Comment sortir de la quadrature du cercle ?

Si en Mauritanie l’histoire politique du pays n’a pas encore fini de révéler tous ses secrets, il y a des choses qui parlent d’elles- mêmes.D’autres demandent d’être décryptées.

 

Mais quand les faits permettent de livrer les indicateurs de l’évolution de toute une nation, tout devient clair à première vue.Encore faut-il que cette réalité soit accessible à tous du moins à la majorité des mauritaniens.Nous sommes quelque part saisis d’une sorte d’amnésie à telle enseigne que nous oublions le passé.

Ce qui nous empêche de voir le présent et nous prive de toute projection sur l’avenir. Nous avons du mal à tirer les leçons du passé pour nous prémunir contre les risques de dérives de toutes sortes qu’elles soient politiques, sociales, économiques. C’est pourquoi nous vivons des cycles de problèmes qui rappellent toujours que rien n’est réglé en Mauritanie sur le plan des relations entre le citoyen et l’Etat pour que le premier sache s’acquitter de son devoir et le second de ses obligations. On pense que l’état est une vache à lait dont il faut se servir sans jamais servir. On pense à un Etat providentiel capable de tout régler. Le fonctionnaire est formel : les salaires doivent augmenter car la vie est chère. Sinon c’est l’arme de la grève qui sera brandie. Normal mais avons –nous vraiment joué notre rôle avant d’en exiger à l’Etat ? Le pouvoir lui aussi a raté ses réformes sociales, ignoré le dialogue social et méprisé la réalité têtue qui crève les yeux. Nos dirigeants sont autistes, ils ne veulent rien entendre rien voir. Ils ne réagissent que lorsque cela est bien trop tard. Quand il ne sert à rien d’agir. La question de la cohabitation entre les mauritaniens est un problème réel qui se pose tous les jours mais on profère ne pas en parler et quiconque en parle est accusé de développer un discours subversif incitant à la haine. La haine c’est de vouloir réduire au silence ceux qui disent ce qu’ils pensent surtout sur ce qui existe. Aujourd’hui on marque au fer rouge tous ceux qui se battent pour la liberté, la justice, l’égalité. C’est ce qui a valu aux uns d’être taxés d’extrémistes dangereux du fait de leur combat pour une Mauritanie débarrassée du racisme, d’exclusion, de domination ethnique. Aux autres qui dénoncent l’esclavage et revendiquent des droits inaliénables d’être inscrits sur la liste de personnes à abattre. Les opérations d’enrôlement des populations commencent à révéler les intentions qui sous-tendent les critères fixés. Déjà des populations ont du mal à s’inscrire à cause des formalités qui leur sont imposées et des tracas dont ils font l’objet. Au même moment on facilité la tâche à d’autres qui ne remplissent pas mieux les critères exigés. Un recensement à double vitesse qui doit pousser le pouvoir à gérer la situation de manière responsable et citoyenne. En Mauritanie les crises épidermiques sont devenues chroniques depuis plusieurs décennies. A chaque recensement les mêmes phénomènes se reproduisent. Il y a des mains perverses qui agitent les vieux démons. Ce ne sont pas des expédients politiques qui permettent de régler les problèmes. C’est par une réelle volonté de rétablir la justice entre tous les mauritaniens en leur donnant accès à leurs droits.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 18/05/2011

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