Naha Mint Mouknass interdite de voyage jusqu’à nouvel ordre

L’ancienne ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, Naha Mint Mouknass, est interdite de déplacement à l’extérieur jusqu’à nouvel.

Tel est le message transmis, hier, aux autorités de la police des frontières.

Limogée, il y a quelques semaines, l’ancienne chef de la diplomatie est réputée jusqu’ici proche du régime de Kadhafi qui l’aurait même imposé au gouvernement, au lendemain de l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz, lui-même parrainé par le « Guide » libyen.

On se souvient qu’Ould Abdel Aziz, durant la fusillade du Centre Emetteur, en 2007, était en Libye, pour un don de matériels offert par la Jamahiriya au régime de Sidi Ould Cheikh Abdellahi.

Après le coup d’Etat contre Sidioca, et en dépit de la forte condamnation de l’Elysée au début, Kadhafi, n’avait pas caché ses préférences et son soutien à Ould Abdel Aziz. Il s’est même déplacé à Nouakchott, dans une tentative, vaine, pour contraindre les principaux adversaires d’Aziz du FNDD, dont certains avaient d’ailleurs, par le passé, bénéficié de sa générosité, à participer à l’élection du 6/6. Une mascarade qu’ils avaient, fort heureusement, refusé.

La pression libyenne sur Paris et Alger, très hostile au coup d’Etat, avait payé, la France jouant, désormais, le rôle de chef de file du Groupe de Contact pour la Mauritanie et l’algérien Ramdane Lamamra, Commissaire du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, revenant à de meilleurs sentiments. Le tout sous la supervision directe du colonel libyen, président en exercice de l’UA.

Mais, les conditions de Kadhafi sont difficiles à réunir, car compliquées : fermeture de l’Ambassade d’Israël à Nouakchott, à la place de laquelle il promet un édifice monumental et un cinq étoiles à la place de l’ENA de Nouakchott (promesses jamais tenues), au risque de se mettre à dos Washington, dont l’Ambassade s’est opposée clairement à Aziz jusqu’à son élection, mais le nouveau régime de Nouakchott pourra compter sur certains « liens » avec son voisin marocain pour atténuer les réticences américaines, une fois le tout rentré dans l’ordre.

Kadhafi promet alors pour la France l’implication de la Mauritanie dans une lutte ouverte contre AQMI, au risque également d’irriter le Mali dont le territoire devient un champ de bataille, et l’Algérie, géant maghrébin et peu enclin à laisser une présence étrangère dans sa zone d’influence.

La suite est connue : Accord de Dakar, dialogue inclusif etc… mais avec un Aziz, élu démocratiquement… et au premier coup, s’il vous plait.

Moins de deux années plus tard, retournement de situation. Kadhafi, menacé par une révolution sanglante, croupit, dans son bunker de Bab el Azizia, sous les bombes de l’aviation française et de ses alliés occidentaux ; Ould Abdel Aziz, par un calendrier tournant, se retrouve, président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine.

C’est dire que la « chasse » menée, actuellement, contre Naha, est jugée par certains observateurs comme une tentative d’Ould Abdel Aziz de changer son fusil d’épaule.

Henoune

canalrim.info

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