Situation du pays:On ne parle que de la crise

Un peu moins de deux ans après l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz, le pays semble s’installer dans une crise à la fois profonde et tentaculaire. Tentaculaire par ce que, justement, elle affecte tous les aspects de la vie. La crise s’étend sur toutes les sphères, politique et socio-économique.

Le dialogue politique qui pourrait décrisper la situation n’arrive pas à voir le jour. Les dirigeants de l’opposition ne croient plus à la volonté réelle du pouvoir à engager des négociations visant à rétablir la confiance entre les différents acteurs, et par de-là, favoriser un climat propice pour le développement du pays.
‘’ Mohamed Ould Abde Aziz  se prête plus à un jeu d’atermoiements  en privilégiant une gestion, au jour le jour, à une approche visionnaire, donc intégrant les perspectives futures qui nécessitent, d’abord, une préparation sérieuse de son action’’, souligne un leader de l’opposition.
Sur le plan socio économique, la situation se précarise graduellement. L’Etat, le véritable pourvoyeur de richesses perd en crédibilité aux yeux des opérateurs économiques. Des plus petits aux plus grands, les hommes d’affaires sont gagnés par l’inquiétude grandissante.
Quarante milliards d’ouguiyas de dettes contractées par l’Administration publique auprès des fournisseurs Mauritaniens, trainent en impayées, jugulent la relance économique et hypothèquent l’avenir des PME.
Les banques primaires, dans l’état actuel, ne peuvent plus accompagner les entrepreneurs qui ont bénéficié   de marché public, payable, théoriquement sur le budget de l’Etat. Puisqu’ils savent que derrière, l’Etat n’ira pas honorer ses engagements. Beaucoup d’hommes d’affaires sont tentés par rejoindre d’autres pays pour fleurir leur commerce. Beaucoup parmi eux ne fonctionnent que pour payer des charges fixes. Beaucoup ne peuvent plus payer leurs employés.
‘’ Ma journée ne commence qu’à partir de midi, je viens au bureau qui ne diffère plus de ma maison, par ce qu’il n y a rien à faire, déclare un patron d’une petite entreprise.’’ ‘’ Mes factures impayées auprès de l’Etat trainent depuis d’une année’’, souligne cet imprimeur.
Un autre opérateur dans le domaine de la billetterie s’emploie à ‘’brader un patrimoine immobilier pour rembourser son banquier.’’ Il s’agit pour celui-là de payer à la place de l’Etat des billets de transport aériens qui ont permis à des ministres sous Ould Abdel Aziz d’effectuer des voyages pour des missions officielles.

Tous se plaignent
Les sociétés d’Etat traversent, douloureusement, la crise en jonglant par les ressources. Les salaires ne sont payés qu’avec un retard agonisant les déjà misérables fonctionnaires de celles-ci. Celui qui a revendiqué, il y a deux ans, dans la foulée d’une campagne électorale, le titre de Président des Pauvres, le devient désormais, mais d’une manière désolante et peu flatteuse, ironise un observateur de la scène publique. ‘’Les Mauritaniens, c’est vrai, renchérit-il, s’appauvrissent de plus en plus sous la République de Ould Abdel Aziz.’’
Pourtant, lors de sa dernière sortie, à Tidjikja et Sélibaby, le président de la République, a tenu à rassurer les populations de la disponibilité des ressources. Et que son gouvernement est engagé et s’engage à réaliser les projets de développement qu’il a promis dans son programme électoral. Or, la réalité est tout autre. Peut-être bien que les ressources soient disponibles, mais la situation socio économique ne donne pas raison au premier citoyen du pays.
Les départements ministériels ne sont pas en reste. Plusieurs sont les hauts responsables, y compris les ministres, en aparté, révèlent un état de déliquescence doublé d’une dépression dangereuse qui plonge les ministères dans l’atonie la plus destructrice. ‘’ Les fonctionnaires n’ont rien à faire, et même s’ils peuvent s’en targuer- d’avoir quelque chose à faire, un semblant d’occupation- ils n’en ont plus le goût, chuchote, en regardant par les persiennes de son bureau, ce haut dignitaires du régime.
Paradoxalement, on assiste à une propension quelque peu gênante, en matière d’opacité dans la gestion publique, pour un régime qui, tout de même, a fondé toute sa philosophie sur la transparence et la lutte contre la gabegie. Des cas de dépenses hors budget ont été soulevés, on s’en souvient, par des députés de l’opposition, lors des dernières sessions parlementaires. Au cours de ses sessions, il a été révélé à l’opinion, l’existence de conventions signées,  par l’exécutif, en dehors de l’approbation du législateur,  exemptant, on ne sait suivant quelle logique des entreprises étrangères des droits et taxes fiscaux. 
Le pire est que le président se délecterait bien de cette situation. Plusieurs sources croisées, qui approché l’homme, rapportent qu’il se réjouit de la misère de ses compatriotes. Mohamed Ould Abdel Aziz semble voir la chose comme le résultat bénéfique de sa lutte contre la gabegie. Il est un peu flatté par chaque appauvrissement qui s’emparerait d’un citoyen Mauritanien. C’est que pour lui, c’est un moufcide qui mériterait bien son sort.
Paradoxalement, on assiste à une propension quelque peu gênante, en matière d’opacité dans la gestion publique, pour un régime qui, tout de même, a fondé toute sa philosophie sur la transparence et la lutte contre la gabegie. Des cas de dépenses hors budget ont été soulevés, on s’en souvient, par des députés de l’opposition, lors des dernières sessions parlementaires. Au cours de ses sessions, il a été révélé à l’opinion, l’existence de conventions signées,  par l’exécutif, en dehors de l’approbation du législateur,  exemptant, on ne sait suivant quelle logique des entreprises étrangères des droits et taxes fiscaux. 
Ce raccourci complique un peu la situation. Car, le Président dont le caractère et la peur qu’il inspire à ces collaborateurs immédiats, risque de vivre encore longtemps avec ce cliché qui fausse toute l’appréciation dont il se fait de la vie économique.
On ne sait plus à quel Saint se vouer ? Le président ne dit que la vérité. Il ne voit que la réalité. Les ministres acquiescent. Les Parlementaires de la Majorité approuvent. Et les autres, tous les autres Mauritaniens, ne seraient que des nostalgiques du bon vieux temps de la gabegie !
Entre le discours officiel et la réalité endurée par le citoyen ordinaire le décalage est évident. Si, certains observateurs attribuent la crise à l’inaction voire l’incompétence du gouvernement de Ould Mohamed Laghdhaf, d’autres en situent les raisons un peu plus haut. En tout état de cause les gouvernements servent souvent en situation de crise à un bouclier, jusqu’à un certain niveau. Mais, si la crise est si profonde, un changement de gouvernement ne serait que le prélude d’un écroulement de tout un système.

AVT

BILADI


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