FLAM, les hommes qui vont compter: Habsa banor Sall (remanié)

tribune_libre1Au moment où les portes se refermeront sur le 7ème congrès des FLAM, Habsa Banor Sall aura vécu sa 22ème année de déportation des terres de Mauritanie.

C’est en effet le 29 mai 1989 que cette femme de prisonnier politique, militante de la première heure et mère de famille va être arrachée à la terre de ses ancêtres et à ses jeunes enfants pour être mise sur les chemins de l’exil.  Ce jour-là, elle est littéralement kidnappée par la police politique pour être conduite illico presto vers la frontière sénégalaise. L’épreuve est des plus rudes. Mais Habsa Banor ne se laisse pas démonter. Par le passé, elle avait démontré sa capacité à relever les défis en faisant son entrée à la prestigieuse Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature de Dakar (elle serait la première mauritanienne à le faire) avant de regagner la Mauritanie. C’est le lieu pour Poullori de saluer le travail remarquable fait par ces femmes en exil. Au plus fort de la crise, le régime criminel et raciste de Ould Taya ne s’est pas contenté de chercher à briser la nuque des négro-africains de Mauritanie. Il a surtout cherché à castrer psychologiquement cette composante nationale. Ce n’est pas remuer le couteau dans la plaie que de rappeler les viols subis par des dizaines de femmes, les humiliations quotidiennes, les privations… En essayant de frapper l’homme noir mauritanien sur ce point très sensible de la protection de la femme, le pouvoir de Ould Taya avait cru pouvoir faire douter le noir de sa condition d’homme et l’humilier devant la femme. C’était mal compter avec la nature de ces femmes. Celles-ci se noueront solidement les reins avec leurs pagnes et tiendront fermement les positions momentanément abandonnées par les hommes. Les femmes de l’AFMAF avec à leur tête Mariam Kane sont de cette catégorie. Poullori peut citer aussi les veuves dont Diary Toumbo, la courageuse veuve du lieutenant de vaisseau Sall Oumar, lâchement assassiné à Inal. Comme Hapsa Banor, il y avait aussi à Dakar une jeune étudiante qui conduisait études universitaires et militantisme politique dans des conditions des plus difficiles. Il s’agit de Safi Wane.

Mais contrairement à cette dernière qui s’est effacée aujourd’hui (sauf quelques rares apparitions), Habsa Banor poursuit un militantisme actif après avoir rejoint la France au début des années 1990, quelques temps avant son mari, libéré entretemps des griffes de Ould Taya et de son funeste projet. Habsa Banor gravira les marches de l’organisation jusqu’à devenir Secrétaire Nationale aux relations extérieures.

Habsa est une militante disciplinée. Pour le savoir, nul besoin de militer avec elle par exemple à l’Association des Femmes Mauritaniennes du Fleuve (AFMAF) ; A voir les positions apolotiques que prennent ce mouvement et la manière donc Habsa Banor relaie le combat de cette association y compris quand ses positions n’épousent pas celles des FLAM, on réalise quel effort cela a dû lui coûter.

Marquée au plus profond de sa chair, Hapsa Banor est une courageuse battante qui a su épauler son mari et tenir ferme les rennes du foyer et du combat de son mari quand celui-ci fut privé de sa liberté. C’est elle qui, d’après son mari, a par exemple sauvé in extremis les documents qui aideront à rédiger et oublier la thèse puis le livre sur la Mauritanie du Sud. Elle a su être pour son mari, dévoué corps et âme à La Cause, « un socle moral et matériel».

Si, comme on l’entend souvent prétendre, cette militante appelée aussi La dame de fer, dispose d’une main de fer, elle doit bien la dissimuler dans un épais gant de velours. Poullori doit à la vérité de dire que d’après ce qu’il a vu et su, Habsa Banor est une dame qui a une façon de voir bien tranchée mais qui reste ouverte à la discussion et au débat. C’est une femme disponible qui sait défendre ses positions avec opiniâtreté sans pour autant vexer ou mépriser son vis-à-vis. Elle est agréable et presque accommodante en toutes circonstances. Elle a l’avantage de partager la vie d’un des principaux rédacteurs du Manifeste (d’aucuns disent qu’elle y a elle-même activement participé) et figures emblématiques de la lutte pour l’émancipation des Noirs de Mauritanie. Elle est donc bien outillée pour faire maintenir au mouvement ses principes fondateurs.

Habsa Banor pourrait faire une bonne présidente. Il lui faudra pour cela se mettre au dessus des clivages et briser cette image de femme de clan. Les partisans de l’ouverture peuvent trouver en elle une interlocutrice de choix ; de leur côté, les animateurs de l’aile dure dont on la dit proche seraient rassurés de la voir prendre du galon. A la condition qu’elle s’émancipe de l’influence des uns et des autres.

Habsa Banor a fait ses preuves. Elle sera tout sauf une femme-alibi. Avec elle, l’organisation ferait d’une pierre deux coups : avoir la femme qu’il faut à la place qu’il faut ; refaire son image et donner un signal fort de changement. Mais les esprits y sont-ils préparés ?

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Texte remanié:

Des erreurs importantes se sont glissées dans le texte initial, obligeant Poullori à le remanier :

Diari Toumbo est la veuve de Oumar Sall, non de Abdoulaye Sall.

Habsa Banor Sall a fait l’ENAM avant son retour en Mauritanie où elle servira notamment dans les Douanes avant son expulsion vers le Sénégal. Poullori, pressé par le temps, vous prie de l’en excuser.

Source: www.poullori.blogspot.com

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