Rapatriement assisté de réfugiés :

Le gouvernement mauritanien laisse en rade 6364 VRF.

 

 

Après la suspension des opérations de rapatriement organisé décidé par le HCR en décembre 2009, il était convenu que dans le cadre de l’accord tripartite, d’étudier les demandes de candidats au retour assisté dont les dossiers seront examinés et transmis par les autorités mauritaniennes à la commission chargée de piloter cette nouvelle phase.Le HCR avait alors décidé de financer ces nouveaux cas dont l’acheminement sera assuré par les autorités mauritaniennes en particulier l’ANAIR.C’est chose faite côté fonds, mais …

le ministère de l’intérieur et de la décentralisation continue d’afficher une attitude qui frise l’indifférence face à cet engagement pris en commun accord avec les autres parties impliquées dans ce processus. Au total ce sont quelques 6364 personnes qui attendent de déposer leurs baluchons dans les sites de destination encore inconnus. Jusque-là cette formule dite de rapatriement assisté qui consiste à « repêcher » ceux qui ont raté les opérations du rapatriement organisé en raison du désengagement du HCR en décembre 2009 et qui en ont exprimé la demande , traîne du côté de Nouakchott . Seuls 1436 personnes ont pu profiter de cette opportunité sur 2484 dossiers déjà traités et transmis à la commission qui devait faire le nécessaire. Ce qui n’a pas été le cas et les raisons n’ont pas été prouvées. En plus, 5226 cas devraient être examinés avant décembre 2010 par la commission qui ne s’est plus réunie depuis le 31 décembre 2009. Ces cas appelés dans le jargon consacrés les VRF signifiant littéralement de personnes dûment enregistrées sur les formules d’identification et qui doivent faire l’objet d’examen sont dans l’expectative et ne savent pas quand on fera suite à la leur demande pressante. Or, l’annonce faite en 2010 devant le parlement par ministre de l’intérieur mauritanien Mohamed Ould Boilil déclarant la fin des opérations de rapatriement est en violation de l’accord tripartite auquel la Mauritanie est partie prenante. En vertu de cet accord, l’arrêt concerne les opérations de rapatriement volontaire mais n’annule pas le retour assisté tant que des familles expriment le désir de rentrer chez elles. D’ailleurs ces candidats au retour seront de moindre coût pour l’Etat contrairement aux premiers contingents d’autant plus que les frais de transport sont versés directement par le HCR à l’agence. En outre, il faut souligner qu’en 2008, Un deuxième recensement avait permis à ces disqualifiés pour le retour organisé de s’enregistrer et par conséquent ils ont le droit de postuler à la phase rattrapage offert par le retour assisté. Parmi ces dossiers transmis au CNIR (commission nationale d’identification et de recensement) figurent les cas déjà mentionnés se rapportant aux VRF dont le nombre est estimé à 6364 personnes.

Les dessous d’un blocage

Les réfugiés désireux de bénéficier de cette nouvelle possibilité ayant été approuvée par le HCR ne comprennent pas les raisons qui freinent un processus qui avait été lancé par le pouvoir déchu et qui avait obtenu son pic avec l’arrivé de Mohamed Ould Abdel Aziz, se termine en dent de scie alors que le plus difficile a été franchi. Au moment où une évaluation positive devait être faite par l’ANAIR avec les partenaires engagés dans ce dossier le cas de ces VRF se pose encore avec acuité. Comment comprendre que le HCR débloque les fonds nécessaires et que l’ANAIR dispose de l’expertise suffisante sur le plan organisationnel, que le ministère de l’intérieur observe un silence radio à ce sujet. Y a-t-il des mains invisibles qui cherchent à torpiller ce processus dont le parachèvement devait se terminer en beauté ? Pourquoi le CNIR le pivot du dispositif mis en place par le ministère de l’intérieur avec ses démembrements suspend –il ses activités alors que des cas de retour sont encore sur la table ? Le conseil d’administration de l’ANAIR auquel sont représentés les réfugiés et les rapatriés qui n’a certes pas autorité sur le politique pour imposer ses lois a été instruit de ces cas par les candidats au retour. A l’approche de la saison des pluies et au moment où l’agence chargée du retour et de la réinsertion consolide les acquis pour assurer une réintégration durable des rapatriés le gouvernement doit lever le blocage et permettre à ces VRF de regagner dans les meilleurs délais leur pays. Le contraire serait en contradiction avec les engagements de la Mauritanie et surtout un cheveu dans la soupe du programme du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

L’ANAIR dans tout ça ?

Selon les informations obtenues auprès des responsables de cette agence, le cas de ces VRF mérite d’être réglé pour que le plan d’action entamé soit poursuivi selon les normes et en conformité avec les engagements souscrits par les autorités. Le cas de ces VRF découle de la décision concertée d’arrêter le rapatriement volontaire organisé. En lieu et place une nouvelle perche est tendue aux réfugiés désireux de revenir de manière digne et officielle. L’ANAIR a proposé au HCR les modalités pratiques pour accompagner cette phase jusqu’à son aboutissement. Mais les prérogatives de l’agence d’accueil et d’insertion des rapatriés ne peuvent se réaliser sans la levée d’obstacles d’ordre politiques. La responsabilité doit donc être cherchée du côté du ministère de l’intérieur qui a le dernier mot sur ce dossier qui entrave le déroulement du reste du processus. L’ANAIR en tant qu’institution opérationnelle doit être aidé par le ministère de l’intérieur pour pouvoir parachever son œuvre dont le travail nécessite encore de l’énergie et des sacrifices supplémentaires

La rédaction

Source  :  Le Rénovateur le 21/05/2011

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