Hier boulangers, menuisiers ou étudiants, demain soldats

misrata-rebel-sniperDans l’est de la Libye, les opposants au régime de Mouammar Kadhafi tentent de former à l’art de la guerre les civils prêts à monter au front. Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Benghazi ont suivi l’une de ces formations militaires intensives.

« Il faut toujours vous abriter, sinon vous serez blessés. » L’instructeur répète inlassablement les mêmes consignes… « Dès que vous lancez une grenade, il faut vous abriter pour ne pas être touché par l’explosion. » Face à lui, des étudiants, des boulangers, des menuisiers ou des commerçants. Des soldats de pacotille qui, jusque là, montaient au front, avec pour seules armes des couteaux, des pierres ou des gourdins… Certains n’ont jamais touché une arme et ont tout à apprendre.

À Benghazi, dans des casernes militaires de fortune, les opposants au régime de Mouammar Kadhafi viennent se familiariser avec les rudiments du maniement des armes pour combattre les troupes du Guide libyen. Courageux, téméraires, mais inexpérimentés, ces soldats bénévoles découvrent en même temps le sentiment de liberté et l’art de la gâchette.

La formation est expresse et la rigueur est de mise. En quelques jours seulement, tous devront savoir manier une arme, marcher droit et obéir aux ordres.

« Dès qu’on me donne l’ordre de monter au front, j’y vais »

Pour le moment, le pas est encore mal assuré, les colonnes ne sont pas très droites et les rangs peu serrés, mais la motivation est sans faille. Mohammed n’a que 18 ans. Pourtant, malgré son jeune âge, les armes, le sang et la mort ne lui font pas peur. Pour lui, la guerre ressemble peut-être encore un peu à un jeu… « Je suis prêt, affirme-t-il avec aplomb face à la caméra des envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Benghazi. Dès qu’on me donne l’ordre de monter au front, j’y vais ».

Après trois semaines de formation militaire, il sait maintenant se servir d’un canon de 106 millimètres, son nouvel outil de travail issu de l’ancien arsenal soviétique de Kadhafi. Abdel Ali Attieh, l’un de ses formateurs, est fier de lui et de tous ses élèves. « Parfois, ils ne passent même pas une semaine sur une machine de guerre et savent s’en servir, alors que, normalement, il faut au moins trois mois. »

Comme Mohammed, ces soldats en herbe seront ensuite envoyés à Misrata, Brega ou Ajdabiya, toutes ces villes dont les opposants au régime libyen tentent de conserver le contrôle. S’ils ne seront sans doute pas de fins stratèges et ne constitueront pas une véritable armée, ils auront toutefois appris à se battre correctement avec, en ligne de mire, l’espoir de retourner définitivement la situation à leur avantage.

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