Apostrophe : On est où, là?

Plusieurs sites d’informations ont fait état, la semaine dernière, d’une information extrêmement grave: le directeur du Bureau d’Etudes et de Documentation (BED), le contre-espionnage, est entré en négociation avec certains responsables du syndicat de la Santé,

 

pour tenter de trouver une issue à la crise qui paralyse ce secteur. Au-delà du fait que ce général a mis son nez dans une affaire à laquelle il est totalement étranger, l’info nous rappelle une triste réalité: le pouvoir militaire est, bel et bien, encore là. A tel point que les ministres, pourtant censés gérer ce genre de situation, se retrouvent dépouillés de leurs prérogatives, au profit d’un képi étoilé.
Il y a quelques semaines, le chef d’état-major de l’Armée nationale est parti en tournée, dans le nord du pays, avec le ministre de l’Intérieur, pour expliquer, aux populations de ces régions, que le pays va bien. Une façon de couper l’herbe sous les pieds des détracteurs de notre guide bien-aimé. Comme si des paroles en l’air pouvaient suffire à calmer des ventres affamés. Oui, oui, on l’a bien compris: le pays, pour paraphraser Clémenceau, est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des civils. De quel pays parle-t-on ?
Une équipe d’experts du Fonds Monétaire International (FMI), venue évaluer, quinze jours durant, la situation économique du pays, a tenu un point de presse, la semaine dernière, en présence du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque centrale. «Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) réel», a déclaré son chef de la mission, Amine Mati, «s’est chiffré à 5,2%, en 2010, grâce à l’affermissement de la demande extérieure et à la reprise de l’activité dans les secteurs non extractifs». Monsieur Mati a affirmé, en outre, que, pour la même période, «le taux d’inflation a été contenu à 6,1%, malgré la hausse des cours des matières premières, énergie et produits alimentaires notamment. […] La bonne tenue des exportations du secteur minier – fer, or et cuivre – a contribué à l’amélioration du solde courant de la balance des paiements et à consolider le stock des réserves de change qui a atteint 287 millions de dollars, soit l’équivalent de 2,1 mois d’importations».
«Nous avons réussi à rétablir les grands équilibres de l’économie et sommes engagés, en 2011, à stabiliser la croissance à 5,3%, l’inflation à 7%, en dépit des chocs exogènes, tout en poursuivant l’exécution de nos chantiers de réformes économiques et financiers», a indiqué, de son côté, le gouverneur de la Banque centrale, Sid’Ahmed Ould Raïss.
Les deux hommes ont juste oublié de préciser de quel pays parlaient-ils. De la Mauritanie, de la Chine ou de la Suisse?

Une pique acérée d’Ould Hamza
A l’occasion de la cérémonie de la signature du jumelage entre les capitales sénégalaise et mauritanienne, le président de la Communauté urbaine de Nouakchott, Ahmed Ould Hamza, a reçu une forte délégation de ce pays frère. Outre le maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, la délégation comprenait trois ministres, dont deux d’Etat. A la grande surprise des observateurs, aucun membre de notre gouvernement n’a fait le déplacement, pour accueillir ces hôtes de marque ou assister à la signature de l’acte. On savait que les relations entre Ould Abdel Aziz et Ould Hamza, étaient loin d’être au beau fixe mais de là à ordonner le boycott, pur et simple, d’une délégation d’une telle importance, parce qu’elle se déplaçait pour un maire de l’opposition, il n’y a qu’un pas que celui qui devait être le président de tous a allègrement franchi.
Pourtant, le maire de Dakar appartient à l’opposition socialiste. Mais cela n’a pas empêché trois ministres du gouvernement libéral de l’accompagner. Ould Hamza louera, d’ailleurs, l’ouverture d’esprit et la vision du président Wade. Une pique bien acérée, décochée à bout portant, que chacun a appréciée à sa façon.

Ahmed ould Cheikh

Source  :  lecalame.info le 10/05/2011

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