La Sebkha Djill : Communauté Aghzazire entre le féodalisme social et le tyrannie de l’Etat

Depuis très longtemps les exploitants Aghhzazire du sel de la sebkha djill souffrent d’une injustice qui fut toujours l’expression d’une époque révolue. Seul l’Etat de droit peut remédier à cette tyrannie !

 

 

Au pieds de la plus riche montagne du désert Mauritanien cohabitent ostensiblement encore deux modes de productions diamétralement opposés.

En face d’une exploitation mécanisée et réglementée par un code de travail moderne et minutieusement élaboré, survit toujours un autre mode d’exploitation cette fois-ci archaïque et régit par des lois médiévales jusqu’hier parrainées par le colonisateur. C’est à quelques kilomètres de part et d’autres de la Kédia d jill que l’histoire d’une féodalité semble récuser les apports avantageux du modernisme de la SNIM-SEM. Découverte il y’a longtemps la Sebkha Djill fut l’une des plus grandes exploitations du sel en Mauritanie. Elle devait ravitailler le commerce du troc caravanier qui avait caractérisé les échanges commerciaux transsahariens.

Alors, la communauté Aghzazire eut le maudit sort d’exploiter ce gisement depuis sa découverte. Et quelques historiens avancèrent même l’hypothèse qui disa que  » Tighizzarit » voulait dire en langue berbero-brabiche la barre de sel sortie brute de son gisement. D’où l’appellation « d’Aghazzari « de tous celui qui exploite directement ces barres de sel aussi lourdes et longues qu’on pouvait l’imaginer aujourd’hui.

Bref, les Aghzazires étaient déjà l’appellation connue pour la communauté qui exploitait la Sebkha Djill. Cependant, le malheur de cette communauté fut – il que quelques uns des descendants familles démunies et des familles maraboutiques voulaient s’enrichir illégalement sur son compte pour de vaines raisons de coutumes et d’alliances jamais exploitées équitablement entre toutes les parties. Au moment où.les se consument péniblement dans les cendres d’une production effective d’autres s’évertuent sans le moindre scrupule à demander leurs part et revenus de la production. Quelle aberration !!.

Ceci dit, l’exploitation actuelle de la Sebkha Djill relève de la vie médiévale. La bassesse d’une féodalité accablante secoue la vie de tous les jours des vrais exploitants de cette mine saline. C’est voir combien le modernisme des sociétés normatives est si loin d’atténuer les vieux comportements qui continuent sans cesse d’altérer la condition humaine. On ne peut pas imaginer qu’à quelques kilométres de ce gisement salin se réalise le génie de la science, du positivisme socioprofessionnel et de la technologie, voire l’exploitation du fer par la SNIM, alors que le faubourg de la sebkha djill est resté pour longtemps plongé dans la vétusté et la médiocrité des moyens et mode d’exploitation. C’est d’autant plus dommage et insensé que ce faubourg continue de refléter la servilité sociale que les profiteurs appellent naïvement alliance.

Exploitant péniblement ce gisement, la communauté Aghzazire découvre aujourd’hui qu’elle fut elle-même exploitée sévèrement depuis la découverte des lieux il y’a longtemps. Les dons, zakats ou Nadhrs qu’elle verse généreusement aux nécessiteux parmi les familles pauvres et maraboutiques de la zone ont été transform& par l’administration en un impôt obligatoire(voir la fausse décision de Kaba ould Elewa de 2004) C’est malheureusement l’exploitation de l’homme par l’homme.

Les exploitants de la sebkha livrés à eux même sans appuis, sans infrastructures et sans aucune prestation de base continuent de payer le prix d’un soi-disant accord colonial rédigé à leur insu et ostensiblement falsifié. Lequel accord privilégiant quelques familles en complicité latente avec le colonisateur. Ainsi l’impôt illégale ( parce que sans contre partie pas de service ni de prestations ) prélevé sur la sueur de ces exploitants-exploités est divisée en deux : une moitié pour l’administration et l’autre moitié pour les dites familles.

Aujourd’hui les descendants de ces familles se confrontent aux droits de la communauté Aghzazire d’exploiter la sebkha avec comme arme principale : le trafic d’influence qui a déjà désorienté les décisions des tribunaux !!

Cette situation inhumaine que les Aghzazires de la sebkha vivent amèrement doit cesser de prévaloir face à la volonté dans un Etat citoyen qui s’appuie sur les devises d’une démocratie inlassablement embrasée par un traditionalisme méprisant. Dans les prochaines publications nous débâtons sciemment des origines de cet engrenage historique.

« L’homme est toujours un loup pour l’homme » avait dit une fois Hobbes.

Mohamedou Ould Boydiye, Sociologue et journaliste indépendant

Source  :  CanalRim le 23/04/2011

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