La Libye à portée d’ailes

La France et le Royaume-Uni, dont les deux armées de l’air préparaient un exercice de frappes aériennes, formeront l’ossature des opérations militaires contre la Libye.

 

 

Le Canada, avec six CF-18, et la Norvège, avec des F-16 se joindront à eux, ainsi que le Danemark. L’Espagne a été citée, sans plus de précisions. L’Italie pourrait accueillir des avions, notamment celle de Sigonella (Sicile) sans participer aux frappes. Quelques pays arabes (Arabie saoudite, Emirats, Qatar) sont susceptibles de fournir des moyens, relevant sans doute plus du symbolique (« affirmer une présence arabe ») que militairement significatifs. La grande inconnue reste le niveau d’engagement américain.

Quoi qu’il en soit, la guerre aérienne a ses règles : un raid nécessite d’abord des objectifs. Les premiers visés seront les moyens aériens (et anti-aériens) de la Libye pour pouvoir ensuite « travailler à ciel ouvert » dans son espace aérien. Il faut donc détruire les avions, les pistes, les radars, les postes de commandement, les sites de défense aérienne. Tous ces objectifs ont été étudiés depuis longtemps par la Direction du renseignement militaire et les dossiers du Centre national de ciblage réactualisé ses derniers jours, notamment grâce à des images satellites.

En langage d’aviateur, un raid aérien est une Comao (Combined air operation), c’est-à-dire une opération combinant plusieurs types d’avions de différentes nationalités. Les frappes au sol sont effectuées par les avions de type Rafale, Mirage 2000 D et Tornado GR4, tirant des armements de précision : bombes guidées laser, guidées GPS (A2SM) voire missile de type Scalp ou Storm Shadow.

Ces « bombardiers » seront escortés par des chasseurs (Mirage 2000, Rafale, voire Typhoon) pour les protéger et s’en prendre aux avions libyens, qui se risqueraient à prendre l’air.

Ces avions seront soutenus par des ravitailleurs en vol (VC-10 et C-135 FR) et coordonnés par des Awacs. Des appareils de reconnaissance (Rafale, Mirage F1 CR) pourront intervenir pour préparer des frappes puis faire l’évaluation des frappes (BDA -Battle Damage Assessment). Les chasseurs sont équipés de système de guerre électronique leur permettant de perturber les systèmes libyens. Des moyens de resco (recherche et sauvetage de combat) devront être prépositionnés à proximité, afin de pouvoir aller récupérer au sol les pilotes qui devraient s’éjecter.

Le théatre libyen n’est pas très éloigné. Istres est à 1400 kilomètres de Tripoli, soit environ 1H45 de vol. Solenzara (Corse) à 1000 kilomètres et Sigonella à environ 500 kilomètres.  Des frappes aériennes peuvent donc être conduites sans problème à partir de la France.

La mise en place d’une zone d’exclusion aérienne devrait passer par la destruction de toute l’aviation libyenne en état de vol. Celle-ci est modeste. Selon les sources sur le terrain, ils ne seraient capables que de quelques sorties par demi-journée. Les appareils sont anciens (Su-22 par exemple).

Plus complexes seraient des frappes visant à empêcher les forces fidèles à Kadhafi de prendre Benghazi. Ces missions « d’interdiction » consisteraient à détruire les moyens terrestes (convois de ravitaillement, 4×4, artillerie…) qui progressent le long de la côte en direction de l’Est. Il s’agit alors de frappes d’opportunité, sur ces objectifs mobiles – qui peuvent se cacher au milieu des civils.

Jean-Dominique Merchet

Source  :  Secret DéfenseMarianne2 Blog) le 18/03/2011

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