Panama : allocution de Messaoud ould Boulkheïr

Le Président de l’Assemblée Nationale mauritanienne, Messaoud Boulkheir, a dirigé une délégation parlementaire aux travaux de la 124ème assemblée de l’Union interparlementaire (UIP) du 15 au 20 avril à Panama.

 

La délégation comprenait le député Kane Hamidou Baba, le Secrétaire Général et le Directeur de cabinet du Président.

Le thème de cette édition est : «Les parlementaires comptables de leur action: comment répondre aux attentes des électeurs ?

Le discours du Président a mis l´accent sur les points suivants : le dialogue politique entre pouvoirs (exécutif et législatif), mais aussi entre majorité et opposition, soulignant l´importance de celle-ci dans une démocratie forte et respectable.

Parlant au nom de l´ensemble de la délégation, le Président a marqué son soutien aux peuples arabes et africains en lutte pour recouvrer leur dignité et leur liberté, tout en saluant les efforts de la communauté internationale.

Voici en intégralité le discours prononcé par le Président Messaoud Boulkheir

Monsieur le Président,
Honorables parlementaires,
Distingués invités,

Permettez-moi tout d’abord de remercier chaleureusement nos hôtes de la République du Panama, qui hébergent avec beaucoup de bonheur, cette 124ème Assemblée de l’Union interparlementaire. Nos félicitations vont également à tous ceux qui investis pour la parfaite organisation de nos assises.

M. le Président,

Le thème général de cette 124ème Assemblée intitulé : « les parlementaires comptables de leur action : Comment répondre aux attentes des électeurs ? », est à la fois extrêmement pertinent et d’une brûlante actualité !

En effet, au-delà de la fonction classique du parlementaire, en tant que législateur, et donc, qui est celle de voter des lois, le défi majeur auquel le parlementaire est confronté, j’allais dire le double défi, c’est à la fois l’exercice du contrôle permanent de l’action gouvernementale, d’être véritablement à l’écoute du citoyen et en change de son information.

Si cette double exigence est relativement satisfaite dans des pays ayant une longue tradition démocratique, elle pose un problème majeur pour un grand nombre de pays aux ressources limitées ; et dans lesquels les pouvoirs exécutifs étouffent bien souvent les autres formes de pouvoirs, le parlement compris. A cela s’ajoute, la faiblesse d’ensemble de la société civile, confinant l’électeur dans un rôle de spectateur plus ou moins impuissant, lui donnant aussi le sentiment qu’il compte bien peu.

La Mauritanie, mon pays, n’échappe pas à ce sort. Nous partageons, sans doute, cette expérience avec les pays ayant historiquement connu des régimes à parti unique, suivi des régimes d’exception ; et dans lesquels, le Parlement, quand il existe, demeure une institution récente, servant souvent d’annexe du pouvoir exécutif et considéré ou perçu par l’électeur-citoyen comme une simple chambre d’enregistrement.

Il faut cependant se féliciter des évolutions constatées dans certains pays, dont le nôtre, particulièrement depuis 2006, avec une entrée significative de l’opposition au Parlement, même si la marche vers la démocratie ne s’est pas faite sans heurts.

Faut-il en déduire, M. le Président, que la fonction de contrôle parlementaire s’exerce mieux, là où l’opposition est plus forte et mieux présente ? En tout cas, l’expérience mauritanienne tend à le prouver.

Naturellement, les rapports entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif ne doivent pas être vécus que sous l’angle de la confrontation. Un dialogue permanent et soutenu entre ces deux pouvoirs d’Etat, dans le respect des prérogatives de l’un et de l’autre, permettra à l’électeur d’être mieux informé, d’apprécier, de juger ; et finalement, de se faire une opinion plus élaborée sur l’action de ceux qui agissent en son nom.

M. le Président,

Au regard de ce que certains ont baptisé « le printemps arabe », on sait maintenant ce que coûte la non séparation des pouvoirs. Elle conduit fatalement, inéluctablement vers la dictature ou pire la tyrannie de « l’un » ! Dans de tels pays où les attentes des peuples ont été longtemps comprimées, où il n’y avait pas – à proprement parler – d’électeurs, l’institution parlementaire, lorsqu’elle existe, ne pouvait être qu’instrumentalisée. De fait, les peuples qui se sont soulevés, ne se sont pas trompés de cibles : c’est aux tenants du pouvoir exécutif qu’ils ont demandé des comptes, même si les parlements furent confondus dans la même défaite !

M. le Président,

Honorables parlementaires,

La Délégation parlementaire mauritanienne (Majorité et Opposition confondues) salue le courage des peuples arabes et africains qui mènent ces combats contre les dictatures, pour le triomphe des idéaux de liberté, de justice et de démocratie.

La 124ème Assemblée de l’Union interparlementaire, se tenant dans un contexte particulier, dominé par l’aspiration des peuples à prendre en charge leur propre destin, se doit de façon non équivoque marquer sa solidarité agissante avec tous ceux qui ont lutté et qui luttent, en ce moment même, pour recouvrer leurs droits longtemps spoliés par des régimes dictatoriaux. L’émergence d’institutions parlementaires comptables de leurs actions et répondant aux attentes des électeurs, de leurs électeurs, est à ce prix.

Enfin, je voudrais du haut de cette tribune, saluer les efforts de la communauté internationale venue au secours des populations en quête de leur dignité, tout en souhaitant que ladite communauté accompagne véritablement les peuples dans la voie de l’émancipation de toute forme de domination, et qu’elle ne soit ni amnésique, ni sélective vis-à-vis de tous ceux qui luttent pour recouvrer leurs droits légitimes.

Je vous remercie.

Panama, le 19 avril 2011
Communication de l’Assemblée Nationale

Source  :  Mamadou Tall via Avomm le 28/04/2011

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