La Libye extrêmement menaçante avant un vote crucial à l’ONU

Un mois jour pour jour après le début de l’insurrection libyenne, la situation est toujours aussi tendue sur le terrain. La journée du jeudi 17 mars a été marquée par une succession d’annonces et de démentis de la part des forces kadhafistes et des insurgés.

 

 

Les premiers ont annoncé, sur la télévision d’Etat, avoir pris le contrôle de la ville de Misrata, dans l’Ouest, et pénétré dans les faubourgs de Benghazi, « capitale » des rebelles. Un médecin de l’hôpital de Misrata, cité par Reuters, a déclaré que le bilan des combats de mercredi était passé à 18 morts et 42 blessés. Le précédent s’élevait à onze morts.

KADHAFI MENACE BENGHAZI

« On en est maintenant au stade final, a assuré un porte-parole du gouvernement libyen. Des volontaires locaux chassent des rues les tireurs [rebelles] embusqués, ils vérifient que toutes les mosquées sont sécurisées ». Quelques minutes plus tard, le commandement des insurgés démentait la chute de Misrata, et indiquait que les combats continuaient à Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi.

L’armée libyenne a également décrété l’arrêt, à partir du dimanche 20 mars, de ses opérations militaires contre l’insurrection, et ce pour donner une chance aux « terroristes » de déposer leur armes afin qu’ils puissent profiter d’une grâce. Jeudi soir, dans une allocution retransmise par la télévision libyenne, Mouammar Kadhafi a menacé d’une offensive dans la soirée sur la ville de Benghazi, clamant : « Nous arrivons ce soir ! Pas de pitié ! », tout en promettant le pardon aux rebelles qui rendraient les armes. « Celui qui rend son arme et prend la fuite ce soir ne sera pas inquiété. Nous ne le poursuivrons pas », a assuré le colonel Kadhafi. Le n°1 libyen a ajouté que les habitants qui n’ont pas d’armes n’avaient rien à craindre mais que toutes les maisons seraient fouillées.

VOTE CRUCIAL À L’ONU

A New York, le ballet diplomatique qui se déroule depuis un mois pourrait prendre fin avec le vote d’une résolution instaurant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter en ce sens jeudi vers 23 heures, heure de Paris.

Outre l’interdiction de tous les vols au-dessus de la Libye, le projet de résolution mentionne l’autorisation de « toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées de civils menacés d’une attaque, notamment Benghazi, tout en excluant une force d’occupation ». Il autorise aussi les pays arabes, tout comme d’autres Etats, à prendre des mesures en coopération avec les Nations unies pour protéger la population civile libyenne.

S’il est positif, le vote de cette résolution donnerait le feu vert à des opérations militaires qui pourraient être effectives quelques heures seulement après le vote. Un autre point prévoit le renforcement des sanctions contre Mouammar Kadhafi, sa famille et son entourage. Enfin, le texte appelle à un cessez-le-feu immédiat.

LA LIBYE MENACE DE S’EN PRENDRE À DES CIBLES CIVILES

Ces opérations, de nature aérienne, impliqueraient la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et plusieurs pays arabes. Au moins deux d’entre eux se disent d’ailleurs prêts à participer à une zone d’exclusion aérienne, selon la Ligue arabe.

Pour la diplomatie française, « il serait étonnant qu’il y ait un veto d’un membre permanent [du Conseil de sécurité]« . Sur les cinq membres permaments du Conseil, les voix de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis sont acquises. La Russie ne semble pas vouloir s’opposer au texte, et Paris espère voir la Chine s’acheminer vers une abstention.

Avant la réunion, le ministère de la défense libyen a mis en garde contre toute opération militaire étrangère, menaçant de s’attaquer au trafic aérien et maritime civil et militaire en Méditerranée. « Le Bassin méditerranéen sera confronté à un risque non seulement à court, mais aussi à long terme », a assuré le ministre.

Source  :  Le Monde avec AFP et Reuters le 17/03/2011

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