Communiqué de l’IRA sur les disparitions forcées

Ahmed Ould Neinny, ministre Mauritanien des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel, a déclaré, ce mercredi 18 Mai 2011, avoir reçu des instructions  du chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, de procéder au marquage et à  l’identification des sites et des victimes des disparitions forcées

 

 

des exécutions extrajudiciaires et procès inéquitables depuis 1960. Cette décision vient immédiatement après la conférence de presse organisée par Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA- Mauritanie), lundi 16 Mai 2011 à l’Hôtel Mercure.

Au cours de cette conférence de presse, Biram Dah Abeïd, président d’IRA- Mauritanie, a réclamé de manière claire et sans équivoque, l’enclenchement d’un processus qui vise le rétablissement dans leur dignité et leurs droits, des populations noires de Mauritanie, endeuillées par la tentative de génocide orchestrée par l’Etat, et qui s’est échelonnée sur plusieurs années, entre 1986 et 1992. Aussi a-t-il rappelé, son rejet catégorique de l’ensemble des décisions unilatérales prises par l’axe Etat- système oligarchique en vue d’étouffer et de taire les revendications des ayant droit des victimes et les voix des justes lesquelles appellent à la recherche de la vérité, à la fin de la soustraction des présumés coupables à la loi, à l’équité dans les réparations, à la réhabilitions des martyrs et la remémoration de ces pages sombres de l’histoire de notre pays.

Dans cet ordre des choses, IRA considère la loi d’amnistie votée en faveurs des présumés tortionnaires en 1993 par le parlement monolithique, et la mascarade de prière de l’absent, mise en scène par le général  Mohamed Ould Abdel Aziz en 2010 à Kaédi, comme des tentatives d’obstruction à la vérité, à la justice et à la réconciliation en Mauritanie.

IRA- Mauritanie a aussi saisi cette occasion pour situer la responsabilité de l’axe Etat- système dominant et ses hommes de service, dans la prolongation de la souffrance et misère des victimes et ayants droit, le maintien de l’état de l’impunité dont jouissent toujours les génocidaires, auteurs des crimes d’épuration commises à l’endroit des personnalités et cadres, civils et militaires, Noirs Mauritaniens. S’adressant à l’opinion publique nationale et internationale, Biram Dah Abeïd  a affirmé que : « Nous voudrions que la communauté internationale braque ses regards sur Inâl. Nous voudrions toucher la conscience des justes, des peuples, des organisations de défense des droits de l’Homme, des organismes internationaux pour que justice soit faite, car nous avons un devoir vis-à-vis des morts« .

Biram Dah Abeïd a en outre, annoncé la volonté d’IRA de commémorer en 2011 à Inâl (localité du nord de la Mauritanie, théâtre d’exécutions barbares de plusieurs dizaines de militaires mauritaniens d’ethnie peulh),  les 27 et 28 Novembre, en souvenirs de ses martyrs sacrifiés sur l’autel de la haine, au nom des dieux du racisme.

C’est dire que cette nouvelle manœuvre prise par le régime de Ould Abdel AZIZ, connu pour être rompu au populisme et à l’improvisation, vise à divertir les mauritaniens et saborder notre initiative annoncée.

L’élaboration d’une cartographie des fosses communes et d’une liste identifiant les victimes, avant la reconnaissance du génocide et la mise en place d’une commission nationale indépendante d’enquête, est un geste de désespoir qui relève du mécanisme d’impunité visant à épargner les présumés criminels ; présumés qui se comptent parmi les piliers du régime actuel en ce sens qu’ils continuent à occuper des postes qui symbolisent et incarnent  le peuple et l’Etat.

Nous affirmons, sans risque de se tromper, que cette manœuvre, ne saura guère clore ce dossier ni tourner la page noire de notre histoire contemporaine.

A cette occasion, notre organisation IRA- Mauritanie tient à préciser à l’opinion publique nationale et internationale qu’elle :

 

  1. Exige l’éviction des charges publiques et de la représentation du peuple de toutes les personnes identifiées ou accusées par les victimes ou leurs ayant droits comme ayant participé de près ou de loin, activement ou passivement, à cette épuration ethnique.

  2. Exige l’arrestation immédiate de tous les auteurs des crimes génocidaires et leurs traductions devant la justice qu’ils soient décideurs, exécutants ou idéologues.

  3. Engage l’Etat à procéder à des enquêtes ADN pour identifier les sépultures et les remettre à leurs familles respectives.

  4. Rappelle que l’établissement d’une cartographie des lieux et dépouilles est une initiative dépourvue de toute importance si elle n’est pas précédée par la recherche de la vérité, l’application de sanctions et l’octroi de réparations.

  5. Propose d’élever les victimes de ce génocide aux rangs de martyrs de la patrie.

  6. Demande que leur droit de mémoire soit célébré à travers la commémoration d’une journée nationale dite « journée nationale des martyrs. »

La Commission de la Communication

Nouakchott le 20 mai 2011

 

    Quitter la version mobile