Libye : les insurgés en déroute

Les forces fidèles au régime du colonel Kadhafi, continuaient dimanche 13 mars, à avancer vers l’Est le long de la côte libyenne, repoussant les rebelles, à coups de bombes, roquettes et mortiers.

 

Les troupes loyalistes se trouvent désormais à 240 kilomètres de Benghazi, fief de l’insurrection. « Les groupes terroristes fuient sous raids. Nous avons libéré Zawiyah, Al-Uqayla, Ras Lanouf, Brega, et l’armée marche pour purger le reste des régions », a déclaré un porte-parole de l’armée lybienne, le colonel Milad Hussein. Les ports pétroliers libyens ont été sécurisés après la fin des « actes de sabotages », a rapporté dimanche la télévision publique, qui appelle à la reprise du travail. Elle a invité en outre les compagnies pétrolières à rependre leurs activités de chargement dans ses terminaux.

Après la chute de Zaouiah, mercredi, les villes aux mains des insurgés tombent les unes après les autres. Après Al-Uqaila sur la route côtière, c’est la localité d’al-Bicher plus à l’est qui est désormais sous contrôle des loyalistes qui bombardaient aussi Brega, à quelque 240 km de Benghazi, quartier général du Conseil national de transition regroupant l’opposition. Les insurgés qui étaient postés aux portes de Brega ont pris la fuite à bord de véhicules en direction de la ville d’Ajdabiya, sur la route côtière.

Dans la ville voisine d’Ajdabiah, les insurgés semblent démoralisés. « Dans une demi-heure, peut-être, leurs roquettes peuvent nous tomber dessus », se lamente un combattant rebelle, Massoud Bouissir, à l’entrée ouest de la ville. « Le soulèvement, c’est fini… », dit un autre, Nabil Tidjouri, qui a perdu son fusil-mitrailleur dans les combats. « Hier ils étaient à Ras Lanouf, aujourd’hui ils sont à Brega, après-demain ils seront à Benghazi. »

TÉLÉPHONES PORTABLES COUPÉS À BENGHAZI

Un officier rebelle ne cache pas sa colère. « Tout part dans tous les sens ! Il n’y a personne aux commandes, tout cela me rend fou », dit-il. « Le peuple libyen a besoin d’aide. Nous sommes en danger. Tout l’est du pays est en danger », affirme Abdel Hadi Omar, un volontaire d’Ajdabiah. « Le peuple ne peut pas affronter les armes de Kadhafi. Nous avons du monde mais pas de moyens. » De nombreux habitants de Brega ont fui la ville à l’annonce de la progression des forces gouvernementales.

Dans les faubourgs, des groupes rebelles avaient tenté d’organiser la résistance autour des terminaux pétroliers, dans cette zone désertique propice aux interventions de l’aviation contre tout regroupement suspect. Peu de forces rebelles étaient visibles sur la route côtière qui mène à Benghazi, capitale de la rétive Cyrénaïque, deuxième ville du pays et fief des insurgés. Dans la boutique d’un coiffeur de Brega, une affiche célébrant le soulèvement contre Kadhafi a été vite remplacée par un poster représentant le « Guide ».

 

Par ailleurs, toutes les communications des téléphones portables étaient coupées dimanche à Benghazi, le fief de l’insurrection.

LA LIGUE ARABE FAVORABLE A UNE ZONE D’EXCLUSION

Les ministres des affaires étrangères et représentants des membres de la Ligue arabe ont appelé, samedi 12 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, estimant que le régime de Mouammar Kadhafi avait « perdu sa légitimité » du fait des « violations dangereuses » commises contre son peuple. Des diplomates avaient indiqué auparavant à l’AFP que les ministres algériens et syriens avaient exprimé leurs réserves concernant la zone d’exclusion aérienne.

La Ligue arabe a également affirmé son soutien à des contacts avec le Conseil national de transition regroupant l’opposition libyenne. Les ministres arabes ont « décidé de coopérer et de communiquer avec le Conseil national de transition libyen et d’assurer un soutien immédiat et continu au peuple libyen (…) face aux dangereuses violations et aux crimes des autorités libyennes, lui faisant perdre leur légitimité », affirme le communiqué.

Vendredi, l’Union européenne et les Etats-Unis avaient insisté sur la possibilité d’utiliser « toutes les options » contre le régime de Mouammar Kadhafi. Mais les 27 pays de l’UE ont souligné que toute intervention était conditionnée à « une nécessité démontrée, une base juridique claire et le soutien de la région ».

Source  :  AFP, Reuters et Le Monde le 13/03/2011

Un G8 à Paris sur la zone d’exclusion aérienne

La France accueille, lundi et mardi à Paris, une réunion des ministres des affaires étrangères du G8, qu’elle va presser d’accepter l’établissement rapide une zone d’exclusion aérienne en Libye, face à progression des troupes loyales à Mouammar Kadhafi. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a salué dimanche l’appel de la Ligue arabe à instaurer une telle interdiction de survol. « Afin de remplir ces objectifs, la France va accélérer, au cours des prochaines heures, ses efforts, en concertation avec ses partenaires de l’UE, de la Ligue des Etats arabes, du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil national libyen de transition », a-t-il assuré, précisant que la question serait au coeur des débats du G8 à Paris. A l’exception de la Chine, les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU seront tous présents à Paris, ainsi que l’Italie, ancienne puissance coloniale en Libye et acteur clé de la crise, l’Allemagne, le Canada et le Japon. Pour la France, la nécessité d’une action urgente contre le colonel Kadhafi est d’autant plus grande qu’elle est le seul pays à avoir formellement reconnu le Conseil national de Transition, instance représentative de la rébellion, installé à Benghazi.

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