Mauritanie/France:Où en sont les relations ?

Le dernier remaniement ministériel en France, bien que provoqué par des considérations purement internes, risque de produire un grand changement dans la politique étrangère de Paris.

 

 

L’arrivée d’un poids lourd au Quai d’Orsay, Alain Juppé, et le démantèlement de la cellule de l’Elysée qui a fait main basse sur la diplomatie depuis l’élection de Sarkozy provoqueront certainement des bouleversements dans la diplomatie française.

Des observateurs à Nouakchott commencent à s’interroger sur les répercussions que peut avoir un tel changement sur les rapports entre la France et la Mauritanie…
La proximité entre une certaine France et Aziz ne faisaient aucun doute chez beaucoup de mauritaniens. Ici, on estime que l’arrivée de l’ancien général au pouvoir a été ‘’planifiée, exécutée et accompagnée’’ par l’ancienne puissance coloniale. Celle-ci estimant le président élu, Ould Cheikh Abdellahi, très faible pour faire face au défi terroriste, surtout après l’assassinat des touristes français, la veille de Noël 2007 dans les environs d’Aleg. Une accusation qu’avait toujours niée l’ambassade de France à Nouakchott, sans vraiment réussir à convaincre les milieux de l’opposition à Aziz qui croient dur comme fer que Paris maintient le régime de Aziz à bout de bras pour ‘’lui exécuter sa politique dans la région sahélo-saharienne’’.  Toutefois certains observateurs expliquent que la vision que la France fait de la Mauritanie n’est pas dictée par une stratégie conçue et bien pensée de l’ancienne puissance vis-à-vis d’une ancienne colonie, mais elle est plutôt le résultat du travail de certains lobbyistes qui travaillent pour leurs propres comptes contre partie d’avantages inavoués et inavouables que leur accorde le régime du président Aziz, directement ou à travers des milieux d’affaires qui le soutiennent. Qui sont ces derniers ?
Il s’agit de la fameuse France Afrique. Un mélange de raison d’Etat de copinage et d’intérêts personnels qui caractérise les rapports de Paris avec ses anciennes colonies africaines. Ce ‘’machin’’ concevait et exécutait donc la politique française, bonne ou mauvaise, en Afrique. Depuis l’arrivée du président Sarkozy au pouvoir, cette mission d’ombre décriée par tout le monde est supervisée par le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Contrairement à ses prédécesseurs, l’ex homme fort de l’Elysée agissait au grand jour et parlait même publiquement dans la presse. Et avait deux hommes de main, hors de l’appareil gouvernemental, le député Balkani et l’avocat franco-sénégalais Robert Bourgi. Avec eux, on cite le conseiller diplomatique du président. Cette cellule élyséenne contrôlait la diplomatie française au temps de Kouchner. Il semble que l’actuel ministre des affaires étrangères avait exigé le démantèlement pour accepter de venir au Quai d’Orsay. Ainsi, le secrétaire général est nommé ministre de l’intérieur et le conseiller diplomatique est à la veille de la retraite et avait lui aussi fêtait la fin de l’année en Libye. Une destination très peu appréciée des opinions occidentales par les temps qui courent. Alors, quel effet peut avoir ce changement sur les rapports entre le pouvoir en Mauritanie et le gouvernement français ?
Il est tôt pour répondre à une telle question, mais rien ne permet de conclure à une possible évolution de la position française à l’égard de Nouakchott. Il est vrai que le pouvoir de Aziz avait une grande proximité avec la cellule de l’Elysée. La deuxième personnalité du HCE (Haut conseil d’Etat, ce comité militaire qui avait déposé le président Sidi) était fréquemment reçu par le SG de l’Elysée pendant la période d’embargo et que ce dernier avait même rencontré à Paris le président Aziz à la veille de l’élection présidentielle. Bien avant cela et au lendemain du putsch perpétré contre Sidi, des personnalités, agissant pour le compte de Aziz, avaient été introduites par l’avocat Bourgi chez Guéant, dans son bureau à l’Elysée. Il est incontestable que Aziz a perdu des ‘’contacts’’ précieux en France, mais il n’a pas tout perdu.

Il peut en effet continuer de compter sur ses contacts au sein de l’appareil militaire français. Il a des ‘’amis’’ qui occupent toujours de bonnes places. En plus de cela, il n’y a rien de nouveau qui puisse assombrir les relations du pouvoir mauritanien avec la France. Alors, il peut dormir sur ses lauriers et compter sur ses amis… rien ou presque n’a changé!

Source  :  Biladi le 10/03/2011

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