Nouvelobs.com publie à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars, l’appel des « Musulmans citoyens pour les droits des femmes » qui réunit 80 personnalités, imams, musulmans ou athées de culture musulmane.
Les signataires manifestent leur engagement contre « toutes les discriminations » envers les femmes et contre « toutes les formes de violence faites aux femmes », dont l’excision, qui n’est « en rien une prescription religieuse ». Ils soutiennent en revanche le divorce et la contraception.
En écho au débat voulu par Nicolas Sarkozy sur l’islam, ils observent que « le sexisme n’est pas le propre de certaines populations et que les quartiers populaires n’en ont pas l’exclusivité, contrairement à ce qu’affirment bien des discours ambiants qui se complaisent à enfermer les hommes musulmans dans des caricatures machistes, et à désigner les musulmanes comme victimes exclusives de ces comportements. »
Cet appel organisé par Respect Magazine, en partenariat avec le site d’informations Saphirnews, compte parmi ses signataires des élus de la République, des figures de l’islam de France, dont Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), le grand imam de Bordeaux Tareq Obrou, le recteur de la Mosquée de Lyon Kamel Kebtane, l’intellectuel Tariq Ramadan, mais aussi des personnalités du monde de la culture comme le réalisateur Karim Miské et le rappeur et écrivain Abd Al Malik, ou encore l’ancien champion olympique de judo Djamel Bouras.
Source : Le Nouvel Observateur le 07/03/2011
Texte de la pétition :
Depuis le début du XXème siècle, le 8 mars est dédié à la progression des droits des femmes et de la notion d’égalité.
Ce 8 mars 2011, depuis la France, des citoyens de foi, de culture ou d’héritage islamique contribuent à ce combat citoyen pour l’égalité et contre le sexisme. Nous considérons que ce combat concerne toute la société et que, dans un même élan, toutes ses composantes et spécificités doivent se mobiliser.
Nous affirmons, haut et fort, que rien dans notre croyance, notre pratique ou notre héritage islamique ne justifie que l’on discrimine quelqu’un en raison de son genre.
Nous condamnons ainsi toutes les discriminations, notamment à l’emploi et aux salaires, dont les femmes sont victimes. Nous dénonçons toutes les formes de violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques ou morales. Des violences qui touchent tous milieux sociaux et culturels.
Nous considérons que l’égal accès à toutes les formes du savoir est une des conditions premières de l’égalité. Toute remise en cause est inacceptable.
Nous déclarons que personne n’a le monopole des luttes pour les droits des femmes qui concernent chacune et chacun.
Nous observons que le sexisme n’est pas le propre de certaines populations et que les quartiers populaires n’en ont pas l’exclusivité, contrairement à ce qu’affirment bien des discours ambiants qui se complaisent à enfermer les hommes musulmans dans des caricatures machistes, et à désigner les musulmanes comme victimes exclusives de ces comportements.
Définitivement, nous voulons sortir de ce paradigme et de ces logiques de confrontations.
Nous affirmons ici que le divorce comme la contraception sont des droits. De même que le choix de son conjoint. Et plus généralement, nous déclarons que les choix de vie individuels doivent être respectés.
Nous dénonçons les amalgames qui, par méconnaissance ou par instrumentalisation, sont faits entre certaines traditions et notre héritage islamique. Nous condamnons avec vigueur la pratique de l’excision qui n’est, en rien, une prescription religieuse et appelons à la combattre.
Nous affirmons l’égalité et l’égale dignité de tous les êtres humains, quels que soient leur sexe, leurs origines, leur religion ou leur mode de vie. C’est l’esprit qui nous anime.
Source : respectmag.com le 07/03/2011