L’Union pour la République (UPR), parti au pouvoir en Mauritanie, a rendu publique dimanche 20 mars la liste de ses candidats aux élections sénatoriales partielles du 24 avril prochain. La coordination de l’opposition démocratique, elle, par lettre adressée au ministre de l’intérieur, a demandé le report de ce scrutin pour plus de garanties de transparence. Le ministère de l’intérieur n’a pas encore répondu à la COD. Le premier tour du vote aura fort probablement lieu le 24 avril.
Pour plus de transparence, la COD demande une stricte neutralité de l’administration territoriale et le bannissement des « marchandages » pour l’achat de voix de conseillers municipaux constituant le collège électoral. Pendant les élections sénatoriales de 2007 et le dernier renouvellement partiel de la chambre haute, la presse avait a un moment fait état de « bourse de conseillers.» Les conseillers municipaux, avaient mis en berne leurs convictions et appartenances politique pour choisir les candidats les plus généreux. Pour la COD, rien n’a été fait pour plus de transparence depuis lors. La Coordination invoque aussi l’accord de Dakar qui préconise le dialogue, notamment pour la fiabilité des élections. Pour l’opposition, ce dialogue n’a pas eu lieu.
Conseillers marchandises
La grosse difficulté pour l’opposition, c’est que ses propres conseillers ne sont pas hors commerce. 08 des 9 communes de Nouakchott ont été remportées par cette opposition à l’issue des municipales du 19 novembre 2007. En nombre de conseillers municipaux, cette elle dépassait de loin le camp du pouvoir. Logiquement, elle devait s’adjuger la majorité des sièges du sénat à Nouakchott. Il n’en a rien été. Sur les 9 sièges de sénateurs de la capitale, l’opposition n’a obtenu que trois. La logique du ventre l’avait donc emporté sur les soucis de transparence et d’alternance.
La Coordination de l’opposition démocratique va-t- elle boycotter le vote du 24 avril prochain en cas de non report ? Au sein de cette Coordination, il n’y a d’ailleurs pas unanimité. LE Parti El Wiam, qui en est membre, a clairement annoncé sa décision de prendre part au scrutin à la date prévue. Ensuite, il est fort peu probable que les conseillers municipaux membre de la COD suivent un quelconque mot d’ordre de Boycott. La discipline du parti pèsera peu face aux offres des candidats. Il n’y a pas que les conseillers municipaux sur le marché. Certains sénateurs ou députés, après avoir été élus avec l’étiquette de l’opposition, nomadisent vers les luxuriants pâturages du pouvoir…Le RFD qui dispose actuellement de deux sénateurs a beaucoup souffert de cette situation.
Une majorité étouffante
Parmi les 56 sénateurs que compte, la chambre haute, seuls 06 sont de l’opposition. Tawassoul en compte trois, le RFD, deux, l’UFP, 1. Une majorité écrasante des partisans du pouvoir qui pourrait être étouffante et gênante à l’issue du renouvellement partiel du 24 avril. Les sénateurs de l’opposition vont peut être complètement disparaitre du sénat qui sera à 100% majorité présidentielle. L’image de la démocratie et du pluralisme en prendra un sérieux coup.
Le sénat, pour une partie de l’opinion mauritanienne, est un luxe constitutionnel à supprimer. « Une chambre couteuse, inefficace, destinée à caser la nombreuse clientèle politique. »
Le sénat, luxe constitutionnel…
Le Front populaire, parti de Chbih Ould Cheikh Melainine, a toujours suggéré «la suppression du Sénat, l’augmentation du nombre de députés et la proportionnelle intégrale comme mode de scrutin avec la wilaya comme circonscription électorale. » Pour ce parti « cette suppression du Sénat permettra de se débarrasser d’une institution coûteuse sans réel intérêt, dont la création au départ ne se justifie que par une tendance non contenue des rédacteurs de la constitution au plagia. »
Toujours a propos de cette chambre, le président du Front Populaire note : « En Mauritanie, la transposition réelle du Sénat aurait signifiée que son collège électoral soit, non pas les élus municipaux, une création récente sans lien avec la tradition, mais plutôt les chefs des tribus maures et villages négro-africains, élargis éventuellement a la caste des forgerons et des grillots. J’espère qu’on est aujourd’hui loin de ce schéma. »
Khalilou Diagana
Le Sénat :
COMPOSITION
Le Sénat comprend 56 sénateurs :
– 53, élus au suffrage universel indirect, représentent les collectivités territoriales du pays ;
– 3, désignés par les précédents, représentant les Mauritaniens vivant à l’étranger.
II – RÉGIME ÉLECTORAL
Les sénateurs représentant les collectivités territoriales sont élus au sein de 53 circonscriptions uninominales correspondant aux moughataa (circonscription administrative secondaire correspondant au département), à raison de 1 sénateur par circonscription. Les élections se font au scrutin majoritaire simple. Le collège est formé des maires et conseillers municipaux des communes de la circonscription.
Les sénateurs représentant les Mauritaniens établis à l’étranger sont élus au scrutin uninominal par les 53 sénateurs représentant les collectivités territoriales.
La durée du mandat est de 6 ans. La Chambre a été entièrement réélue en février 2007, mais par la suite, elle est renouvelable par tiers tous les deux ans. En cas de vacance de sièges en cours de législature, ils sont pourvus par les suppléants, élus en même temps que les députés titulaires.
Pour être sénateur, il faut être citoyen Mauritanien jouissant de ses droits civils et politiques et âgé de trente-cinq (35) ans au moins.
Les fonctions de sénateur sont incompatibles avec celles de membres du Gouvernement, ou de titulaires de certaines fonctions publiques.
UPR / Liste des candidats pour les sénatoriales
Circonscription électoral Nom
Sebkha- Riyadh- Arafat 1. Rabi Haïdara
2. Mohamed El Bechir Ould Mohamed Laghdaf
3. Ebhoum Ould Werzek
Kermecen Ahmed Ould Mowloud
Mederdra Mohamed Salem Ould Mohamed Sidiya
Bababe Mohamed Ould Ahmed Challa
Magtaa Lehjar Yahya Ould Eyill
Mbout Ndahmoudi Ould Rassoul
Tidjikja Zeïdane Ould T’Feil
Kankossa Mohamed Mahmoud Ould Hamma Khatar
Boumdeïd Mohamed Vall Ould Mohamed Mahmoud
Zouerate Mohamed Salem Ould Evelwatt
Atar Mohamed Ould Zoughmane
Tamchekett Ahmadi Ould Hamadi
Koubeni Haimoud Ould Ahmed
Djigueni Cherif Ahmed Ould Khattri
Walata Mohamed Ould Alal