Libérer la parole est-ce la catharsis pour les esclaves ?

Les autorités semblent décidées à trouver une nouvelle approche plus psychologique- pédagogique à la question de l’esclavage.

 

Dans le discours, cette volonté vient d’être inaugurée avec le débat télévisé organisé la semaine dernière sur le thème et auquel ont été invités deux militants des droits de l’homme dont le leader de la cause anti-esclavagiste Boubacar Ould Messaoud.Au-delà des simulations et des arrangements autour d’un plateau animé dans la plus grande improvisation, le but visé était de briser le tabou….

en donnant la parole à un ancien esclave qui n’avait pas besoin de chercher ses mots pour aborder une question pour laquelle il s’est battu au point de devenir l’un des interlocuteurs incontournables. Dans le temps consacré à ce débat, BOM a eu droit à une prise de parole plus longue comparée aux autres invités qui étaient là pour la plupart pour animer la galerie Si BOM n’a pas mâché ses mots il ne les a pas pour autant malaxé suffisamment pour qu’enfin ce sujet soit digest et consommable par tous. Par manque de temps ou par souci de dépassionner le débat le président de SOS- esclave pouvait aller plus loin mais il a sans doute préféré se montrer aussi lucide et quelque peu « fréquentable » sur un sujet comme pour montrer à ceux qui pensaient qu’il était intraitable que les militants des droits de l’homme ne font pas peur. Ils sont à la quête de la vérité et de la justice. Lui et sa collègue Aminetou classée elle aussi, par une certaine opinion, comme une anti-conformiste à cause de son franc –parler, ont prouvé qu’ils sont dans les limites du convenable et du « militantiquement » correct. La présence de Birama Ould dah Ould Abeid aurait –elle été prématurée ou scandaleuse pour les commanditaires de cette émission qui laissée à la libre conscience du directeur des programmes ne serait jamais passée à la TVM. Il fallait tâter le terrain pour prendre le pool des anti-esclavagistes afin de savoir si on pouvait bien recommencer avec d’autres. Visiblement l’Etat estime que ce débat est bien possible même avec l’aile dure du militantisme. La voie est donc tracée. Demain à qui sera le tour ? Mais entre l’esclavage et le passif humanitaire les frontières sont ténues. Les mauritaniens notamment les familles des victimes et les rescapés ont aussi besoin de libérer les cœurs en s’exprimant sur les crimes de sang ayant été perpétrés dans les années d’exception en Mauritanie. L’organisation de ce plateau sur l’esclavage prouve que c’est en refusant de nommer une chose, qu’on cherche à nier la vérité .et qu’on entretien le tabou. Est-ce par hasard qu’au lendemain de ce débat télévisé le Président Aziz a ordonné de renforcer l’arsenal juridique pour que la loi réprimant et criminalisant cette pratique soit appliquée.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 16/04/2011

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