pour tout groupe bancaire tenace à être propre et en bonne et due forme avec le fisc.
Des griefs dont les auteurs ne découragent pas, revenant régulièrement à l’assaut pour dénoncer des présumées irrégularités et manquements flagrants à la sacro-sainte légalité dans les milieux des affaires, et donc passibles de poursuites judiciaires.
Aujourd’hui, ces accusations, que les autorités habilitées doivent prendre au sérieux, pour du moins éclairer l’opinion sur le degré de leur véracité ou non refont surface. Bien davantage, elles sont accompagnées d’interrogations, comme celles se demandant si, à l’instar de séjours carcéraux vécus par les hommes d’affaires Ould Noueiguid, Abdou Maham et Chriv Ould Abdallahi et l’emprisonnement toujours en vigueur de l’ex patron des Procapec Ould Khattri, le pouvoir est réellement capable de mettre son cher allié en taule, au cas où ces soi-disant déclarations imposables s’avèrent disproportionnées et largement inférieures aux chiffres d’affaires transmis à la Banque centrale de Mauritanie.
Jusqu’à preuve du contraire, Mohamed Ould Bouamatou reste blanc sur neige et un homme profondément versé dans le mécénat, grâce notamment à l’action humanitaire de sa fondation de lutte contre la cécité dont les échos de générosité et de réussite sont reconnus par beaucoup de citoyens.
Mais cela est-il suffisant pour infirmer les présumées affaires louches dont l’argentier est accusé par des parties, déterminées à aller jusqu’au bout pour le plier aux mêmes calvaires judiciaires voire carcéraux dont ils ont fait l’objet sous le régime du président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ce qui complique trop cette situation et lui confère des relents de culpabilité et de partialité, c’est que le milliardaire détenteur de la Gbm est l’un des principaux alliés du chef de l’Etat dont l’empire financier a considérablement servi à l’élection de Ould Abdel Aziz au premier tour de l’élection présidentielle de juillet 2009.
Mais, la réalité, n’a-t-elle pas souvent montré que Ould Abdel Aziz n’a pas d’amis, quand il s’agit d’abus portés à l’endroit de la chose publique ? L’ex commissaire aux droits de l’homme Ould Dadde, ne croupit-il en prison sans que son statut de soldat de la république et de soutien de première heure de Ould Abdel puisse lui être d’un quelconque secours pour l’extraire de la prison ?
Logiquement, Bouamatou n’est pas au dessus de la loi et n’est point à l’abri des mêmes tristes sorts réservés par le régime de Ould Abdel Aziz aux hommes d’affaires, qui s’avèrent complices de crimes financiers ou économiques graves commis à l’endroit de l’Etat, même si ces délits remontent à des périodes a antérieures où les systèmes politiques existants érigeaient en règle ces pratiques ayant mis en sangsue les richesses nationales et permis le bradage de l’immense potentiel économique national.
Faut-il encore attendre pour que les faits incriminés à Bouamatou soient authentifiés pour sceller la rupture entre Ould Abdel Aziz et l’argentier, qui vient aussi de faire l’objet d’une unième implication dans des affaires compromettantes liées au fisc.
Selon des documents récemment révélés, mais toujours contestables tant que leur authenticité n’a pas été confirmée par des sources habilitées notamment judiciaires, plusieurs banques mauritaniennes dont la Gbm de Bouamatou sont accusées d’implication dans des opérations de fausses déclarations fiscales ayant coûté au trésor public une perte estimée à 4,25 milliards d’um.
Selon ces documents confidentiels, les informations régulièrement données par Ould Bouamatou à la direction générale des impôts montrent un Chiffre d’affaires de 523.232.095 ouguiyas seulement alors que les CA réunis pour les sociétés de la Somelec et de la Somagaz sont chiffrées à 579.469.012 Um. La comparaison fait déjà sourciller car il est inadmissible que de petites entreprises réalisent le même chiffre d’affaires qu’une banque jouissant d’un cadre politique et financier largement favorable, lui permettant de rivaliser avec la banque d’émission et par conséquent de dégager des bilans annuels de plusieurs milliards d’UM.
Les banques et la fraude fiscale selon l’administration
Dans une note adressée en juillet 2008 par l’IGE via la cellule juridique de la présidence au président de la république, portant objet « impôts et taxes bancaires », accompagné d’un dossier d’illustration, sont signalés des cas de soupçons et de manœuvres frauduleuses dans les déclarations fiscales de certaines banques, qui selon la même lettre, s’ils s’avèrent réels causeraient « un manque à gagner au trésor public de plusieurs millions d’ouguiyas ». La note souligne que cette perte concernerait les taxes sur prestations de service (TPS) collectés auprès des clients et non reversées au trésor, indiquant que compte tenu de la gravité de ces soupçons, il est suggéré la saisine du Premier ministre du ministère des finances (directions des impôts), qui en « relation avec la BCM diligentera une enquête rapide sur ces questions soulevées et éventuellement ordonner le redressement nécessaire ». Le document poursuit en précisant que « cette situation concerne toutes les banques » à l’exception de la Bamis et de Chinguitty Bank, citant comme exemple la Gbm pour, signale-il, montrer l’ampleur du phénomène. Selon l dite note la Gbm a minimisé son CA en 2006 et par conséquent l’IMF et l’IBIC déclaré, indiquant de nouveau que la déclaration présentée par cette banque pour l’exercice 2006 montre un total TPS collectée auprès de toute la clientèle de 69.705.538 um au moment où la somme collectée uniquement auprès de la Somagaz et la Somelec se chiffre à 96.877.400 um. Pour l’année 2007, la lette souligne que la TPS déclarée s’élève à 68.132.084 um contre 218.912.442 um effectivement collectés auprès de ces mêmes entreprises.
Amadou Diaara
Source : Le Rénovateur le 07/03/2011