production, le dispositif judiciaire, la corruption répandue et la productivité du travail. Les principales contraintes au développement des entreprises formelles tel qu’elles ressortent des réponses des entreprises sont quant à elles l’accès et le coût des financements bancaires, les taux d’imposition et administration de la législation fiscale, les pratiques anticoncurrentielles du secteur informel et des groupes économiques, l’infrastructure de base : l’électricité, port, Eau ainsi que les règles douanières du commerce extérieur. Les firmes informelles perçoivent à leur tour certaines contraintes de manière similaire (l’accès et le coût des financements, les taux d’imposition, les pratiques anticoncurrentielles du secteur informel l’électricité), mais font aussi face des problèmes plus spécifiques tels l’accès à la terre et le transport.

Mohamed Ould Mohamed Lemine

Source  :  Le Rénovateur le 24/05/2011

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